Pluie diluvienne à Bobo : De gros dégâts

La nuit s’est écourtée pour de nombreux Bobolais au petit matin du mardi 11 mai 2010. Perturbés dans leur sommeil par des vents violents qui soufflaient tous azimuts peu après quatre heures, beaucoup d’entre deux ont en effet assisté impuissants aux nombreux dégâts causés par ces intempéries. Des vents violents accompagnés par une forte pluie aux conséquences incalculables sur l’environnement.

C’est presque un décor apocalyptique qui s’offrait aux Bobolais hier en début de matinée. Des habitations endommagées, des clôtures effondrées, des bâtiments entièrement ou partiellement décoiffés, des fils pendants, des poteaux électriques tordus, de gros arbres complètement dessouchés et qui jonchent les rues de la ville, de gigantesques panneaux publicitaires à même le sol, des rues devenues inaccessibles, etc. Rien n’a été épargné par ces vents d’une extrême violence qui se sont manifestés aux premières heures du mardi. Une matinée cauchemardesque pour de nombreux Bobolais qui se sont réveillés sous les bruits assourdissants des chutes d’arbres sur leur maison ou encore de ces toitures qui s’envolaient.

Des victimes qui n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer face au désastre causé par ces intempéries. De mémoire de Bobolais, jamais la ville de Sya n’avait auparavant connu des vents d’une telle intensité. Ce qui est sûr, le spectacle était tout simplement désolant et la forte pluie qui s’en est suivie n’était pas pour arranger les choses dans certaines familles. Les secteurs 08, 04, 02 et 01 ont été les plus touchés, avec des édifices qui n’ont pu résister à ces gros caïlcédrats dans leur chute.

Dans le centre-ville, la circulation était quasi impossible avec ces nombreuses artères coupées en deux par des troncs d’arbres. Jusque dans l’après-midi d’hier, on ne déplorait aucune perte en vie humaine. Outre les dégâts matériels importants, cette pluie a fait une autre victime, et pas des moindres : l’environnement, avec ces nombreux arbres qui ont été déracinés par les vents. Une déforestation qui vient s’ajouter à cette opération d’abattage d’arbres commanditée par la commune de Bobo en mars dernier et qui avait en son temps fait beaucoup de bruit. Alors faut-il penser que la ville de Bobo est en train de perdre de sa notoriété en matière environnementale ? Rien n’est moins sûr et tout porte à croire aujourd’hui qu’une prise de conscience collective s’impose.

Car il s’agira de travailler à éviter, à l’avenir, de tels désastres. Toujours est-il que le maire de la commune a pu mesurer hier en milieu de matinée l’ampleur des dégâts dans sa ville et les conséquences immédiates qui s’en sont suivies. Accompagné d’une forte délégation, Salia Sanou s’est rendu dans les zones touchées par ces intempéries et y a échangé avec les victimes.

Jonas Apollinaire Kaboré10

L’Observateur Paalga

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TERTIUS ZONGO AUX INVESTISSEURS MINIERS : « On ne peut pas laisser ceux qui ont l’argent financer la mort des autres »

Le Premier ministre burkinabè, Tertius Zongo, a rencontré les investisseurs miniers le 10 mai 2010 à Ouagadougou. Entre autres sujets abordés lors des échanges, l’utilisation incontrôlée des produits chimiques sur les sites d’exploitation, la suspension de la délivrance des permis de production, la lente mise en oeuvre de l’exonération douanière, la retenue à la source pour les prestataires non établis au Burkina et le projet de guichet unique des mines.

Dans le but de poursuivre sa dynamique de dialogue enclenchée par la première rencontre avec les acteurs du secteur des mines en février 2008, Tertius Zongo a rencontré, le 10 mai dernier à Ouagadougou, les investisseurs miniers du Burkina.

Cette séance de concertation avait pour objectif d’examiner les préoccupations des opérateurs miniers et du gouvernement, et de faire des propositions à même de dynamiser le secteur. Parlant au nom des miniers, Elie Justin Ouédraogo, président du Groupement professionnel des miniers du Burkina (GPMB), a reconnu que les rencontres avec les autorités administratives concernées ont permis de résoudre certaines préoccupations soulevées en 2008. Toutefois, il a précisé que l’ensemble de ces problèmes demeuraient d’actualité, du fait d’énormes difficultés de compréhension dans l’interprétation des textes du secteur minier dont les spécificités, selon lui, ne sont pas prises en compte par l’Administration. Il a surtout cité la mise en oeuvre de l’exonération de la TVA qu’il juge lente et compliquée, faisant peser sur les entreprises des tensions de trésorerie, l’ « utilisation sauvage et incontrôlée de produits chimiques comme le mercure et le cyanure sur certains sites d’orpaillage ».

Et sur ce dernier point, le premier responsable du GPMB a laissé entendre que sa structure entendait établir une charte d’éthique par laquelle chacun de ses membres devra s’engager à respecter des normes environnementales strictes et assumer pleinement la responsabilité économique et sociale de sa structure. Et le porte-parole des miniers d’inviter les autorités à frapper avec toute la rigueur de la loi ceux qui s’adonnent à ces pratiques répréhensibles, tout en engageant le comité environnement du GPMB à y accompagner l’Administration. Une doléance qui a trouvé séance tenante une oreille attentive, le chef du gouvernement ayant instruit les ministres en charge de ces questions de faire des propositions concrètes d’action à mener en synergie dans ce sens.

Car, selon lui, le problème est d’autant plus sérieux qu’il touche à la vie humaine et environnementale, ce qui fait qu’ « on ne peut pas laisser ceux qui ont l’argent (Ndlr, les chefs d’entreprises coupables de ces pratiques) financer la mort des autres ». Au sujet de la TVA, Tertius Zongo a annoncé la mise en place d’un système de remboursement accéléré, tout en précisant que « l’application d’une exonération directe de la TVA n’est pas une option retenue par le gouvernement ». Réagissant sur la question de la suspension de la délivrance de permis, Abdoulkader Cissé, ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, a précisé que cette mesure prise pour des raisons administratives ne s’étendait pas aux cas de renouvellement d’autorisation. Il a d’ailleurs informé que sa levée complète interviendrait dans une semaine au plus tard.

