Andréa BALMA, Initiatrice d’Ecole En Direct : « Il faut se méfier de l’apparent agréable d’Internet »

Directrice Générale d’une agence de communication, professeur de communication visuelle, infographe, Andréa BALMA à plus d’une corde à son arc. Ayant ressenti la fibre artistique à son adolescence, cette passionnée des Technologies de l’Information et de la Communication(TIC) ne cesse de concevoir des projets afin d’offrir des services de plus en plus attractifs et adaptés aux besoins du grand public. C’est dans cet esprit que s’inscrit le projet P.R.E.D.I.R (Projet Ecole En Direct). Son objectif général est de permettre aux élèves, aux étudiants, aux professionnels et à tous ceux qui sont intéressés d’acquérir des connaissances variées et à travers le monde, en un clic de souri. C’est une démarche qui vient en appoint à la dynamique d’intégration des TIC dans l’enseignement au Burkina Faso. Dans cette interview, Andréa BALMA nous donne d’avantages de précisions sur les contours de son projet et nous partage son appréciation de la Semaine Nationale de l’Internet(SNI) dont la 6è édition se déroule du 11 au 19 juin 2010 sur le thème « TIC et Commerce ».

Lefaso.net : Vous avez toujours été passionnée par l’art et la communication. Aujourd’hui, vous évoluez dans le domaine et vous imprimez votre marque. C’est un aboutissement plutôt heureux…

Andréa BALMA : Avant tout, je voudrais vous remercier pour cette opportunité que vous m’offrez. Au lycée, j’aimais dessiner. Les couvertures de mes cahiers étaient des œuvres d’art comme le disaient mes camarades de classe.

Je voulais créer des bandes dessinées, mais après l’obtention du Baccalauréat, je ne savais pas à l’époque dans quelle école je pourrais développer cette hobbie, ni dans quelle branche d’ailleurs je pourrais m’inscrire, aussi ai-je choisi la filière communication d’entreprise. J’ai travaillé donc dans ce domaine pendant quelques années, puis je me suis intéressée à la branche infographie qui cadrait vraiment avec mes desseins d’artiste dessinateur. Ce métier permet de donner un effet attractif à tout visuel (affiches, catalogues, journaux, etc.). C’est la branche visuelle de la communication appelée plus précisément communication visuelle. Lorsque vous choisissez une boîte de biscuits par rapport à une autre dans un magasin ce n’est pas un hasard mais un choix guidé par le travail attractif d’une bonne communication visuelle.

Vous êtes initiatrice du projet Ecole en direct. Dites- nous comment est née l’idée et qu’est ce qui se cache exactement derrière l’appellation « Ecole en direct » ?

Les Technologies de l’Information et de la Communication s’invitent de nos jours dans chaque métier, chaque branche de la société. Il est difficile, voire impossible de s’en passer. Nous avons mis en œuvre ce projet Ecole en Direct afin de juguler plusieurs problèmes. A titre illustratif, la durée de recherche de cours, d’informations sur internet est longue, assez coûteuse et il est difficile de trouver des cours typiques de nos écoles. Les livres et autres supports pédagogiques destinés à l’appui des étudiants ne sont pas à la portée de tous.

Nous avons aussi constaté que contacter un professeur pour des explications après les cours ou au moment des examens est souvent compliqué. Il est difficile pour les professionnels qui suivent les cours du soir de se remettre à niveau lorsqu’ils reviennent de mission. En ce qui concerne les étudiants, beaucoup, parmi les nouveaux sont un peu perdus lorsqu’ils commencent le cycle supérieur. Ce n’est plus le même rythme de travail, le même nombre de matières. Tout est nouveau, et il faut pouvoir les conseiller. Ils sont également confrontés à la méconnaissance des filières et à d’autres difficultés dans le choix de la filière de formation qui convient à leur profil. Même s’ils arrivent à franchir les différentes étapes, à la fin de leur cursus, l’élaboration des rapports de stage, des études de cas, ou des mémoires … est vécue par beaucoup d’entre eux comme un véritable casse-tête chinois du fait de la non maitrise de la méthodologie.

