FIMA

Un véritable podium de promotion de la mode africaine

Sous la Révolution d’Août 83, le Président Thomas Sankara, convaincu qu’on ne pouvait se développer qu’en comptant sur nos propres ressources, avait imposé le port du faso dan fani (tissu local fait de bandes de cotonnade). L’idéal était noble même s’il y avait à redire sur la manière. Le célèbre couturier Pathé’O ne disait pas autre chose lorsqu’il déclarait lors d’une interview accordée à notre confrère Zakaria yéyé de Sidwaya le 12 août 2004 ceci: " Ce combat que je mène est que l’Afrique consomme l’Afrique parce que personne ne viendra développer l’Afrique à notre place. Notre richesse est à nos pieds : nous sommes les meilleurs producteurs de coton. Je suis le premier couturier africain à avoir des points de vente dans une quinzaine de pays africains : Ouagadougou, Yamoussoukro, Bamako, Douala, Yaoundé, Kinshasa, Brazzaville, Libreville, Dakar, Luanda. Jusqu’aux Antilles, j’ai des points de vente. Au lieu de faire des boutiques, j’aurai pu peut-être m’acheter de belles maisons et de belles voitures. Mais mon objectif a été d’investir sur les points de vente des boutiques Pathé’O. " En effet, le Burkina Faso et d’autres pays africains font partie des premiers producteurs mondiaux du coton. Malheureusement, "l’or blanc" ne donne pas toujours le sourire aux producteurs. Non seulement sa transformation et sa consommation locale sont faibles, mais en plus, sa commercialisation externe subit les lois d’un marché qui se fout éperdument de la misère des pauvres paysans. C’est pourquoi, depuis toujours avec leurs moyens de bord, des femmes et des hommes se battent pour inscrire le coton africain à la place qu’il faut. Sont de ceux-là les couturiers africains que sont Pathé’O, Alphadi, Gérard et les autres. De façon concrète, ils essayent de montrer au monde entier que le tissu 100% africain est beau et peut servir à confectionner de beaux vêtements. Lors de l’édition 2009 du Salon international du Tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou placé sous le parrainage de pathé’O, le célèbre couturier africain Alphadi avait décliné ses ambition en termes de vouloir "décomplexer la mode africaine" et de porter "le vêtement africain sur les grandes scènes de la mode universelle" Pour cela, il a créée depuis 1998 le Festival International de la Mode Africaine (FIMA) avec pour objectifs "de promouvoir la Mode Africaine au niveau international ; donner une image positive à la mode Africaine ; encourager la Mode Africaine dans toutes ses formes ; donner une reconnaissance de la Mode Africaine". Seidnaly Sidhamed dit Alphadi est né en 1957 à Tombouctou au Mali, issu d’une grande famille du Niger, il a fait une bonne partie de sa scolarité au Togo. C’est cette africanité qui déteint sur ses créations. Alliance de l’eau et du sable, couleurs vives d’une Afrique qui bouge, le style Alphadi bouscule les traditions et crée la Tradition dans le sens dynamique du terme. L’édition 2009 du FIMA qui s’est déroulée du 25 octobre au 1er novembre sur les bords du fleuve Niger à Niamey avait pour thème : "Métissage culturel". Ce thème a été matérialisé à travers l’organisation de la Grande nuit de la "Rencontre des Cultures", au cours de laquelle produits artistiques et culturels ont été présentés par des artistes traditionnels, modernes du Niger et d’ailleurs. En plus de Pathé’O qui fait partie du comité d’organisation, le Burkina Faso a fait sensation à ce 7ème FIMA avec la présence très réussie de Bazem’se dont les créations ont émerveillé le public. Entre expos ventes, rencontres échanges et colloques, le FIMA a atteint ses objectifs que le Couturier Alphadi déclinait en ces termes : "La mission de cette édition, c’est beaucoup de créativité pour le continent africain, et surtout la rencontre de l’Occident et de l’Afrique et que les Africains puissent se prendre en charge, comprendre que par la créativité, par l’art et par la mode, on peut se battre contre la pauvreté, on peut lutter et donner à l’Afrique, une dignité et un visage humain." Avec en sus le lancement de la construction de la future École Supérieure de la Mode et des Arts, la mode africaine peut voir le sourire de l’adulte qui avance.

Par Ludovic O Kibora

Les chercheurs du site de Loropéni honorés

Le décret n° 97-255/PRES/GC du 23 mai 1997, portant institution, organisation et fonctionnement des Ordres burkinabè, stipule en son Article 2 que "L’Ordre National est destiné à récompenser le mérite personnel et les services éminents, civils ou militaires rendus à la Nation" et l’article 3 de poursuivre : "L’Ordre du Mérite burkinabè récompense toute personne qui se serait distinguée par son dévouement, sa valeur professionnelle, la durée et la qualité de ses services". Quant aux Ordres spécifiques, ils sont destinés selon l’article 4 "à récompenser les personnes physiques ou morales qui dans l’exercice de fonctions publiques ou privées, se seraient distinguées dans un domaine spécifique de l’activité nationale. Ils sont créés et organisés par Décret Présidentiel." Avec la multiplicité de ces Ordres, ces dernières années au Burkina Faso, les décorations ne sont plus attribuées aux comptes gouttes. Cela n’est pas sans faire jaser de nombreuses personnes selon lesquelles on mélange assez souvent le bon grain et l’ivraie, pour ne pas dire qu’on "dévalorise la chose", selon une expression populaire. S’il y a des manquements, ce n’est sans doute pas du côté de la Grande Chancellerie encore moins du côté des récipiendaires, mais peut-être de ceux-là qui, conscients des critères édictées, font des "propositions motivées" qui donnent lieu à des supputations diverses. Lesquelles supputations ne sont pas toujours sans fondement. Cependant, quoi que l’on dise, dans le lot de ceux qui ont la chance d’accrocher sur leur poitrine les médailles du Faso, il y en a de bien méritants. Pour certains, cela vient d’ailleurs un peu tard au vu de leur contribution inestimable au développement du pays. Décembre, c’est le mois des décorations par excellence fêtes nationales, fêtes de fin d’années, bonne période pour faire la fête. C’est donc ce mois que le ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication a choisi pour faire honneur aux travailleurs du public et du privé qui relèvent de sa tutelle. Certains avaient été triés sur le volet pour recevoir leur médaille le 9 décembre au Palais de Kosyam. Le Pr. Jean-Baptiste Kiethega, coordonnateur de l’équipe pluridisciplinaire de chercheurs, qui avait permis au Burkina Faso d’inscrire "les Ruines de Loropeni" au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO, a été fait à l’occasion officier de l’ordre du mérite. Rendez-vous a été donné au restant de la troupe dans l’après midi du 21 décembre 2009 dans l’enceinte du CENASA où 3 officiers et 30 chevaliers de l’ordre du mérite des Arts et de la Communication bénéficiaient de la reconnaissance de l’Etat. A la suite de leur coordonnateur, les Chef d’équipes de la mission de recherche sur Loropéni que sont les sieurs Guinko Sita, Koté Lancina, Mustapha Gomgnimbou ont vu accrocher sur leur poitrine la distinction de l’ordre du mérite des Arts et de la Communication avec agrafe Littérature orale et écrite. Hommage mérité de la nation à ses fils qui ont posé un acte historique. Baigné dans l’ambiance musicale savamment entretenue par l’orchestre national, le public a pu au cours de cette cérémonie accueillir avec satisfaction les reconnaissances attribuées dans la foulée à des hommes de média, réalisateurs de film (Abdoulaye Dao), artistes musiciens (Bamogo Jean Claude dit Man) et d’autres personnalités du monde de la culture, des arts du tourisme et de l’hôtellerie (Diallo du restaurant la Forêt). Comme on le sait, la médaille, même lorsqu’elle n’ajoute quelque chose dans la gamelle, ça fait chaud au cœur. Félicitations à tous !