Honoré OUEDRAOGO

Le Pays

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Une vache se nourrit d’abord d’herbes fraîche ou, à défaut, de foin.

Le lundi 3 mai 2010, 50 éleveurs et transformatrices venus de 24 laiteries membres de L’Union Nationale des Mini laiteries et des producteurs de lait local se sont retrouvés autour de M. Georges Cothenet, Docteur Vétérinaire, pour une journée de formation sur l’alimentation des vaches laitières.

Chaque laiterie s’est présentée brièvement. Dès ce tour de table, il est apparu qu’à cette époque de l’année, la plupart des laiteries étaient mal approvisionnée en lait. Certaines qui transformaient plus de cent litres de lait par jour de fin juillet à janvier ne réceptionnait plus que 10 à 20 litres de lait par jour.

Le niebe fourrager, ici, à Aribinda, donne un fourrage de qualité  C’est dire que tous étaient avides de profiter de la vaste expérience de M. Georges Cothenet qui a travaillé dans de nombreux pays dont la France, la Côte d’Ivoire, l’Inde, la Chine… et le Brésil où les conditions de l’élevage sont proches de celles de l’Afrique de l’Ouest.

M. Cothenet, venu de Bretagne en lien avec l’association ABADAS (Association Bretonne d’Aide Directe à l’Afrique Subsaharienne), nous a rappelé les trois éléments nécessaires pour produire du lait :

  1. Des vaches ayant de bonnes qualités pour produire du lait, c’est-à-dire de bonnes laitières, comme les     Goudalis ou les Girs du Brésil.

Des vaches en bonne santé (d’où l’importance de protéger les vaches des maladies (soins, vaccinations…).

Et bien sûr, une bonne alimentation ! Ce qui était le thème de cette journée de formation.Dès le mois de septembre il faut stocker son foin

Pour commencer, il nous a rappelé que l’élément de base de la ration de la vache, c’est l’herbe fraîche. D’où la difficulté de nourrir ses animaux en saison sèche. D’où la nécessité de stocker du fourrage de qualité pour aider notre bétail à passer cette saison.

Or la paille sèche n’est pas un fourrage de qualité. On obtiendra un fourrage de qualité en fauchant des herbes de qualité, des herbes nourrissantes et en les fauchant au bon moment (au plus tard à la floraison ; ici, le plus souvent, en septembre). Ce qui n’est pas toujours facile car il faut le faire sécher et le mettre à l’abris avant qu’il soit frappé par la pluie.

Il faut savoir qu’un foin de qualité est très différent de l’herbe sèche . La paille sèche peut permettre à une vache de survivre, mais ne lui permet pas de donner du lait, et surtout pas en quantité.
D’abord parce que en séchant l’herbe perd beaucoup de ses qualités nutritives, et aussi parce que la vache n’a pas beaucoup d’appétit quand on lui offre seulement de l’herbe sèche.Un trou dans la latérite peut suffire pour faire des bottes de  foin

Une vache consomme facilement 20 à 22 kg d’herbe verte (qui contient beaucoup d’eau) ou 5 à 6 kg de foin de qualité (et dans ces deux cas, elle peut donner 5 litres de lait par jour). Mais elle ne consommera que 4 kg d’herbe sèche (pour donner 1 ou 2 ltres de lait ; et le veau ne nous laissera rien !)
Retenons que si nous voulons que nos vaches laitières nous donnent du lait en saison sèche, il nous faut leur donner, chaque jour, 5 à 6 kg de foin de qualité.
La semaine prochaine, nous parlerons des compléments alimentaires, qui ne sont que des compléments, et qui donc ne remplaceront jamais le fourrage (herbe ou foin).

Parmi ces compléments alimentaires, nous connaissons le tourteau de coton. Mais actuellement, il manque cruellement, ou il est devenu hors de prix ! Mais nous verrons que le soja, que nous connaissons encore mal (au Burkina) peut remplacer avantageusement le tourteau de coton (que nous connaissons, mais qui est indisponible !)

Koudougou, le 10 mai 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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Transhumance transfrontalière Les acteurs à la recherche de solutions consensuelles

