France-Irlande, Algérie-Egypte: balle à terre!

Jeudi, 19 Novembre 2009 20:13 Morin Yamongbé

Le football, ce n’est plus un simple jeu où durant 90 minutes, 22 bonhommes, sous la surveillance d’un homme en noir, s’époumonent pour donner du plaisir à un public heureux d’applaudir des actions et des buts sur le terrain. Le football, ce ne sont plus ces matchs ouverts, où le beau jeu est avant tout l’objectif recherché par des joueurs qui, adversaires comme partenaires, se jettent dans les bras les uns des autres pour se congratuler à la fin de la partie. Dans le football, les petites fautes de main et autres trucs pour tromper la vigilance de l’adversaire et des arbitres ne font plus partie du jeu.

Au football, la défaite est désormais considérée comme une faute lourde passible parfois de la peine de mort ou au mieux, des pires représailles contre des joueurs ou des dirigeants. Des passionnés amers, s’en prennent même aux familles et aux biens de joueurs, dont la seule faute est d’avoir perdu un match. En clair, les différents enjeux qui sont nés de l’industrialisation et de la politisation du football, ont tué le jeu. Et ce ne sont pas les derniers matchs de barrages ou d’appui pour le Mondial de football que l’Afrique du sud accueillera du 11 juin au 11juillet 2010 qui nous démentiront.

Alors que les frères arabes algériens et égyptiens s’étripent dans les rues du Caire et de Khartoum, où l’Algérie a obtenu le dernier ticket qualificatif de l’Afrique pour la coupe du monde sud-africaine, ce sont leurs dirigeants qui se lancent dans une guerre de rappel d’ambassadeurs. C’est simplement la crise diplomatique. Sous d’autres cieux, ce sont des Irlandais plus…verts que jamais de colère, leur Premier ministre en tête, qui exigent que le match qu’ils ont perdu contre la France soit simplement rejoué, pour le motif avéré que le but égalisateur qui qualifie les Bleus pour l’Afrique du sud, est intervenu sur une faute de main de Thierry Henri, acte d’anti-jeu qui a malheureusement échappé aux arbitres.

Pour ne rien arranger, des députés français sont eux aussi montés au créneau pour demander que la rencontre France-Eire soit rejouée. Pourtant, Maradona a bien marqué de la main le 22 juin 1986, privant l’Angleterre d’une demi-finale de coupe du monde! Contrairement à celui de Henri, le geste du «pibe de Oro», avait simplement été considéré comme un coup de génie. Mais de nos jours, du rectangle vert, les matchs de football se jouent maintenant dans les palais présidentiels, les conseils des ministres, les hémicycles et les représentations diplomatiques. Certes le coq français pourrait difficilement dresser sa crête pour chanter le cocorico de la victoire, à cause de cette «main de la grenouille», comme la qualifie les Irlandais, mais cela fait, ou alors faisait, partie du jeu. On ne peut que dire à tout ce beau monde de va-t-en guerre algériens et égyptiens, français et irlandais, de «mettre balle à terre» afin de redonner au football son sens premier de «ballon qui se joue avec le pied».

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