Ludovic O. Kibora

31 décembre, une fête
qui vient de loin

Les phénomènes culturels évoluent à travers la mode et les formes d’emprunts divers. Ils parviennent ainsi à prendre souvent de fortes racines à milles lieux de leur source originelle. Le faste avec lequel l’humanité toute entière fête la fin de l’année selon le calendrier grégorien est à inclure dans cette dynamique. Chez les jeunes kasena de Kaya-Navio, Tiébélé, Pô et environs, le faa can dia qui est la cérémonie de réjouissance qui marque la fin des récoltes, malgré son importance rituelle, ne parvient pas à remplacer le traditionnel engouement avec lequel ils s’investissent dans le fameux 31 décembre. On comprend alors jusqu’où la colonisation romaine a pu aller. Aujourd’hui, avec le monde devenu un village planétaire, plus moyen d’échapper aux influences venues de loin, que l’on se terre aux pieds du Gobnangou ou sur le sommet du Tenakourou. Pourtant, dans le fond, nos fêtes coutumières qui marquent la fin de l’année agricole ne sont pas différentes de cette Saint Sylvestre qui ne fête pas forcement le Saint, mais le calendrier. En effet, selon Philippe Allard : " La fête du nouvel an elle-même trouve son origine à Rome. La nuit précédant le premier janvier, les Romains faisaient un long repas qui leur permettait d’attendre l’arrivée de la nouvelle année. Selon la tradition, plus le nombre de plats servis au cours de ce repas était grand, plus l’année serait prospère et abondante. Cette tradition a rayonné au rythme de la colonisation romaine." Sylvestre, 33e Pape, qui occupa le Saint siège pendant près de 22 ans (314-335) sous le règne de Constantin le Grand (306-337 a donc eu bien de la chance de mourir le 31 décembre 335. Voilà qu’il est de nos jours le Saint le plus fêté partout dans le monde, sans distinction d’âge, de race et de religion. Vous avez dit calendrier grégorien ? La folie festive est si forte qu’ici au Faso, nombreux sont les gus qui s’endettent pour pouvoir passer cette transition dans la joie et la ripaille. Le réveil de janvier est difficile. Ce n’est pas les accolades coup de tête qui font mal, il y a "la janviose". Cette maladie qui attaque les porte-monnaie les lendemains des fêtes de fin d’année a pris cette année une ampleur exceptionnelle, avec la succession des fêtes célébrées généralement avec tambour et trompette : Tabaski, fête nationale, Noël, St Sylvestre. Que dire des nombreux décorés qui ont reçu parents, amis et collègues autour d’un repas…Bonne Année à tous.

Ludovic O. Kibora

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BURKINABE DE L’ETRANGER : Ils ont été dribblés !

Les Burkinabè de l’étranger croyaient que cette année 2010, ils allaient enfin pouvoir exercer leur droit de vote. Ils y ont vraiment cru, dur comme fer ! Les Burkinabè résidant au pays aussi. Tout le monde y croyait, d’autant que tout le monde en parlait. Même l’Assemblée nationale. Celle-ci est même allée jusqu’à voter une loi là-dessus. Donc tout était plié. Et puis, patatras, tout dégringole.

Les Burkinabè de l’étranger peuvent repasser. Ça ne sera pas cette année 2010. Ils peuvent donc continuer à ronger leurs freins. Eh oui ! Ce n’est pas une blague, ce n’est pas un poisson d’avril. Avril est encore loin n’est-ce pas ? Ces Burkinabè de l’étranger ont été tout simplement dribblés et feintés. Mais comment est-ce possible ? Comment cela est-il arrivé ?

Des premières informations qui filtrent, on peut conclure que la responsabilité de la CENI, beaucoup plus que celle de l’Assemblée nationale, est engagée dans ce faux bond. En effet, la représentation nationale, avant de voter la loi sur le vote des Burkinabè de l’étranger, s’est d’abord adressée à la CENI, sans doute pour le principe de précaution, pour avoir l’avis formel et motivé de la Commission électorale nationale indépendante. C’est donc sur la base de cet avis que l’Assemblée nationale a voté la loi sur le vote des Burkinabè de l’étranger. En théorie, c’est la CENI donc qui doit battre sa coulpe pour ce faux bond.

Tout le monde avait commencé à pavoiser en se disant que ce vote de nos frères et sœurs vivant à l’étranger était un signe tangible et fort du progrès de notre démocratie, de notre avancée démocratique. Il y a en effet quelques années, l’idée même de ce vote était inacceptable. Ces toutes dernières années, l’idée avait fait du chemin et devait culminer en novembre 2010 dans le vote effectif des Burkinabè de la diaspo pouvant justifier d’un document d’identité. Dans la pratique, la CENI ne doit pas toute seule porter le chapeau car il était loisible aussi à l’Assemblée nationale d’étudier en profondeur l’avis de la Commission électorale nationale indépendante. Elle pouvait plus sérieusement étudier la faisabilité de ce vote. Elle devait notamment se poser des questions sur le montant du financement, le temps nécessaire à la mise en place d’un tel fonds pour un vote aussi imminent, la mise en place d’infrastructures à l’étranger, les lieux des bureaux de vote (dans les ambassades, consulats ou en ville), etc…

Il semble bien que pour ce vote, il fallait trouver la coquette somme de 20 milliards de nos francs. Tout de même, cela devait être prévu dans le budget national. Sinon, comment trouver ex nihilo, une telle cagnotte ? C’est à se demander si on avait pris le problème du vote de nos frères et sœurs de la diaspora au sérieux. On est bien fondé à se poser une telle question. Et d’abord, pourquoi jusque-là ce vote n’a jamais été effectif ? De quoi a-t-on peur ? De fait, est-ce que dans leur esprit nos autorités sont prêtes pour ce vote. Car il faut l’admettre, ce vote est un saut dans l’inconnu et l’atterrissage pourrait faire mal. Non, ces gens de l’étranger ne sont pas encore maîtrisables et il faut faire beaucoup attention. Leur vote, ou plutôt le verdict de leur vote peut bouleverser la carte politique de notre pays. C’est sans doute là tout le problème. Car ce micmac entre l’Assemblée nationale et la CENI, n’est pas du tout burkinabè, c’est étranger à nos manières de faire les choses. Ça ne nous ressemble pas du tout.

Quand nos autorités seront sûres que ces gens-là seront parfaitement gérables, alors ils auront leur vote. En attendant, prudence ! En tout état de cause, il flotte dans l’air un léger parfum d’irresponsabilité de part et d’autre. Une question nationale de cette importance ne devait pas être traitée avec autant de légèreté. A présent, on imagine toute la frustration de nos frères et sœurs de l’étranger encore frappés d’ostracisme en 2010. Ce n’est pas sérieux messieurs de la CENI. Ce n’est pas glorieux messieurs les honorables. C’est une vraie histoire de fou. Mais le fou sait pardonner à ses semblables. Toutefois, à l’avenir, ne faites plus jamais ça. Et prenez de la peine pour que 2015 soit l’année du vote effectif de nos frères et sœurs de l’étranger qui ne sont pas moins Burkinabè que nous, dans les grands moments de la Nation.

Le Pays

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Malnutrition au Burkina : Le fléau silencieux

Selon la Direction régionale de la santé, la malnutrition est un problème de santé publique, donc une préoccupation de premier ordre. La malnutrition, c’est cet état de déséquilibre causé entre les apports et les dépenses de l’organisme, soit du fait de carences, soit par l’effet d’excès. Etat des lieux au Burkina.

Les malnutritions par carences sont les plus fréquentes dans les pays en développement comme le nôtre, et elles affectent surtout les enfants et les femmes. Selon les chiffres, la proportion des enfants de 0 à 5 ans présentant une malnutrition aiguë sévère parmi les enfants pesés du 1er semestre de l’année 2008 et à la même période de 2009 s’élevait respectivement à 1384 (0,49%) et 1410 (0,43%). La proportion régionale (région du Centre) en 2008 est estimée 2.78% et en 2009 à 3.10% à la même période.