Combien de conflits enregistre t-on chaque année dans les zones frontalières ? Personne ne saurait le dire avec exactitude. Ce qui est certain, de dizaines, voire de centaines de rixes opposent chaque année, les éleveurs transhumants et les agriculteurs sédentaires de part et d’autres des frontières. Parfois, on déplore malheureusement des pertes en vie humaine. Pour réduire ces risques d’affrontement, le Réseau Billital Maroobe (RBM) a réuni à Gogounou au Bénin, dans le cadre d’un forum, différents acteurs de la question de la transhumance transfrontalière. Autorités étatiques (du Bénin, du Burkina Faso, du Niger, du Togo et du Nigéria), organisations régionales (CEDEAO, UEMOA, CILSS, Autorité du Liptako Gourma), organisations d’éleveurs et leurs partenaires techniques et financiers (SNV, OXFAM Novib, Agriterra) ont fait, du 14 au 16 avril, l’état des lieux de la transhumance transfrontalière et arrêté une feuille de route pour rendre, dans les années à venir, cette transhumance apaisée et rentable pour tous les acteurs.
Sur l’état des lieux, le constat fait est que les pays d’accueil, le Bénin et le Togo, considèrent la transhumance comme un problème. Elle est synonyme de dégâts de récoltes, de dégradation de l’environnement, de viol et de banditisme. En effet, entre décembre et mai, des éleveurs du Burkina et du Niger amènent leurs troupeaux au Bénin et au Togo à la recherche de meilleurs pâturages. Ce sont de milliers d’animaux qui sont concernés. Considérant ces transhumants comme responsables des maux cités plus hauts, le Togo a adopté en 2008 un texte qualifié de contraignant pour les éleveurs car impose des taxes d’entrée de 5000 francs par tête de bovin et un droit de pacage de 500 francs par " bête ". En outre, ce règlement est une porte ouverte pour les impositions illégales, l’abatage des animaux, l’emprisonnement des bouviers. Des barrières artificielles et illicites sont dressées par les agents de l’administration publique, militaire et paramilitaire qui imposent de taxe en guise de droit de passage ou de pacage. Le paiement de 5000 f CFA n’épargne pas donc au transhumant le paiement d’autres taxes. Avec la décentralisation, chaque commune traversée exige aussi 500 f par tête. Cette pratique est commune aux deux pays d’accueil, le Togo et le Bénin. Les témoignages d’éleveurs font état de persécution, d’emprisonnement, d’escroquerie et de nombreuses autres brimades qu’ils vivent le long de la période de transhumance. La détention des documents requis n’est pas un bouclier qui permet d’éviter le rançonnement des agents publics et des forces de l’ordre. Les amendes sont souvent lourdes et sont supérieures ou égales à cinq cent mille francs CFA.
La feuille de route prévoit, quant à elle, que les Etats harmonisent leurs législations sur la question, cela conformément aux dispositions communautaires (CEDEAO et UEMOA) sur la libre circulation des personnes et des biens. Elle préconisent également l’adoption d’une charte de gestion des parcours prenant en compte les postes d’entrée, les couloirs de passage, les zones de pâturage, les postes vétérinaires et les points d’eau pastoraux. Enfin, dans la feuille de route, il est recommandé de faire une étude pour quantifier les apports de la transhumance dans les économies nationales et sous régionales. Cette étude offrira aux planificateurs et aux politiques une base réelle pour la formulation et l’adoption des politiques de développement.
Ce forum de Gogounou n’est pas le premier à être organisé sur la question de la transhumance. Il fait suite à deux autres rencontres tenues à Maradi en janvier 2008 et à Gogounou en juillet de la même année. Outre la question de la transhumance, ces deux dernières rencontres avaient traité aussi de la commercialisation transfrontalière du bétail. Le RBM estime en effet qu’il ne faut pas voir la transhumance uniquement sous le prisme de problèmes à résoudre. Elle est aussi " vitale pour préserver les moyens d’existence locaux et favoriser le commerce et les échanges ". Les communautés locales sédentaires ont aussi leurs intérêts dans cette mobilité transfrontalière des animaux. Elle contribue à l’animation des économies locales avec la création de marchés locaux et des marchés à bétail, d’où convergent des transhumants et de nombreux commerçants venus de divers horizons ; l’amélioration génétique dans le secteur de l’élevage des ruminants ; l’enrichissement des sols dans les zones de pacages et les zones de transit. Ce sont autant d’intérêts générés par la transhumance et de part et d’autres des frontières. Les différents acteurs sauront-ils mettre en pratique les mesures adoptées à Gogounou pour préserver ces avantages ?

Docteur Ibrahim Aliou, Secrétaire général d’APESS
" Il est illusoire de penser qu’on peut arrêter la transhumance "

"Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour que le pastoralisme soit pris en compte valablement par tous ceux qui sont concernés. Parce qu’il ne faut pas se tromper, beaucoup de gens pensent qu’on va arrêter la transhumance parce que ça cause beaucoup de problèmes, parce qu’il y a trop de conflit derrière. Si chacun comprend les exigences de l’activité de l’autre, je crois qu’on peut s’asseoir et s’entendre. Mais c’est illusoire de penser qu’aujourd’hui on peut arrêter la transhumance dans notre sous région pour ne pas avoir des problèmes. Au contraire, en cherchant à arrêter la transhumance, on va avoir beaucoup plus de problèmes qu’en cherchant à la réglementer. Mais il y a aussi qu’aujourd’hui, réglementer veut dire respecter les textes à la fois du côté des éleveurs que des pays, respecter les textes sous régionaux que les Etats ont signés. Mais aujourd’hui, il faut reconnaître que ces textes sont dépassés. Par exemple, le certificat de transhumance de la CEDEAO qui date de 1998 n’est plus adapté à notre contexte. Il faut obligatoirement revoir ce certificat international de transhumance

Pourquoi ce n’est plus adapté ?

Ce n’est plus adapté parce que le certificat exige qu’avant que l’éleveur aille en transhumance, il faille qu’il dise par où il va passer, son itinéraire, où est-ce qu’il va aller, etc. L’année 2009 par exemple a connu une grande sécheresse au Sahel. Cela veut dire que les pâturages sont secs et les points d’eaux sont secs de manière prématurée. Si les pâturages sont secs, il y a des départs précoces en transhumance. Quelqu’un qui est dans l’urgence de partir ne va pas s’annoncer deux mois pour attendre l’autorisation avant de partir. Il y a des pays qui exigent qu’on les avertisse deux mois avant. Moi je trouve ça complètement aberrant. Ce n’est pas adapté aussi parce que quand on vous dit qu’il faut un itinéraire à respecter, aujourd’hui les pistes à bétail sont bouchées par les champs. Même si elles ne sont pas bouchées, il n’y a pas d’aménagement tout le long du couloir pour que les animaux puissent vivre parce qu’un animal qui est en déplacement doit manger et boire. Or, si on met des couloirs de transhumance où il n’y a ni point d’eau ni aire de pâturage, il est évident qu’un éleveur ne peut pas le respecter parce que le respecter, ça veut dire qu’il envoie ses animaux à l’abattoir. Ce n’est pas adapté. Pour que ce soit adapté, il faut que dans les zones et les pays de départ, qu’il y ait des investissements, qu’il y ait régénération des sols et des pâturages, qu’il y ait des investissements en matière de points d’au et des aires de pâturage pour retarder le maximum possible les départs en transhumance. En même temps, il faut que tout le long des couloirs de transhumance, qu’il y ait des zones de pâturages et des points d’eaux. Et dans les pays et zones d’accueil, il qu’il y ait les mêmes investissements. Or, ces investissements sont très coûteux. Beaucoup d’efforts ont été faits par les Etats et par la CEDEAO, mais nous disons qu’il reste plus d’efforts encore à faire. Et je crois que dans ce cadre là, en travaillant avec la CEDEAO, je crois d’ailleurs que la CEDEAO est entrain de mettre en œuvre le programme agropastoral et dans le cadre de ce programme, il est prévu ces investissements là. Je crois que ça peut aboutir, donc il faut réadapter ces mécanismes.
Maintenant par rapport aux perspectives, néanmoins, nous sommes de ceux qui pensent qu’en même temps que nous cherchons à réglementer, il faut engager une réflexion prospective sur le devenir de l’élevage, sur le pastoralisme à l’horizon trente ans. A l’horizon trente ans, les problèmes qu’on vit aujourd’hui ne vont pas diminuer. La démographie augmente, les champs vont augmenter et si les champs augmentent, ce sont les pâturages qui vont être réduits. Aujourd’hui, il y a un autre phénomène qui apparaît en Afrique, c’est la pression commerciale sur les terres agricoles et c’est les pâturages qui vont diminuer. Donc en tant que des associations responsables qui travaillent dans l’activité de l’élevage, il est nécessaire et fondamental pour nous d’engager une réflexion prospective sur le devenir de l’activité. Quelles sont les alternatives qu’on peut proposer et comment faire en sorte que cette activité se déroule le mieux possible les années à venir ? Et ça, APESS (Association pour la Promotion de l’Elevage au Sahel et en Savane) est disposée à engager ces réflexions et d’ailleurs ça fait partie de notre agenda et donc la collaboration avec les autres associations permettra d’engager ce débat".