« Ecole en Direct » est juste un terme utilisé afin de montrer qu’il s’agit d’un projet de soutien éducatif, mais cela ne signifie pas que c’est une école. Nous n’avons pas la vocation d’ « école » pour le moment. Nous sommes juste une solution en ligne pour les problèmes qu’un étudiant rencontrerait pendant l’année scolaire, pour un « sans emploi » qui ne voudrait pas perdre ses connaissances et être toujours à jour pour les entretiens d’embauche, pour un professionnel qui voudrait une information rapide pour l’élaboration d’une tâche au service, pour tous ceux qui seraient à la recherche d’informations sur le net et qui seraient perdus dans leur recherche sur les moteurs comme Google, Altavista…, pour tous ceux qui seraient à la recherche de connaissances.

Quels sont les objectifs que vous poursuivez et que proposez-vous concrètement aux élèves et étudiants ?

Notre démarche consiste à appuyer les écoles supérieures, à aider et à faciliter les recherches des étudiants. Nous travaillons également à permettre aux étudiants d’acquérir, d’échanger et de partager leurs connaissances avec des étudiants résidants au Burkina et à l’extérieur. Ecole en Direct permet en outre de favoriser les discussions et l’approfondissement du savoir des étudiants en les mettant en contact avec des professeurs de n’importe quelle matière et de n’importe quel pays. Concrètement, nous proposons aux étudiants un cadre d’échange et de discussion. Ils peuvent envoyer tout comme télécharger des cours, exercices, rapports de stage, mémoires sur le site.

Ils peuvent aussi échanger avec des étudiants de la même filière qu’eux et de même pays ou de pays différents. Ils peuvent contacter des professeurs du projet afin d’exposer leur problème et trouver une solution qui leur sera donnée chaque jeudi. S’ils rencontrent des difficultés dans leur recherche en ligne, il suffit de nous contacter sur Yahoo Messenger afin que nous leur donnions des conseils de recherche, ou des liens utiles. Beaucoup d’autres avantages sont offerts aux étudiants mais nous nous arrêterons là et nous les invitons à s’inscrire afin d’en bénéficier.

Justement, comment peut-on bénéficier des prestations d’Ecole en direct ?

Il suffit de se connecter sur www.ecolendirect.com et de s’inscrire. L’inscription est rapide, gratuite et donne accès aux services que nous avons évoqués.

Comment se passe la collaboration entre Ecole en direct et les Universités et Grandes Ecoles ? L’engouement est-il au rendez-vous ?

Le projet P.R.E.D.I.R (Projet Ecole En Direct), est déjà en collaboration avec des Ecoles Supérieures de la place comme, L’IIM, le CEFIG, HETEC, ISPP, L’ESUP… C’est dire que l’engouement y est. Nous venons en appui aux écoles. Nous ne sommes pas des concurrents et nous mettons tout en œuvre pour la réussite des étudiants.

Vous militez pour une plus grande intégration des TIC dans l’enseignement et la formation de façon générale. L’accès à Internet demeure pourtant un luxe dans de nombreuses contrées du Burkina Faso. Certaines écoles n’ont même pas d’ordinateur a fortiori une connexion Internet. A votre avis, qu’est-ce qui pourrait être fait par l’Etat pour accompagner les initiatives comme la vôtre ?