Des statistiques jugées suffisamment alarmantes par les autorités sanitaires. Travaillant à vaincre ce fléau silencieux, la direction régionale a entamé la mise en œuvre d’une série d’actions stratégiques, en synergie avec l’ensemble de ses partenaires. C’est dans ce cadre qu’il faut placer la journée d’information organisée, le lundi 18 janvier 2010 à la Direction régionale de la santé (Ouaga 2000), au profit d’hommes de médias, de chefs coutumiers et religieux, de tradipraticiens, histoire de partager avec eux les informations.

Pour toucher du doigt le phénomène et en prendre la mesure, nous avons effectué un tour au Centre de récupération nutritionnelle et d’éducation Morija/Schiphra de Tanghin. Des enfants amaigris au point de n’avoir plus que la peau sur les os, des nourrissons bouffis d’œdèmes, c’est le visage de la malnutrition que nous avons trouvé au CREN Morija/Schiphra ce mercredi 20 janvier.

On s’y croirait dans une pédiatrie. Quand ils parviennent au CREN, ils sont déjà promis à un séjour d’au moins deux semaines. Les nourrissons y arrivent, déplore-t-on, dans un état très dégradé par le marasme ou le kwashiorkor quand la carence est relative aux protéines, des pathologies qui nécessitent une prise en charge spécifique et étalée sur une longue période. « Nous recevons des enfants malnutris. Nous essayons de les soigner, de les accompagner jusqu’à récupération », explique Yvonne Zoétaba, l’infirmière, responsable médicale du CREN.

A partir de mesures anthropométriques, ils ont été jugés au cours d’une première consultation. C’est le protocole médical d’usage qui précède toute admission. Il permet de déterminer l’âge, la taille et le poids et le périmètre brachial de l’enfant pour les confronter aux normes standards. Selon le pronostic, la mère se voit proposer une prise en charge médico-nutritionnelle, nécessitant un internement de deux à quatre semaines (selon la situation de l’enfant).

Les seules conditions à remplir : qu’elle participe à hauteur de 1000 francs CFA, somme qui couvre le séjour entier, les produits pharmaceutiques, l’alimentation, etc. « Elle doit amener les ustensiles nécessaires pour son séjour, elle doit prendre part aux travaux d’entretien des lieux, aux activités de sensibilisation et à la préparation des bouillies nutritives pour l’enfant. » Autre condition à remplir, c’est l’adhésion au règlement intérieur qui interdit péremptoirement aux internées de se disputer, selon Yvonne Zoétaba, parce qu’il peut être cause de renvoi, même si l’enfant n’est pas guéri.

En ce matin calme du mercredi 20 janvier 2010, nous avons trouvé Rosalie, Mahamadi, Maxime, Hassan… en plein repas. Une véritable corvée pour certains, soumis qu’ils étaient à ce qu’on est tenté d’appeler un « gavage ». Armées de seringues, les mères s’appliquaient à leur injecter la bouillie légère via une sonde naso-gastrique. On reconnaît à ces signes ceux qui viennent d’arriver.

« A l’entrée, nous plaçons une sonde naso-gastrique systématique », indique la responsable des lieux. Il y a également les patients qui n’ont pas encore atteint un état de récupération acceptable, c’est dire, qu’ils n’ont pas gagné au moins un kg sur leur poids à l’entrée. Pour d’autres, la séance se passe presque sans encombre, la cuillère remplace la seringue. « Si l’enfant prend la bouillie par la bouche, la mère lui donne avec la cuillère », renseigne Yvonne.

La séance-repas se déroule sous le hangar réservé aussi à l’activité d’éducation. Elle a quotidiennement lieu autour de 11 heures. « Pendant le séjour, nous avons une séance d’éducation au cours de laquelle nous apprenons aux mamans comment faire pour ne plus avoir un enfant malnutri. » Ces séances offrent également l’occasion pour inculquer aux mamans des notions d’hygiène, leur donner des enseignements sur l’alimentation, pour les sensibiliser sur le VIH/SIDA et les IST, certaines maladies comme la diarrhée.

Selon la direction régionale de la santé, l’enquête sur la situation nutritionnelle 2009 au Burkina Faso donne les résultats suivants : 28,6 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance, 10,7 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aigue, 31,4 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale, 21% des femmes en âge de procréer sont affectées par le déficit énergétique chronique, 34 % des enfants de 1 à 3 ans présentent une carence en vitamine A, 92% des enfants de 6 à 59 mois présentent une anémie nutritionnelle dont 13% de forme sévère, 68,3% des femmes enceintes présentent une anémie avec 2,3 % de forme grave, 7% des femmes enceintes souffrent de cécité crépusculaire.

Consciente du rôle que doivent jouer tous les acteurs dans la lutte contre la malnutrition, la Direction régionale de la santé du Centre a organisé cette journée d’information afin de mobiliser le plus grand nombre de sensibilités sur la question.

Hortense ZIDA

Sidwaya

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Paroisse Sacré-Cœur de Jésus : 50 ans de grâces à Gaoua

« 50 ans de grâces, chrétien de Gaoua, lève-toi et marche ». C’est sous ce thème que les fidèles catholiques de la cité du Bafoundji ont célébré le jubilé d’or de la paroisse Sacré-Cœur de Jésus le 16 janvier 2010. L’événement a été placé sous le parrainage de l’évêque émérite de Dédougou, Mgr Zéphyrin Toé et sous la présidence de l’évêque de Diébougou, Mgr Raphaël Dabiré. Ce dernier a lancé un appel aux chrétiens afin qu’ils saisissent cette année jubilaire comme une occasion d’action de grâces, de remise de dettes et de conversion pour un nouveau départ.

La célébration de ce cinquantenaire a mobilisé les paroissiens résidant à Gaoua et ceux de la diaspora qui ont su conjuguer leurs efforts et mutualiser leurs moyens pour que la fête soit belle.

Et la paroisse jumelée St Mathieu du diocèse de Nice en France a aussi joué sa partition en envoyant une délégation à Gaoua. A l’occasion, la Mission catholique a fait peau neuve avec une couche de peinture par ici et par là, quelques bâtiments rénovés, bref, un cadre agréable.

Présent à Gaoua dans le cadre du jubilé, le père Maurice Lauras, fondateur de la paroisse, se souvient : « Quand je suis arrivé ici, le terrain était vide. Il y avait un gros arbre et selon la tradition animiste de la région, on disait que ce terrain était hanté. N’empêche, nous y avons bâti notre Mission.

Et aujourd’hui quand je vois la multitude de fidèles, c’est pour moi une grande joie et je me dis que la petite graine de l’Eglise a poussé et porte ses fruits ». En effet, la paroisse, même si elle doit poursuivre des efforts dans le domaine des vocations, a déjà donné à l’Eglise des prêtres, des religieux et religieuses.

La messe jubilaire a été célébrée sous les arbres dans la cour de la Mission et a duré 5 heures de temps. Elle a été présidée par Mgr Raphaël Dabiré, évêque de Diébougou, qui avait à ses côté son prédécesseur émérite, Mgr Jean Baptiste Somé, mais aussi Mgr Joseph Sama de Nouna ainsi que de nombreux prêtres dont l’abbé Barthélemy Zan, représentant de Mgr Zéphyrin Toé, évêque émérite de Dédougou et parrain du jubilé.

Signalons la présence des autorités politiques et administratives de la ville de Gaoua à cette célébration eucharistique qui a été bien animées par les différentes chorales.

Absent à la fête pour raisons de santé et d’âge, le parrain du jubilé a envoyé une lettre adressée au curé, l’abbé Roger Dah, et à tous les paroissiens. Dans son message, le parrain a rendu hommage aux missionnaires qui se sont succédé dans la cité du Bafoundji car « le grain mis en terre a pris le temps de Dieu pour germer et donner cette belle communauté ». Il a souhaité que Dieu accomplisse en chacun et par chacun les conclusions et les décisions de ce jubilé.

Dans son homélie, Mgr Raphaël Dabiré a appelé les fidèles à faire « une Pentecôte de louanges à Dieu » ; puis il a estimé que cette célébration du cinquantenaire recouvre des enjeux d’or qu’il a regroupés en trois chapeaux : action de grâces ; remise de dettes, et conversion pour un nouveau départ.