Idrissa Barry

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LUTTE CONTRE LE PALUDISME : Une pulvérisation de masse en vue dans la Bougouriba

Le mardi 4 mai 2010 a eu lieu à Diébougou, chef-lieu de la province de la Bougouriba, une rencontre de plaidoyer en faveur de la campagne de pulvérisation intra-domiciliaire (PID). Il s’est agi de faire une mobilisation sociale pour la réussite de l’événement prévu pour le 12 mai. La rencontre était placée sous la présidence du gouverneur du Sud-Ouest, Komyaba Pascal Sawadogo, entouré du haut-commissaire de la Bougouriba, Antoine Atiou, du représentant résident de la Recherche triangle institue (RTl), Adama Koné. Le public convié était composé des directeurs provinciaux, des maires, des préfets, des autorités coutumières et religieuses, des associations œuvrant dans le domaine de la santé.riviere_bambassou

Dans le cadre de la lutte contre le paludisme, le Burkina a reçu l’appui technique et financier de l’Agence américaine de développement international (USAID) pour la mise en œuvre d’une campagne de pulvérisation intra-domiciliaire (PID) dans le district sanitaire de Diébougou. Ledit appui a été possible grâce à la collaboration du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) et de Recherche triangle institue (RTI).

Après la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées en 2009, Diébougou peut s’enorgueillir de recevoir à nouveau une phase pilote d’un projet de lutte contre le paludisme. Dans un souci d’efficacité, les initiateurs du projet ont initié une rencontre de plaidoyer le mardi 4 mai 2010 à Diébougou. Les objectifs poursuivis, selon Adama Koné, représentant résident de RTI, sont d’informer les autorités sur les activités relatives à la campagne de pulvérisation, d’obtenir leur adhésion et leur engagement afin de contribuer à la mobilisation des populations du district sanitaire de Diébougou pour la mise en œuvre de la campagne.

La pulvérisation intra-domiciliaire consiste à l’application d’insecticide à effet rémanent sur les murs internes et les plafonds des maisons d’habitation dans le but de tuer les moustiques vecteurs du paludisme. Pour cette phase pilote, plus de 25 000 concessions seront concernées, selon le médecin- chef du district sanitaire de Diébougou, Dr Issa Ouédraogo. L’extension de l’opération à l’échelle nationale dépend de la réussite de cette phase pilote, a fait savoir Dr Ouédraogo. Pour ce faire, il a invité les populations à nettoyer les maisons, à prévoir au moins 10 litres d’eau pour la préparation du produit. Il les a invitées surtout à accompagner le gouvernement dans ses efforts d’éradication de cette maladie qui, selon les statistiques, est la première cause des consultations dans les formations sanitaires, de morbidité et de mortalité.

Par cette campagne de pulvérisation, le Burkina voudrait, à terme, réduire considérablement voire éradiquer le paludisme comme ce qu’a fait l’île de Zanzibar. Pour le gouverneur du Sud-Ouest, Komyaba Pascal Sawadogo, cette expérimentation viendra renforcer les acquis des moustiquaires MILDA distribuées en 2009. De son avis, si la province de la Bougouriba a été choisie à nouveau pour une phase pilote de lutte contre le paludisme, c’est sans doute parce que la première a été une réussite. Pour rester dans cette dynamique, il a exhorté les différents acteurs à tout mettre en œuvre pour la réussite de l’opération. Par ailleurs, la direction régionale de la santé du Sud-Ouest a fait un plaidoyer sur le 3e passage des journées nationales de vaccination (JNV) contre la poliomyélite. Elle a invité les différents acteurs à s’impliquer afin qu’elles soient une réussite.

François SOME (Collaborateur)

Le Pays

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Chefs coutumiers du Ganzourgou : Un front pour un statut constitutionnel

Il s’est tenu, le 8 mai 2010, à Salogo, dans la province du Ganzourgou, une assemblée générale du Cadre de concertation des chefs coutumiers de Ganzourgou (CCCG). Des travaux, qui se sont déroulés à huis clos, s’est dégagée une revendication : un statut constitutionnel aux « têtes couronnées » du Burkina.

Salogo ; 25 km au nord de Zorgho, chef-lieu de la province du Ganzourgou ; et à 111 km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Nous sommes à l’intérieur du palais du chef du canton de ladite localité, qui accueille la septième assemblée générale des bonnets rouges du Ganzourgou. Avant de prendre place, échange de poignée de main avec nos hôtes.

Lors de ces salutations d’usage, prenant un d’entre eux pour le chef, car habillé en pagne à l’effigie du Moogh-Naaba Bâongo, nous lui faisons la révérence. « Qui est le chef ? », nous demanda….. un homme à la stature imposante, qui n’était autre que le maître des lieux, le Naaba Boulga de Salogo. Il mit rapidement fin à notre embarras en se reprochant de n’avoir pas porté de signe distinctif, notamment son bonnet.

Dehors, les populations des 15 villages du canton de Salogo, massivement mobilisées pour la circonstance, sont tenues en haleine par cinq troupes de danse qui de « kegba », qui de warba ou de wedbindé. A 10 heures passées d’une vingtaine de minutes, commence le ballet des chefs.