Nous militons en effet pour l’intégration des TIC dans l’enseignement et nous savons qu’Internet demeure un luxe pour de nombreuses personnes. La Mairie a déjà mis à la disposition des jeunes des cybers pour les aider dans la ville de Ouagadougou. Internet est accessible sur les cellulaires, les cash phones, et il ya une loi permettant d’exonérer l’importation des ordinateurs à titre éducatif pour les établissements scolaires. L’ISIG a déjà doté ses étudiants d’ordinateurs. C’est dire donc qu’il ya un progrès visible dans l’extension et l’accès à la connexion. Ces actions sont louables mais il ya toujours de grands défis à relever. En effet, les professionnels qui sont en cours du soir ont de réelles difficultés à recevoir leurs cours dans certaines régions du Burkina, par insuffisance de cyber café, faiblesse du débit, ou encore absence d’électrification. Nous souhaiterions que L’Etat, par le processus de décentralisation, facilite la création de cybers municipaux dans les provinces afin de nous permettre d’aider également les jeunes des autres villes du Burkina.

Internet, on le sait, n’a pas que des côtés positifs. Du reste, de nombreuses personnes, n’hésitent pas à aller sur des sites peu orthodoxes. Du fait du développement de la cybercriminalité, d’autres sont victimes de toutes sortes d’attaques ou d’arnaques. La formation à l’usage d’Internet et des autres TIC est donc aussi un grand challenge qui se présente à vous… Oui, c’est un constat malheureux. Une personnalité africaine, lors de son discours de remise d’attestation de formation à une Association de femmes leur a conseillé d’utiliser Internet à bon escient et non pour rechercher des maris. Nos efforts se concentrent sur l’utilité d’Internet. Nous invitons donc les internautes à se former à l’utile et à éviter « l’agréable apparent du net » qui se révèle dangereux pour notre ordinateur (attaque de virus, détournements d’informations…) et même pour notre vie (Arnaque financière…). Les différents pays doivent également harmoniser leur législation et adopter des stratégies conséquentes pour amoindrir les effets de la cybercriminalité qui est une très sérieuse menace pour la sécurité des biens et des personnes aujourd’hui.

Qu’en est-il de la protection des données à caractère personnel sur la plateforme Ecole en direct ? Aujourd’hui, le réseau social Facebook est critiqué par certains milieux, de divulguer les informations de ses usagers sans le consentement de ceux-ci. Toutes les dispositions sont-elles prises pour que les utilisateurs des ressources d’Ecole en direct puissent travailler en toute sérénité ?

Nous ne divulguons aucune donnée de nos membres, d’ailleurs ils s’inscrivent sous un pseudo. C’est dire que ni leur nom, ni leur adresse ne sont divulgués aux autres membres.

La 6è édition de la SNI a lieu du 11 au 19 juin 2010 sur le thème « TIC et commerce ». Que pensez-vous d’une manifestation comme la SNI et que vous inspire le thème de cette année ?

La SNI œuvre à l’évolution des TIC et c’est une très bonne initiative que de former et de récompenser les acteurs du secteur. Cela montre encore à quel point des actions sont entreprises afin de faire progresser l’intégration des TIC dans notre pays. Le thème « TIC et Commerce » est pertinent car il incite les commerçants, les personnes morales ou physiques à faire connaître leur produits et services sur la toile et à obtenir des partenariats extérieurs, augmenter leur commandes et leurs chiffres d’affaires. Il incite également les banques à sensibiliser leurs clients à s’investir dans le paiement en ligne. Ce thème résonne en outre comme une invite aux professionnels de l’informatique afin qu’ils se penchent sur la sécurisation du paiement en ligne et la sensibilisation sur son utilisation, car beaucoup en ont peur.

Nous sommes en pleine période d’examens. A votre avis, comment les jeunes peuvent-ils concilier méthodes traditionnelles d’apprentissages et exploitation des ressources Internet pour réussir dans leurs études ? Internet est un réservoir immense d’informations. Les jeunes doivent s’en servir pour rechercher des informations utiles, tout comme lorsqu’ils se rendent à une bibliothèque.

- Visiter le site d’école en direct : www.ecolendirect.com

Interview réalisée par Arsène Flavien BATIONO (bationoflavien@yahoo.fr) Lefaso.net

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