Il a exhorté les chrétiens à s’engager davantage dans l’Eglise car au contraire d’un sprinter qui arrive sur la ligne d’arrivée, la paroisse de Gaoua doit augmenter sa cadence pour aller encore plus loin.

Unité, évangélisation, auto-prise en charge, éveil et soutien des vocations, sont des défis importants que la paroisse doit relever. Et pour le curé, le thème du jubilé vient fort à propos. « On sent qu’on peut encore faire mieux. Il y a des potentialités et avec ce thème, on veut réveiller les gens, leur dire de faire mieux, à se lever et d’aller de l’avant ».

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le curé et l’équipe du conseil paroissial dirigée par Eugénie Traoré/Barro a su mettre les petits plats dans les grands pour que la fête soit belle. La nuit des chorales a aussi été un succès avec la chanteuse Toussy qui a su apporter ses notes pieuses à cette soirée des chants sacrés.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Redonnons espoir à Haïti!

Haïti continue de compter et de pleurer ses morts, tandis que la communauté internationale se mobilise comme elle peut pour apporter secours et assistance aux populations, encore déboussolées par ce drame innommable. Le séisme qui a ébranlé, le 12 janvier dernier, la terre de la première République noire, restera, c’est certain, dans la mémoire collective comme l’une des catastrophes naturelles les plus meurtrières de notre époque.

Des dizaines de milliers de morts, un pays dévasté, un Etat inexistant, des populations, déjà dénuées de l’essentiel, privées de tout… Les images, qui tournent en boucle sur les télévisions sont là pour attester de cette vision apocalyptique, où l’on assiste encore, parfois, au retour miraculeux à la vie d’un homme ou d’une femme, que les décombres ont refusé d’ensevelir.

De Haïti et du drame qui le frappe, on en a tellement parlé depuis ces jours, que je laisserai, ici, la force des images frapper, encore et encore, nos consciences. D’ailleurs, l’on n’est pas près de ralentir l’alerte. Trop de choses sont à faire pour redonner vie à la communauté, dignité aux hommes, femmes et enfants qui ne savent plus à quel sauveteur se vouer. Trop de choses, et toutes plus urgentes les unes et les autres: sauver des vies, soigner les blessés, prévenir de nouvelles catastrophes, d’éventuelles épidémies, nourrir ces populations qui ont tout perdu, donner une sépulture aux nombreux morts, trouver un cadre d’existence aux survivants, reconstruire la société, la ville, le pays… Une tâche monumentale, qui interpelle toute la communauté humaine, sans frontières de riches et de pauvres. Un devoir pour chaque être, sur quelque latitude qu’il se trouve.

Dans ce concert de compassion et d’émotion, l’Afrique, plus que tout autre continent, a sa part à jouer. Une part non négligence, qui doit s’exercer dans la dignité et dans la responsabilité, mais aussi et surtout, dans la traduction réelle de ce que nous sommes, culturellement, et non pas dans l’énoncé parfois rigide d’un catalogue de revendications et de récriminations envers les autres. L’Afrique doit donner l’exemple, à travers les mots, ses mots, mais aussi par la concrétisation d’actes et de signaux forts. Et il faut se réjouir de ce que les choses bougent plutôt de ce côté-là, même si l’on peut trouver à redire sur la pertinence et l’essence de certaines propositions. L’essentiel, peut-être, est que cette catastrophe serve de leçon pour l’avenir, afin que des idées fortes permettent de donner enfin à la première République noire, son rang et sa place dans le concert des nations.

Bien entendu, l’Afrique n’a ni la force, ni les moyens de tout faire toute seule. Et ce n’est que justice si les grandes puissances du monde, les pays nantis ouvrent les yeux sur cette terrible réalité et jouent leur partition. On peut donc comprendre que l’ampleur des dégâts, qui provoque, légitimement, ahurissement et tergiversations, aient pu entraîner une certaine cacophonie dans l’orchestration de la réponse. Elle sera sans doute encore assez brouillonne, voire même timide. Mais il faut espérer que, très vite, les populations haïtiennes se sentent appuyées, réconfortées, accompagnées. C’est une véritable chaîne de solidarité mondiale qui doit être mise en place car, en l’occurrence, Haïti, ce n’est pas les autres. C’est toi, c’est moi, c’est nous! Même si cette île est la nation la plus pauvre de la terre!

Je me réjouis que la ville béninoise d’Allada, d’où sont partis les aïeux de Toussaint Louverture, fondateur de cette République qui tient nombre de ses valeurs culturelles de l’ancien Dahomey, ait pris la mesure de l’événement, dans le recueillement et la consternation. Des cultes religieux et des quêtes sont ainsi organisés, pour saluer la mémoire des nombreux morts, et pour apporter, symboliquement, le fruit de l’effort collectif aux populations si durement sinistrées.

Au secours, Port-au-Prince pleure, Haïti se meurt… La main dans la main, au Nord comme au Sud, de l’Est à l’Ouest, redonnons vie à l’espoir!

Serge mathias Tomondji

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L’Histoire du peuplement des régions mandé du Burkina Faso.

BISA et SAMO se considèrent comme deux ethnies "frère", séparés d’une distance de 300 km. "Frères", parce qu’ils parlent des langues parentées et ils gardent une mémoire d’une origine commune. La parenté de ces deux peuples était le motif pour le projet interdisciplinaire G 3 d’effectuer des recherches dans le Boulgou (Bisa) et le Sourou (Samo). Nous avons commencé nos travaux pluridisciplinaires dans le Boulgou en 1995, dans le Sourou en 1998. L’objectif de cette présentation est d’indiquer des approches méthodologiques différentes afin d’établir une chronologie relative de l’histoire du peuplement dans les deux régions.


I. Boulgou (Bisa)

La région de Boulgou est habité par une forte majorité de Bisa, entouré par des Mosi. Une partie des Bisa sont mêmes intégrés dans le royaume Mosi de Tenkodogo. L’analyse de la langue, de l’histoire et du mode d’exploitation des ressources naturels doit tenir compte des influences mutuelles entre des Bisa et des Mosi.

1. La géographie linguistique

La région du bisa était particulierérement indiquée pour une étude linguo-géographique à cause de sa situation insulaire dans une espace dominé par des langues voltaïques. La structure interne est caracterisée par une différentiation entre deux dialectes principaux : Le lebri (ou «lebir») à l’ouest et le barka à l’est. Tandis que le barka se présente assez homogène, le lebri se subdivise d’une part en « lebri noyau » et d’autre part en « lere » ; de plus on peut encore distinguer entre une partie sud-ouest et une partie nord-est. La crevasse lectale à l’intérieur du lebri commun contrairement au barka largement homogénéisé, permet de voir dans le « bisa-ouest » un stratum archaïque , d’ou le barka probablement s’est engendré au cours des années par des processus d’émigration.

2. Les traditions orales

La région bisa était peuplée par des vagues de migrations différentes. Les traditions indiquent qu à l’origine une population venant du Gambaga (au nord du Ghana actuel), qui s’installait au sud et à l’est de la région. Une deuxième vague continuait vers le nord-ouest et le nord. L’ouest, à son tour, était peuplé par des migrants des royaumes Mosi au nord-ouest du pays pendant la même période. Les descendants de ces migrants se considèrent comme bisa – sans avoir oublié l’origine de leur clans. A cette période aussi les colonisateurs à l’extrême d’est revenaient pour rejoindre ceux qui s’étaient installés dans la région de Tenkodogo. La phase la plus récente des migrations avait lieu à partir de la conquête coloniale, dont une grande nombre des Bisa quittaient le nord pour s’installer dans les régions peu peuplé au sud (région Zabré) et au sud-est(Sankanse).