Le Naaba Boulga de Salogo accueille ses hôtes à l’entrée de la cour sous des coups de fusils et de tam-tams, puis les installe dans le salon de son palais, où dans le décor, il avait pris soin de placer une calebasse de beurre de karité, symbole de son canton. 25 chefs sont enregistrés sur la liste de présences.

Le Naaba Boulga offre le rituel zoom-koom de bienvenue à ses pairs avant de les convier à regagner le salon du palais pour la rencontre, qui s’est déroulée à huis clos, sous l’égide du président du CCCG, le Naaba Saaga de Meguet.

Trois dossiers étaient à l’ordre du jour de ce conclave, selon le compte rendu fait par le porte-parole des chefs, le Naaba Padré de Nedogo, secrétaire général du CCCG, une association créée en 2006 à Kogho, à l’issue d’une assemblée générale constitutive. Les débats, a-t-il indiqué, ont porté sur des questions relatives à la vie et au développement de leurs principautés.

Les échanges, selon lui, qui se sont déroulés dans un climat fraternel, ont abouti à des conclusions enrichissantes. Ils ont permis de débattre des préoccupations communes aux cantons, notamment des problèmes frontaliers, et de répertorier les actions à mener pour le maintien d’un climat de paix entre les chefs coutumiers et entre les populations de leurs principautés.

Pour ce faire, ils ont convenu de gérer de façon concertée les conflits fonciers et de renforcer le partenariat au sein de leur collectif. Les membres du CCCG se sont également engagés à redoubler leurs efforts dans la lutte contre les fléaux sociaux tels que le mariage forcé, l’excision, la chasse données aux femmes accusées de sorcellerie…

« Plus question de se servir de nous pour des voix »

Un sujet imprévu, a indiqué le secrétaire général du CCCG, s’est invité à cette septième assemblée générale : il s’agit de la question de la place et du rôle des chefs coutumiers dans le contexte de la décentralisation.

Car, s’en est indigné le Naaba Padré de Nedogo, les chefs coutumiers, qui jouent un rôle prépondérant dans le développement au niveau de leur commandement, sont, avec l’avènement de la communalisation, devenus des laissés-pour-compte.

Aussi a-t-il lancé un appel au gouvernement à donner un statut clair, avec une base institutionnelle, à la chefferie traditionnelle et coutumière. A écouter Naaba Padré, ce sujet semble avoir dominé le débat entre les chefs. Sur la question, il a été catégorique :

« Il faut qu’on nous définisse une place constitutionnelle…au lieu de s’intéresser à nous lorsqu’on a besoin des voix de nos administrés pour nous oublier après les scrutins ». Il est temps que le Burkina prenne, a expliqué Naaba Padré, l’exemple de certains pays voisins, comme le Ghana et le Niger, où les chefs ont un statut clair.

Avec la saison des pluies qui s’annonce, l’assemblée a en outre recommandé de traiter avec sagesse les problèmes fonciers, qui sont récurrents pendant cette période. La terre, reconnaît Naaba Padré, appartient certes à l’Etat selon la loi, mais elle a toujours un propriétaire traditionnel.

L’Administration, a-t-il dit, a montré ses limites dans la résolution des questions foncières, contrairement aux autorités coutumières, qui ont donné la preuve de leurs compétences en la matière.

Quant aux conclusions des travaux, le Naaba Padré a assuré qu’un compte rendu serait fait de concert avec leur supérieur hiérarchique, le Baloum-Naaba, à sa majesté le Moogh-Naaba Bâongo.

L’espace aménagé de la SONATUR à Sapaga

Un différend foncier divise actuellement les communes de Koupélà, de Pouytenga et de Zorgho. C’est ce qui est ressorti de nos échanges avec le porte-parole du CCCG : il concerne une zone aménagée par la SONATUR à Sapaga et qui serait revendiquée par les deux premières communes citées.

Or, selon le Naaba Padré, cette zone fait partie intégrante du territoire du chef de Zorgho, qui, d’ailleurs nomme celui de Sapaga. Sur la question, le Naaba Padré s’est voulu catégorique : « Nous ne nous laisserons pas déposséder notre contrée ». Le problème demeure pendant, et il est confiant qu’il sera réglé un jour ou l’autre.

Toutefois, prévint-il, « si l’Administration ne veut pas nous départager, on finira, nous, coutumiers, par trancher le problème à notre manière ». N’eût été l’engagement de ses pairs du Ganzourgou pour un règlement pacifique du différend, affirme notre interlocuteur, une guerre civile aurait éclaté.

Hamidou Ouédraogo

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Fondation Suka : le cancer ne passera pas par les enfants

Malgré les actions des pouvoirs publics, la prise en charge des enfants malades du cancer demeure une préoccupation majeure dans notre pays. C’est suite à ce triste constat que la Fondation Suka , dont le crédo, depuis la création est de favoriser le mieux-être des couches vulnérables, en l’occurrence les femmes et les enfants, a décidé de mener la lutte contre ce fléau. Chantal Compaoré, épouse du chef de l’Etat et présidente de la fondation à l’honneur est d’autant plus déterminée que le mal n’épargne aucun pays, ni aucune couche sociale.

C’est même une des premières causes de mortalité dans le monde, déplore la Première dame. « Chaque année, plus de 160 000 enfants sont diagnostiqués et environ 90 000 en meurent », a-t-elle révélé en notant que pourtant, « avec un traitement rapide et efficace, la plupart des cancers peuvent être guéris ». Mais, une fois de plus, et comme dans d’autres et nombreux cas, le mal est au sud alors que les médicaments sont au nord.

Ce n’est pas Mme Compaoré qui dira le contraire, elle qui regrette que dans les pays développés, le taux de survie soit de près de 80% alors que « dans les pays en développement, où 80% des enfants atteints du cancer vivent, et où l’accès à un diagnostic précoce, l’accès à l’information et à des soins efficaces ne sont pas encore disponible, il chute à 20, voire 10% ». D’où toute la noblesse et surtout le sens du combat de la Fondation Suka, qui, pour marquer ses 20 ans d’existence, a décidé d’« améliorer la prise en charge médicale et psychosociale des enfants atteints du cancer au Burkina Faso ».