3. L’inventaire botanique

A travers des enquêtes botaniques nous avons vérifié les aboutissements linguistiques et ethnologiques concernant les plus anciens centres de la région. Ils se trouvent au sud (dans les environs de Zabré) et au nord (la bande entre Niaogho et Garango.Les régions à coté du Nakambé (Volta Blanche) ne sont cultivées intensement que pendant les décades récents. La région est séparée en deux territoires ayant des systèmes d’exploitation agricoles différentes. À l’ouest et au sud on trouve donc des parcs agraires dominés par l’acacia albida, qui n’existe pas dans la partie d’est. La presence de ces parcs d’acacia albida résulte d’une méthode d’exploitation agricole qui facilite une préservation des ressources naturels.  

Résultats:
Les anciens centres des Bisa se trouvent au sud (Zabré) et au nord-est de la région (bande Niaogho-Garango). La plus grande partie du coté d’est (sous le gouvernement du Tenkodogonaba) était peuplée après. Les plaines du Nakambé n’ont été utilisé que comme réserve des territoires agricoles; l’installation des villages permanentes dans cette région n’a pas pris place que récemment.

Questions ouvertes:
  • la relation des anciens centres au sud de Tenkodogo avec le peuplement actuel de cette région et le rôle du royaume de Tenkodogo dans l’appropriation de cette partie
  • ‘identification du "Léré" : autrefois regardé comme un dialecte principal des Bisa, en outre comme une zone du pouvoir politique (chefferie de Léré ou de Zabré), même parfois perçu comme ethnie distincte
  • es indices pour des anciens habitats au bord du fleuve
  • l’existence du groupe linguistique isolé comme le Bisa surtout vu en rapport avec les vagues de migrations différentes et l’influence mosi sur la région

II. Sourou (Samo)

Le Sourou est peuplé par une population hétérogène: Samo, Marka, Nouni, Mosi etc. Seulement au nord, les Samo représentent la majorité de la population. Surtout à l’ouest et au sud l’analyse doit tenir compte des reseaux socio-culturel entre des groupes différents. Jusqu’au maintenant nos études étaient concentrées sur trois régions dans le Sourou et dans les environs du boucle du Mouhoun: Tougan, Yé et Tchériba.

Dans ces trois régions des Ethnologues et des Botanistes ont sondé l’histoire du peuplement, pour déterminer une chronologie relative des fondations des villages. A l’aide des inventaires des parcs agraires, les botanistes peuvent émmettre des hypothèses concernant l’âge des localités. A travers la documentation et l’analyse des traditions orales, les ethnologues pouvaient completer les résultats de l’étude botanique. La région du Tougan semble d’être, selon les données ethnologiques et botaniques, peuplées le plus longue et le plus intense. Les traditions orales et la composition des parcs agraires indiquent une pression d’extérieure, qui forçait les gens à préserver leurs villages et leurs ressources naturels. Dans la région de Tcheriba une distinction entre les habitants les plus anciennement installés et des migrants nouvellement arrivés etait possible non seulement à partir des traditions orales mais aussi sur la base des inventaires botaniques. Ici les deux groupes de la population se trouvent dans les mêmes villages, mais ils habitent quartiers séparés. Voici, une carte des parcs agraires autours des localité dans le Département Yé. Les surfaces dégradées autours des localités indiquent des groupes locales les plus anciennement installés (Marka, Nouni). Les villages des migrants nouvellement arrivés (Mosi, Samo)se représentent avec des parcs résiduels et des parcs sélectionnés auprès des localités.

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Les Bisa de Garango

1 Situation géographique

Le canton de Garango, actuel département de Garango, se situe au Sud-Est du Burkina Faso (ex République de la Haute-Volta). Ce département fait partie intégrante de la province du Boulgou. Il est à l’Ouest du département de Tenkodogo, chef-lieu de ladite province. Garango est entouré à l’Ouest par le département de Manga, au Sud-Ouest par le département de Dialogaye et au Nord par le département de Boudri. Le département de Garango est au Nord d’une chaîne d’élévation montagneuse que la population appelle Boulgou (nom local de la divinité des deux élévations).
Jusqu’à une période récente, l’Est de Garango était occupé par des plaines, l’Ouest et le Nord par des sols sablonneux, ferrigineux, marécageux et de nombreux ruisseaux.
Cependant, la force de l’érosion éolienne et fluviale nous oblige à émettre des réserve dans l’état actuel.

Garango est dans la zone soudanienne du climat tropical de l’hémisphère nord à deux saisons : une saison sèche qui va de la mi-octobre à la mi-mai ; et une saison pluvieuse ou hivernage qui s’étant de la mi-mai à la mi-octobre. Les pluies sont abondantes (1000 mm à 1500 mm) mais elles sont le plus souvent irrégulières. La relative humidité permet le développement d’une économie agricole importante à base de céréales.
Le couvert végétal de la région correspond à une savane plus ou moins dense suivant la pluviométrie, mises à part quelques forêts galeries le long des cours d’eau dont le plus important est le NAKAMBE (ex Volta Blanche).
Ces aspects physiques favorables prédisposent le site de Garango à une occupation humaine.

2- les Bisa de Garango

L’ancêtre des Bisa de Garango est un chasseur du nom de BARSO. Au cours d’une longue chasse, épuisé de la longue chevauchée, il décide de se reposer à l’ombre d’un arbre et de laisser souffler son cheval exténué.
C’est alors qu’il est emporté par un profond sommeil. A son réveil, constatant que le temps est bien avancé, il décide d’abandonner la chasse et s’en retourne. Mais il laisse à la région le nom Gar-Go qui veut dire en bisa " chasse abandonnée " pour se remémorer l’échec de cette entreprise lointaine. Plus tard, Barso revint s’installer dans cette zone et conserve le nom Gar-Go, lequel a été transformé par la graphie coloniale du fait de la déformation linguistique.

Quant à la terminologie " Bisa ", elle remonte aux origines de l’ethnie qui porte ce nom. Selon les traditions, les Bisa et les Moosé sont issus du même ancêtre. Cet ancêtre vivait dans la région de Koumassi à Yandé au Ghana actuel. Il eût trois fils dont Barso l’aîné. A la mort de leur père, Barso refuse de prendre le bonnet (signe de commandement) et ne garde que le pouvoir militaire. Les deux autres frères (parmi lesquels le plus âgé serait l’ancêtre des Moosé) s’étonnent de l’attitude de leur aîné et le considèrent comme un étranger, ce qui se traduit par Biisanga en langue mooré ou enfant étranger.

Depuis ce jour les descendants de Barso sont appelés Bisa, des enfants aux conceptions étrangères à la famille. N’y a-t-il pas lieu de se poser la question de savoir pourquoi le peuple bisa ne récuse pas cette appellation étrangère ?
Cependant, il existe d’autres traditions courantes à Garango. Elles rejettent l’idée d’un assujetissement des Bisa par les Moosé. Aussi, indique une tradition Barso (ancêtre des Bisa) a épousé Yennenga, fille du roi de Gambaga.
Cette tradition ne suggère pas un assujetissement mais un prolongement de la branche bisa par les Mossi. Toutes ces deux traditions apparamment contradictoires ont des aspects communs avec une des traditions relatées en pays Moaaga. Selon cette dernière, Yennenga, fille du roi de Gambaga (au Ghana actuel) a épousé un chasseur. Selon notre point de vue les Bisa recherchent ainsi la même identité que celle des Moosé.
Barso est donc le fondateur de la souche des " Bisa " de Garango. De retour de la chasse manquée ; il décide de revenir s’installer dans la région nommée Gar-Go. Cette région était riche en faune et en flore.
Barso s’installe à Garango où il fonde la dynastie des BAMBARA. Le terme BAMBARA veut dire en Bisa " la lumière, la clarté ". Il appelle à la solidarité, à la cohésion et à l’esprit de règlement pacifique des conflits des membres de la société.
L’occupation du site de Gar-Go devenu Garango par les Bisa a été pacifique. Ils n’ont rencontré aucune résistance puisque la région concernée était inhabitée. Toutes les familles (BAMBARA) sont donc issues d’un seul ancêtre, Barso.