C’est dans cette logique que la « Fondation Suka pour la protection de l’enfance », qui a déjà, à son acquis, un long chapelet d’activités au profit de l’épanouissement des enfants et de la femme, a organisé, le samedi 8 mai dernier à Ouagadougou, une soirée de bienfaisance.

Plus qu’une manifestation festive, ce fût l’occasion pour Chantal Compaoré et ses collaborateurs d’opérer une collecte de fonds, en ralliant à la cause des enfants malades du cancer, nombre d’opérateurs économiques de la place, qui n’ont pas hésité à sortir leur chéquier. Pour la soirée, la présidente de la Fondation Suka n’a pas manqué de soutien, avec à ses côtés son époux qui a également mis la main à la poche, tout comme d’autres citoyens soucieux des problèmes de l’enfance. Blaise Compaoré a offert 20 millions de francs CFA pour soutenir la structure dans sa quête permanente de bonheur pour les enfants.

Morin Yamongbè

Fasozine

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Départ de Shell du Burkina : Les travailleurs exigent d’abord d’être dédommagés

Les travailleurs de Burkina & Shell sont plus qu’inquiets depuis que sur Radio France internationale il était question du retrait de Shell de l’Afrique. Après avoir eu la confirmation de cette nouvelle auprès des hauts responsables de la société, ces derniers exigent « un dédommagement conséquent d’abord » avant le départ de Shell. C’est ce qu’ont laissé entendre les délégués du personnel de Burkina & Shell le samedi 8 mai 2010 à la Bourse du travail à Ouagadougou.

Burkina et Shell est une société anonyme de droit burkinabè qui opère dans notre pays depuis 1955. Le groupe Shell détient actuellement 59% des actions contre 10% à l’Etat burkinabè. Forte d’un réseau de 33 stations- service et d’importants clients consommateurs (Essakane, Somita, Sonabel, Sofitex, Fadoul, Cogeb…), la société compte actuellement 32 employés permanents contre 76 en 2005. Elle emploie indirectement plus de 600 personnes à travers des relations contractuelles.

Dans la déclaration liminaire, Aimé Benoît Compaoré, entouré des deux autres délégués, Moussa Ouédraogo et Silvestre W.R. Ouédraogo, a indiqué qu’en début janvier 2010, après l’information donnée par RFI sur le départ éventuel de Shell du continent africain sans dédommager son personnel, le groupe Shell a répondu, par une correspondance, au personnel qu’il s’agissait de rumeurs non fondées.

En mi-mars 2010, toujours sur la radio, il est question des détails et des conditions de départ de Shell, a relevé le délégué qui précise que c’est en ce moment que le Groupe s’est vu obligé de se dédire en confirmant son départ de l’Afrique sans dédommagement du personnel, en rassurant que les emplois seraient sauvegardés.

Les représentants des travailleurs, faisant foi à un accord signé en 2006 entre Burkina & Shell et le personnel prenant en compte les cas de départs négociés, les transferts, etc., exigent donc d’être dédommagés conséquemment. Ils ont pris d’ailleurs l’exemple de leurs camarades qui avaient été dédommagés, conformément audit protocole, avant d’être transférés au nouvel acquéreur, lorsque Shell a décidé, en 2008, de l’externalisation de l’activité informatique.

S’agissant de la sauvegarde des emplois, les conférenciers ont estimé que cela ne constitue pas une gratification de la société mais émane plutôt du respect des lois et textes en vigueur (article 91 du code de travail du Burkina). Et à ce niveau, disent-ils sceptiques, qu’est-ce qui prouve qu’Oil Libya, qu’on dit être le nouvel acquéreur qui aurait déboursé 1,3 milliard de dollars, ne les mettra pas dans la rue 1 ou 2 ans après. « On a de nombreuses situations similaires dans notre pays qui se sont achevées de manière dramatique », a déploré Aimé Benoît Compaoré.

Les employés de Burkina & Shell ont exhorté l’appui des autorités compétentes, de la population, des médias dans la revendication de leurs droits qui s’articulent autour des points suivants : le respect du protocole signé entre la société et le personnel ; la mise en place de la retraite complémentaire comme dans les autres pays ; le paiement d’une prime de cession à l’ensemble du personnel pour avoir amené l’entreprise à de très bons résultats ; la garantie par des accords écrits, des avantages et acquis sociaux du personnel avec le nouvel acquéreur.

Les délégués du personnel ont tenu à lever toute équivoque en faisant savoir que Shell ne se retire pas de l’Afrique notamment du Burkina Faso parce que sa situation est déficitaire. La preuve, en 2009, dans notre pays, la société a même fait le meilleur résultat financier du groupe Afrique. Selon eux, c’est un changement de stratégie du groupe qui ne veut plus faire de la distribution car cela demande, entre autres, des investissements et ce serait moins rentable. Ainsi, c’est l’intervention en amont (gestion des puits de pétrole) qui intéresserait Shell.

Le retrait du groupe va donc concerner 21 pays africains, exceptée l’Afrique du Sud. Concernant le montant de dédommagement exigé par les travailleurs, même si les animateurs de la conférence ont évoqué des clauses confidentielles, ils ont, toutefois, mentionné que c’était l’équivalent de quelques années de salaire brut entre 12 et 30 mois, avec en sus une couverture médicale .

Cyr Payim Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Erection de Gnamé en village : « Tous les critères ont été respectés », rassure le MATD

Dans la commune rurale de Zambo dans la province du Ioba, l’érection d’un quartier en village a créé une tension entre le nouveau village (Gnamé) et son voisin (Tovor). Mais qu’en est-il exactement de cette crise ? Quelle situation prévaut dans cette localité ? Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentratlisation (MATD) tout en appelant au calme rassure que les critères ont été remplis par Gnamé.

La commune rurale de Zambo est composée de 21 villages dont Tovor, Zambo, Tiérétéon, Forotéon,…et fait frontière avec la commune rurale de Dissin. Un ravin sépare les deux villages les plus proches, à savoir Done dans la commune de Dissin et Gnamé dans la commune de Zambo. Gnamé était un quartier de Tovor, selon certaines personnes mais les habitants de ce village se faisaient recenser à Done (Dissin).

Depuis février 2010, Gnamé a été érigé en village et rattaché à la commune de Dissin. La tension est donc née d’une part à cause de son érection en village que le chef de terre de Tovor, Jules Poda trouve inadmissible, car étant son hameau de culture, d’autre part, du fait de son rattachement à la commune de Dissin auquel s’oppose le premier adjoint au maire de Zambo, Kévin Somda. Il trouve anormal l’érection de Gnamé en village et aussi le morcellement de la commune de Zambo.

« Quand j’ai appris officieusement l’érection de mon hameau de culture (Ndlr : il parle de Gnamé) en village, j’ai voulu savoir ce qui se passait car je suis mécontent qu’une telle décision soit prise sans me consulter. Alors je me suis déplacé pour aller voir ces gens qui occupent mes terres qui leur avaient été données pour exploitation », explique Jules Poda.

Et de poursuivre : « Quand je suis arrivé, j’ai été hué et quand je parlais, ils (les habitants de Gnamé) faisaient du bruit en tapant des ustensiles de cuisine, ne voulant pas écouter ce que je disais ».

Cela a été confirmé par le chef de terre de Gnamé, Ananie Somda et le directeur général des Transports terrestres et maritimes, Joachim Méda, ressortisant de Gnamé qui rétorque « Ce jour (Ndlr : le jour que le chef de terre de Tovor a été hué) j’ai été contacté et j’ai immédiatement tenté de parler avec le 1er adjoint au maire de Zambo qui était venu avec le chef de terre de Tovor, Jules Poda, qui a refusé de me parler », a indiqué Joachim Méda.

Jules Poda se dit opposé à l’érection de Gnamé en village et à son rattachement à Dissin. « Comment voulez-vous émietter mes terres, ignorant mon existence ? », s’indigne-t-il. Le chef de terre de Gnamé, Ananie Somda répond : « Nous avons reçu le chef de terre de Tovor, Jules Poda et ses accompagnants sans être prévenus et comme déjà la tension se faisait sentir, il n’y a pas eu de réunion car ils ont tenu des propos vindicatifs », note-t-il.

Notre ancêtre est venu du Ghana trouver que cette localité était inhabitée et nous en avons fait notre propriété, donc les terres nous appartiennent. Quand les habitants de Gnamé sont venus demander la terre, nous la leur avons donnée car ils voulaient cultiver.

Maintenant qu’ils veulent s’approprier nos terres de culture, nous ne serons jamais d’accord avec cela », soutient Jules Poda, chef de terre de Tovor. Le chef de Gnamé, Ananie Somda explique : « Avant, Gnamé ne dépendait pas de Tovor mais de Done.

Les terres nous ont été données par Tovor qui, à son tour, les avait reçues de Done d’où nous sommes originaires et notre objectif est que Gnamé soit autonome comme Tovor, Tiérétéon… », a indiqué Ananie Somda. Pour le chef de terre de Zambo, Tchianéyéro Palenfo, Tovor et Gnamé relèvent coutumièrement de Zambo. Et le premier adjoint au maire de Zambo, Kévin Somda soutient quant à lui, que Tovor et Gnamé relèvent de la commune rurale de Zambo. « Gnamé est commandé par Tovor qui, à son tour, est dans la tutelle de Zambo.

En fait, je ne suis pas contre l’érection de Gnamé en village mais contre son détachement pour la commune de Dissin », a indiqué Tchianéyéro Palenfo. Pour le chef de Done, Achille Meda, Gnamé ne relève ni de Tovor, ni de Zambo mais de Done. Car les terres de Zambo et de Tovor sont leurs propriétés. « L’ancêtre de Done est l’autochtone de la région.

Nous sommes les premiers à traverser la Volta en provenance du Ghana. C’est nous qui avons donné l’autorisation de la construction de la préfecture de Zambo, car c’est notre domaine. Celui qui a fondé Zambo, est un des nôtres. Nous avons permis l’installation de l’ancêtre de Tovor et son autonomie contre 240 cauris, 2 poules et un canari de dolo. Les habitants de Gnamé sont originaires de Done et l’ancêtre de Tiérétéon est un neveu de Gnamé », justifie Achille Somda.

L’érection de Gnamé en village, légale ou illégale ?

L’érection de Gnamé en village et son rattachement à la commune de Dissin sont des points qui ont été inscrits à l’ordre du jour des réunions tenues les 6,7 et 8 mars 2010 par le conseil municipal de Zambo. « Les conseillers à l’unanimité ont demandé le rattachement de Gnamé à la commune de Zambo et non à celle de Dissin.

Entre ces deux communes, il y a une limite naturelle qu’est une rivière, Gnamé relève du territoire coutumier de Tovor (Zambo). La majorité des populations de Gnamé relève de Tovor », lit-on dans le compte rendu des réunions du conseil adressées au haut-commissaire de la province du Ioba.

Le directeur général des Transports, Joachim Méda, nous explique pourquoi Gnamé a été érigé en village. « Gnamé n’a jamais rien bénéficié de l’Etat en matière d’infrastructures socioéconomiques, même pas un puits. Nous avons déposé tous les dossiers qui ont suivi le cours normal. N’oubliez pas que c’est la 3e demande qui a abouti. Car la 1re date de 1987 », nous a confié Joachim Meda. Le premier adjoint au maire de Zambo, Kévin Somda trouve que Gnamé ne remplit pas toutes les conditions pour être érigé en village.

« Comment voulez-vous que Gnamé qui est la limite entre Tovor et Tiérétéon soit un village et même rattaché à Dissin. Les dernières concessions de Gnamé et de Tovor sont à moins de 80 m de distance et Gnamé n’a pas plus de 5 concessions et ne remplit pas les conditions de distance et d’habitants », a noté Kévin Somda.

Joachim Méda réplique : « Nous avons environ 402 habitants au dernier recensement. La distance n’est pas fondamentale. Si le dossier ne remplissait pas toutes les conditions, Gnamé n’allait pas être érigé en village », a répondu Joachim Méda. Dans le compte rendu des réunions du conseil municipal de Zambo des 6,7 et 8 mars 2010, il ressort que sur les 28 concessions recensées, 25 relèvent de Tovor et 3, de Done.