Encadré
Le quartier
La division du village en quartiers fut un phénomène progressif. Cela est dû à l’arrivée de nouveaux immigrants parce que chassés de leur village d’origine.
C’est le cas des familles SARE, ZIGANI, NOMBRE, DARGA, etc. devenues aujourd’hui Bisa.
Ces dernières reçoivent un lopin de terre qu’elles mettent en valeur. Ces familles demeurent sous la juridiction de Garango. Ainsi, apparaissent des familles qui constituent le noyau des futurs quartiers. Le nombre des quartiers explique la diversité des noms de famille. De nos jours, ces quartiers quoique géographiquement éloignés les uns des autres, forment les 19 villages du canton de Garango. Ce sont : Garango, Tangaré, Pagou, Lourgogo, Bourra, Zanga, Pousga, Zalla, Karpangou, Bargasco, Zidré, Gargou, et le village Peulh.
L’objet de notre étude ne nous permettant pas de creuser le problème du peuplement, nous osons espérer que des travaux ultérieurs nous amènerons à une plus grande approche de ce phénomène.

Le village
Le village de Garango est composé d’une multitude de familles dispersées, distantes les unes des autres et séparées par de vastes " champs de cases ".
Le village correspond à un lignage. Tous les habitants portent le même nom et se réclament du même ancêtre commun. Cependant, dans cette société, le mariage constitue un des aspects le plus important.

Source : TRAORE Saïdou Siniguesba, 1988-1989.

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Production d’agrocarburants au Sénégal : La société civile sonne l’alerte

Au Sénégal, la société civile invite à la vigilance: La production à grande échelle d’agrocarburants pourrait, si l’on n’y prend garde, plomber les efforts faits pour assurer la souveraineté alimentaire du pays.

Aussi, la société civile milite pour une utilisation contrôlée des terres arables, terreau fertile des agrocarburants. Les centaines d’hectares de ces terres, cédées à des mécènes, gros bonnets et autres paysans du dimanche, ‘sous le prétexte de production d’agrocarburants’, suscitent, à la fois, la curiosité et la crainte de cette société civile. A l’occasion d’une rencontre d’échanges et de sensibilisation de deux jours organisée à Richard Toll, sur le thème de ‘l’agriculture familiale face aux agrocarburants : quels enjeux pour la sécurité alimentaire et les zones humides au Sénégal ?’, la question a été revisitée sous toutes ses coutures. A coup sûr, les ONG Wetlands International et Action Aid Sénégal qui sont à la base de ces assises, ont largement atteint leurs objectifs : informer les acteurs à la base sur les enjeux des agrocarburants, la gestion foncière, l’agriculture vivrière et aussi l’environnement.

Mettant à profit la rencontre de Richard Toll, certains participants ont longuement insisté sur l’urgence de tout mettre en œuvre pour éviter le bradage des terres rurales. Dans ce dessein, les populations, les représentants de la société civile ainsi que ceux de l’Etat se sont accordés sur l’impérieuse nécessité, pour les élus des collectivités locales, d’être plus vigilant au moment de décortiquer les dossiers de demande de terres. Ils ont ainsi été conviés à éviter d’octroyer des hectares à l’emporte-pièce (ndlr : de façon brutale, sans nuance et donc ici, sans analyse des conséquences…) ou par simples accointances ou intérêts purement mercantiles.

Coordonnatrice de la coalition de la société civile sur les agro carburants, Mme Fatou Mbaye, chargée de programme agrocarburant à Action Aid Sénégal, renseigne que ‘cet atelier fait suite aux études menées par Action Aid et Wetlands International par rapport aux agrocarburants et à la sécurité alimentaire. Mais aussi sur les agrocarburants et les zones humides au Sénégal. Nous voulions partager ces études avec les communautés de base, les acteurs, la société civile, les services techniques de l’Etat et les différents partenaires’, explique-t-elle. Interrogée sur le choix de l’agriculture familiale, Mme Mbaye répond : ‘Nous sommes partis du constat que l’agriculture familiale constitue la base de la production vivrière au Sénégal. Avec l’avènement des agrocarburants au Sénégal, nous avons vu que les  terres agricoles, les forêts, les terres arables risquent d’être accaparées par les promoteurs des agrocarburants, au détriment de la production vivrière agricole. Aujourd’hui, la grande ruée vers les terres arables va provoquer l’utilisation d’énormes superficies destinées au développement industriel au détriment des cultures vivrières’, s’est désolée notre interlocutrice.
D’après un article de Gabriel BARBIER du 11 janvier 2010

Au Burkina, allons-nous attendre qu’il soit trop tard pour lancer le débat sur cette question ?

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Enfants de la rue et drogues à Ouagadougou

Il existe plus de 2500 enfants de la rue à Ouagadougou au Burkina Faso. Ils ont entre 6 et 25 ans en moyennes et proviennent des toutes les régions du Burkina Faso et des pays avoisinants. Ils sont arrivés ici, les uns à la recherche d’un emploi et d’une vie meilleurs, les autres pour se livrer à la mendicité ou rejoindre des membres de la famille qui les ont rejetés. Ils sont recensé périodiquement, avec plus ou moins d’efficacité par les autorités Burkinabè de l’action sociale et les ONG présente sur le terrain et ouevrant auprès des jeunes de la rue.atelier-reparationjpg_215x160_q85

Dans ce milieu, on retrouve souvent des enfants non scolarisés, n’ayant donc aucune qualification professionnelle appelés, “talibés” en langue mooré, ce sont des jeunes travaillant sporadiquement dans le secteur informel, et des enfants scolarisés, parfois titulaires du Certificat d’études primaires (CEPE), mais ayant très tôt abandonné les chemins de l’école pour diverses raisons. Ces enfants se retrouvent souvent en groupes organisés ou se placent sous l’autorité d’aînés qui les initient aux difficultés de la vie de rue.

Ces bandes organisées affrontent de manière plus ou moins solidaire leur condition d’existence. Étant majoritairement sans qualification professionnelle, leurs membres se livrent à toutes sortes d’activités licites et illicites. Utilisant les moyens à leur disposition pour ce procurer un peu d’argent et assurer leur survie. Ils sont souvent cireurs de chaussures, gardiens de motos ou de véhicules, apprentis mécaniciens, porteurs de paniers, mais aussi voleurs. Certains récidivistes sont connus des autorités carcérales.

Pour oublier la faim, leur misère, ils ont de plus en plus recours à la drogue. On estime qu’elle touche la moitié des enfants de la rue de Ouagadougou. Ils inhalent en particulier des colles, des diluants ou du carburant, la tête enfouie dans un sac plastique. Ils consomment également des amphétamines communément appelée “blue blue”, “Sékou Touré”, “Djalan” ou “Mio”, souvent en association avec de l’alcool. La marijuana commence à être fumée, ou bue, en groupe, mélangée à du thé dans des infusions. Du fait de leur prix, les drogues comme la cocaïne ou l’héroïne ne sont pas encore consommées. Cependant, beaucoup sont dépendants de ces drogues de la rue.

Les points de vente sont connus de tous. Ainsi, à Ouagadougou, la drogue circule dans les salles de cinéma, aux alentours du grand marché, de la gare férroviaire, de certains kiosques à café ou des débits de boisson.

Bien que souvent embêter par les forces de l’ordre ou de sécurité privé, l’enfant qui s’adonne à ces drogues ne peut être juridiquement poursuivi, les solvants, par exemple, ne figurant pas sur la liste des produits illicites définis par la loi. C’est également la raison pour laquelle ils sont utilisés par les proxénètes, les prostituées, les recéleurs, les dealers.

ANERSER est l’Association Nationale pour l’Education et la Réinsertion Sociale des Enfants à Risques. Elle intervient auprès des enfants et jeunes qui pour des raisons diverses ont quitté leurs familles pour vivre dans la rue. L’ANERSER mène des activités de prise en charge psychosociale, d’alphabétisation, de scolarisation ou rescolarisation, de formation professionnelle en métiers modernes (mécanique motos, construction métallique et travail du bois…) ou rurale (maraîchage, agriculture et
élevage).

ANERSER : Association Nationale pour l’Education et la Réinsertion Sociale des Enfants à Risques

Elle mène au niveau des familles un travaille de réintégration familiale par la réunification, la prévention du phénomène par la sensibilisation de la société Burkinabè, du public en général et des parents.Elle a été créée le 10 octobre 1992.

L’ANERSER travaille aussi à sensibiliser les organismes humanitaires pour accroitre les soutiens à son action dans la lutte contre la délinquance juvénile et l’ignorance dont sont victimes ces enfants.

Être enfant de la rue au Burkina Faso ce n’est pas facile. C’est d’être livré à soi même et ce dans une société où la solidarité, la famille et les autres regroupement définisse l’individu. Heureusement pour certains de ces enfants des rues, des centres leurs viennent en aide au niveau de l’hébergement, de l’encadrement ainsi que de la formation dans le but de leur permettrent d’arriver en s’en sortir. Malheureusement tous n’y arrivent pas, mais il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Dans les prochaines semaines, nous allons publié plusieurs billets sur la réalité des enfants de la rue à Ouagadoudou et de d’autres villes du Burkina Faso.

Dans le court vidéo suivant, l’intendant du centre Buc Espoir de Ouagadougou, évoque la vie du centre pour les enfants de la rue du Burkina Faso dont la vocation est de sortir des enfants de la rue, les protégers, de les héberger, de les nourrir, de les socialiser, de les éduquer, de les scolariser et de leur apprendre un métier. Le 17 décembre 2009 avait lieu l’inauguration du Centre d’Enfants des Rues de Ouagadougou dont l’édification a été financée par l’ONG Buc Tiers-Monde, la ville de Buc et le Conseil Général des Yvelines. La Fondation Servir – Shammesh assure l’alimentation quotidienne des 24 enfants qui sont hébergés par ce centre.

Fondation Servir – Centre d’enfants des rues au Burkina Faso
envoyé par Fondation_SERVIR. – Plus de vidéos de blogueurs. 

Les enfants contactés dans la rue sont accueillis dans un centre d’accueil où ils sont entièrement pris en charge. De là , chaque enfant et jeune reçoit un encadrement social qui lui permet de rompre avec le millieu de la rue et de lui faire voir un projet de vie viable: envie de rentrer en famille, apprendre un métier ou aller à l’école

Selon l’ANERSER, plusieurs causes entrainent le phénomène des enfants de la rue :

– La pauvreté :
Les ressources du pays proviennent essentiellement de l’agriculture (80%) qui est pourtant tributaire d’une pluviométrie de niveau aléatoire. Par ailleurs, la dégradation progressive de l’environnement appauvrit les sols et les productions sont très souvent déficitaires au niveau de la production dans bon nombre de régions du pays. Cette situation fait que la plupart des ménages ont un très bas niveau de vie et n’arrivent pas à satisfaire leur besoins de base .En effet, le seuil absolu de pauvreté au Burkina Faso qui était de quarante un mille quatre vingt dix neuf (41.099) F CFA/adulte/an en1994 est passé à 72690F/adulte/ an en 1998 et à 82.672F/adulte/an en 2003. En 1995, 30 à 40% de la population vivaient en dessous du seuil de la pauvreté. Ce taux est passé de 45,3%en 1998 à 46,2% en 2003. Ce qui signifie que la pauvreté a augmentée. On note également des disparités remarquables qui sont liées entre autres à la mauvaise répartition des richesses nationales. En outre, c’est le concours de plusieurs facteurs qui détermine le départ des enfants et jeunes vers la rue, la pauvreté semble être le plus déterminant en tenant compte des résultats de la dernière enquête menée sur le terrain.centre-daccueiljpg_215x160_q85

Selon le Plan National d’Organisation et de Coordination des Secours d’Urgence et de Réhabilitation (PNOCSUR) dans sa subdivision du Burkina en zones d’extrême pauvreté et en zones absolues de pauvreté, des 10 provinces désignées comme les plus pourvoyeuses en ECPD selon l’enquête de mai 2002, seuls le Kadiogo et le Houet ont un indice de pauvreté absolue (7,8%) et un indice d’extrême pauvreté (2,6%) bas 2. Mais la prédominance de ces deux provinces s’explique par le phénomène urbain avec son lot de quartiers périphériques qui regroupent les populations les plus démunies. Les autres sont dans des régions à Indice Absolu de Pauvreté (IAP) et à Indice d’Extrême Pauvreté (IEP) élevé. C’est le cas du Yatenga, du Sanmamtenga et du Passoré entre autres.

– L’explosion démographique.
Bien que le Burkina ait un taux élevé de mortalité générale (15,2‰), on constate une forte croissance de sa population à cause de la forte fécondité (6,8%) et de l’amélioration des conditions sanitaires de la population. Cette situation a donné lieu à une poussée démographique sans précédent. En effet la population Burkinabé estimée à 4.349.000 hbts entre 1960 et 1961 est passée à10.312.609 hbts selon le RGPH 1996.Elle est estimée à 16,5millions en 2005.Ce qui est à l’origine de nombreuses difficultés que vit la population. Parmi ces difficultés, figure le faible taux de scolarisation (52,25%) qui présente des disparités entre garçons (54,38%) et les filles (45,17%) selon DEP MEBA janvier 2004. Ce taux de scolarisation est lié au manque crucial d’infrastructures et de personnel enseignant d’où la non accessibilité à l’école par de nombreux enfants. Par ailleurs le nombre élevé d’enfants dans les ménages notamment ruraux, et le coût relativement élevé de la scolarisation obligent les parents à ne pas inscrire tous leurs enfants à l’école. Le taux d’urbanisation du Burkina Faso est en constante augmentation. Selon le RGPH/1996, 84,6% de la population habitaient en milieu rural,contre 15,4%en milieu urbain dont 9,9% dans les deux (02) ,principales villes (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso) et 5,5% dans les autres centres. Cette inégale répartition de la population reflète de fortes disparités de densité .Moins de 25hbts/km2 dans Selon le RGPH 1996, il était de 12,7% en 1985 et 18,4% en 1996. La croissance démographique est donc beaucoup plus accélérée que le rythme du développement urbain ce qui explique la prolifération des quartiers périphériques. Cette situation incontrôlée liée au développement urbain fait qu’en milieu rural, les contraintes obligent les jeunes ruraux à migrer vers les villes à la recherche d’emploi, où ils vont grossir le rang des chômeurs ou exercer de petits métiers instables et souvent précaires.

– L’exode rural
Au Burkina – Faso, l’exode rural draine 71,2% de la jeunesse rurale vers les villes perçues comme lieu d’acquisition d’un mieux être social et économique. Poussés généralement par le désir d’accès aux biens de consommation moderne (vélo, vêtements, radio, etc), les jeunes une fois en ville se retrouvent confrontés à des difficultés inattendues (problèmes de logement, de nourriture, et de travail). Passant la majeure partie de leur temps dans la rue, ils s’y font de nouvelles amitiés, acquièrent de nouveaux comportements et s’éloignent ainsi peu à peu des familles d’accueil.

– La situation matérielle et psychologique des familles urbaines
La situation matérielle et psychologique précaire de certains parents est à l’origine de la présence dans la rue d’un certain nombre d’enfants. On constate une nucléarisation de la famille, qui a pour conséquence l’effritement de la solidarité communautaire. Certains parents démunis ne pouvant compter que sur eux-mêmes finissent par perdre le contrôle des enfants. D’où les fugues répétées qui conduisent progressivement à l’installation des enfants dans la rue.
En outre, le départ de l’enfant est motivé par :

– les troubles relationnels ;- la perte de l’identité ;- les conflits de valeurs entre éducation moderne et traditionnelle ; – la perte des valeurs traditionnelles ;- l’exemple de grands frères ou amis ayant fait l’expérience de la rue ou d’un petit travail rémunérateur dévalorisant ainsi le rôle de l’école aux yeux du petit frère. Ces situations sont souvent en corrélation les unes avec les autres et c’est cette imbrication des situations qui est à l’origine du départ de l’enfant dans la rue. 2- 1. 2 Les causes immédiates ▪ Le « confiage » des enfants Un facteur explicatif est l’envoi d’un enfant en ville chez des parents éloignés pour poursuivre la scolarité ou bénéficier d’un apprentissage. Parfois cet enfant devra travailler durement dans la famille d’accueil afin de justifier son entretien.Il arrive, qu’en cas d’échec scolaire, l’enfant refuse de repartir au village, d’autant qu’il a connu un mode de vie jugé plus attrayant et préfère tenter sa chance en ville.

– L’école coranique
L’école coranique apparaît comme un facteur favorisant la présence des enfants dans la rue puisque 44,04%2 des enfants en sont issue. Selon El Hadj Toumani Triandé, ancien président de la communauté musulmane du Burkina, «l’islam n’a jamais encouragé la mendicité et l’oisiveté, mais prône au contraire le travail ». En pratique, il existe cependant des maîtres coraniques sans activités rémunératrices leur permettant de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs élèves, qui exploitent les effets pervers de la mendicité. Ce qui amène ces élèves à mendier, voire chaparder pour manger. Le comble est que certains maîtres imposent aux enfants de mendier et de leur rapporter l’argent qu’ils utiliseront à leur seul profit.Brimés, frustrés et habitués à la vie dans la rue, les enfants abandonnent leur maître, se livrent à leur propre activité et bien souvent n’osent pas rentrer en famille, n’étant pas sûrs que leur cause sera entendue.

– Les mauvais traitements.
Au sein de certaines familles, des enfants sont victimes de mauvais traitements (physique et psychologique) de la part de leurs parents qui pensent que la meilleure façon de punir un enfant est de le violenter. Pour échapper à de tels comportements, certains enfants préfèrent se soustraire de l’autorité parentale pour se réfugier dans la rue. L’exploitation domestique de l’enfant et les mauvais traitements qui sont souvent le fait de la marâtre, du nouveau mari ou du tuteur sont également des motifs de départ de l’enfant de la famille.Très souvent aussi, les orphelins sont victimes de ces traitements.

– Troubles relationnels (Crises)
Les conflits familiaux éloignent petit à petit l’enfant de ses parents qui ne sont pas souvent ensemble.Ainsi ne sachant pas exactement à qui des deux se confier, avec qui échanger sans être incompris, l’enfant est désemparé et obligé de trouver un autre cadre où il peut dialoguer. Cela l’amène à rompre progressivement avec le milieu familial et à mener des relations avec d’autres personnes en proie aux mêmes types de difficultés relationnelles en vue du réinvestissement affectif qui a fait défaut

– Les conséquences directes liées aux IST/VIH-SIDA
En 1999, l’ ONUSIDA estimait à 320.000 le nombre d’orphelins du Burkina Faso dû aux IST/VIH-SIDA en vie et ayant moins de 15 ans. Une étude de la Banque Mondiale laisse apparaître que près de 40% des ménages dans 10 provinces prennent en charge des orphelins sur le plan de la santé, de l’alimentation de l’habillement.
Ces orphelins sont confrontés à des problèmes qui s’expriment en terme :
– d’exclusion sociale, de stigmatisation et de discrimination ;- de besoins psychologiques et affectifs ;- de besoins en matière de soins de santé et de meilleure alimentation ;- de besoins d’éducation et de socialisation ;- de besoins économiques entraînant une forte sollicitation de la famille traditionnelle.La satisfaction de ces besoins qui constituent une charge inattendue pour les familles cumulée à la pauvreté et à l’effritement des systèmes traditionnels de solidarité entraînent l’abandon et le manque de soutien aux orphelins faisant ainsi du VIH/SIDA un facteur significatif dans l’expansion du phénomène enfant vivant dans la rue.

Il est possible d’entrer en contact avec l’ ANERSER via les coordonnées suivantes :

L’Association Nationale pour l’Education et la Réinsertion Sociale des Enfants à Risques

08 BP 11 377
Ouagadougou 08,
Burkina Faso

Tél: +226 50 43 10 61
courriel: anerser@yahoo.fr

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Projet de valorisation du masque en Afrique de l’Ouest : Bientôt un répertoire de toute la diversité

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masque_burkina_singe_antilope_facemaao47rdLa première réunion du comité scientifique qui mènera l’étude sur les sociétés de masques en Afrique de l’Ouest a eu lieu le samedi 9 janvier 2010 à Cotonou au Bénin. Composé de chercheurs issus des universités du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Bénin, ce comité d’hommes de sciences a travaillé à l’harmoniser les standards à suivre afin que l’étude sur le terrain soit efficace. La cérémonie d’ouverture de cette rencontre a été présidée par le ministre béninois de la Culture, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, Ganiou Sogo.thumbnailCAZDDBIM

L’Association pour la sauvegarde des masques (ASAMA) du Burkina Faso, en collaboration avec des associations-sœurs de la sous-région ouest- africaine, Towara , association Jeunesse perspective groupement (JPG), théâtre Oshumaré du Bénin, la mission culturelle de Bandiagara au Mali et la Mutuelle pour le développement de Gbofia de Côte d’Ivoire veulent valoriser la tradition du masque dans leur espace.

A travers un projet dénommé "Projet de valorisation des masques en Afrique de l’Ouest", elles entendent redonner vie à cette tradition ancestrale menacée de disparition.

thumbnailCAPH18Q2En effet, le masque symbolise certaines manifestations de l’existence humaine. Aujourd’hui, sous l’effet de la modernité et de l’influence des religions révélées, les rites et les savoirs traditionnels se perdent progressivement à cause de la négligence et du manque d’intérêt croissant.

Les dangers de disparition des connaissances sur cette pratique culturelle sont donc énormes. Un profond thumbnail masktravail de recherche, de valorisation et d’éducation apparaît alors urgent pour conserver et valoriser durablement ce patrimoine culturel en péril. Et pour réussir cette mission, les associations se sont entourées d’éminents chercheurs issus des universités des 4 pays initiateurs du projet.

La première rencontre de ces hommes de sciences qui a eu lieu le samedi 9 janvier 2010 à Cotonou au Bénin, visait à harmoniser les standards à suivre pour mener efficacement l’étude sur le terrain. A cet effet, le comité thumbnail mask éscientifique, comme on a nommé ces chercheurs, a analysé minutieusement la fiche de collecte thumbnailCA4Y7KRLdes données, le canevas du rapport qu’ils devront fournir après les 4 mois que durera la recherche.

Les résultats de collecte de données sur les traditions du masque permettront d’éditer le premier rapport qui fera la situation de la pratique de la tradition du masque en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi, l’étude sera axée sur 3 aspects essentiels, à savoir le mythe d’origine des masques, leur fonctions socioculturelle et économique et la transmission ininterrompue de la tradition de génération en génération. 

Le rapport prévoit également une analyse comparative de la pratique des masques dans les 4 pays couverts par le projet. Le thème de ce premier rapport s’intitule "Caricature, dérives et détournements du masque". thumbnail lobi mask thumbnailCAIEZR7K

L’accent sera mis sur les cas de survivance des pratiques traditionnelles des masques dans les pays. D’ailleurs, ce thème fera l’objet d’un symposium le 23 février 2010 à Dédougou au Burkina Faso. "C’est un thème d’actualité" , a indiqué Tankien Dayo, le secrétaire exécutif de l’ASAMA, l’association coordinatrice du projet.

Et pour le ministre Ganiou Sogo de la Culture, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales du Bénin, il est grand temps de lutter contre les menaces sur le masque, car, selon lui, aucun pays au monde ne peut se développer sans s’appuyer sur sa culture. Il en veut pour preuve l’exemple de la Chine. Le pays a dû renoncer à copier le modèle soviétique pour trouver ses repères en s’appuyant sur sa culture. Aujourd’hui, il est l’une des puissances du monde, a souligné le ministre.

B. Léopold YE de retour de Cotonou

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