Pour les critères d’érection d’un village, il faut avoir au moins 20 concessions, plus de 100 habitants, 3 km de distance avec le village voisin, nous confie Kévin Somda. Ces critères ayant permis d’ériger Tiérétéon en village en 2002. Pour les enquêtes administratives devant légitimer l’érection de Gnamé en village, le chef de terre de Tovor dit n’avoir reçu aucun gendarme pour cela.

Le découpage administratif est remis en cause par Achille Méda, chef de Done. « Comme malgré nos multiples démarches auprès des autorités, nous n’avons pas eu gain de cause et comme la vérité finit par triompher, nous avons planté un fétiche sur les terres qui va trancher et les conséquences sont énormes », a déclaré Jules Poda, chef de terre de Tovor.

Chose confirmée par Ananie Somda, chef de terre de Gnamé, mais dit-il « Nous ne craiyons pas cela car nous sommes sur la bonne voie. Nous avons aussi fait un fétiche pour l’annuler », affirme Ananie Somda. Dans cette localité de la région du Sud-Ouest, l’ambiance est morose, les uns évitent les marchés des autres, la cohésion sociale quasiment inexistante, car des persona non grata ont été déjà identifiés..

Tovor dit avoir assez supporté les provocations de Gnamé et de Done qui selon ses habitants, font des fétiches sur leurs terres, et Gnamé et Done accusent Tovor de s’acheter des armes blanches au Ghana. C’est d’ailleurs une accusation mutuelle.

Le chef de Done dit attendre la saison pluvieuse pour voir, dit-il, à qui appartiennent les terres puisque Tovor a déjà lancé un ultimatum aux habitants de Gnamé leur demandant de quitter leurs terres s’il veulent être autonome. « Les personnes sur qui, on comptait pour la négociation sont interdits à Tovor », soutient Joachim Méda. Depuis février 2010, l’information est officielle. Gnamé a été érigé en village et rattaché à la commune rurale de Dissin.

Conséquence, il s’est constitué deux blocs dans cette partie de la région. L’un formé de Done, Gnamé et l’autre Zambo, Tovor, Tiérétéon. Une tension latente prévaut entre ces villages. Le chef de Brigade de la gendarmerie de Dissin, l’adjudant-chef Omar Napon se garde de tout commentaire sur la question lorsqu’il a été interrogé sur la situation, et nous a fait comprendre qu’il était nouveau dans la localité et donc, ne pouvait répondre à nos questions.

Quant au haut-commissaire du Ioba, il nous a renvoyé à sa hiérarchie. Le ministère de la l’Administration territoriale et de la Décentralisation à travers le directeur général des circonscriptions administratives et des frontières, Ernest Dramane Diarra notifie que Gname répond à tous les critères pour être érigé en village (Voir encadré ).

Wendyam Valentin COMPAORE (valentin.compaore@yahoo.fr)


Ernest Dramane Diarra nous donne les critières d’érection d’un hameau de culture en village

Le MATD à travers son directeur général des circonscriptioin administratives et des frontières, Ernest Dramane Diarra nous donne les critières d’érection d’un hameau de culture en village et nous situe sur la situation qui prévaut dans la commune rural de Zambo.

Sidwaya (S) : QueIs sont les critères pour ériger un quartier ou un hameau de culture en viIIage ?

Ernest Dramane Diarra (E.D.D.) : Les critères pour ériger un quartier ou un hameau de cuIture en viIIage administratif sont consignés dans le décret n°99-395/PRES/PM/MATS du 03 novembre 1999, portant conditions et modalités d’érection ou de suppression de viIIage au Burkina Faso.

Selon les dispositions dudit décret :

Peut-être érigée en viIIage, toute agglomération permanente comptant au moins cent habitants ou vingt familles et distante d’au moins trois kilomètres d’un autre viIIage ;
- I’aggIomération est considérée comme permanente Iorsqu’eIIe existe depuis au moins dix ans ;

- nonobstant ces dispositions, Ies sites aménagés à l’initiative de I’Etat peuvent être érigés en viIIages ;

- Ia demande d’érection d’une agglomération permanente en viIIage est formulée à I’issue d’une assemblée généraIe des habitants concernés. Elle est signée par Ie ou Ies mandataire (s) désigné (s) par cette assemblée générale et transmise sous Ie couvert du préfet et du haut-commissaire au ministre chargé de I’Administration du territoire. La demande timbrée à deux cents (200) francs doit comporter :

- l’identité et I’adresse compIète du ou des mandataire ; – – le nombre d’habitants ou de famiIIes ;
- I’historique de I’aggIomération.

Toute demande d’érection est obligatoirement accompagnée du procès-verbal de I’assembIée généraIe des habitants de I’aggIomération ;

Le préfet et Ie haut-commissaire, chacun à son niveau, procède à toutes Ies investigations jugées utiIes avant d’acheminer Ia demande accompagnée de Ieurs avis motivés.

S. : Le quartier de Gnamè, dans Ia commune ruraIe de Zambo, vient d’être érigé en viIIage. A-t-on respecté tous Ies critères dans cette situation ?

EDD : Tous Ies critères ci-dessus cités ont été respectés dans Ie cas d’espèce. La demande a été appréciée par Ie maire de Dissin. L’enquête administrative ordonnée par Ie préfet de Dissin et exécutée par Ia brigade territoriaIe de gendarmerie de Dissin a reçu un avis favorabIe des personnes concernées.

S. : : Le viIIage de Tovor conteste Ia propriété des terres à Gnamè et de son érection en viIIage, tandis que Ies autorités communaIes de Zambo s’opposent à son rattachement à Dissin. Que dit Ie ministère de tuteIIe ?

EDD : Le dossier a été bien éIaboré et a reçu un avis favorabIe des autorités IocaIes. Le ministère a donc donné Ia suite qui sied à Ia requête de Ia population concernée. Parfois il arrive que Ies responsables coutumiers fassent la confusion entre Ieurs Iimites territoriaIes et ceIIes administratives qui,eIIes sont fixées par I’Etat.

S : Le risque d’affrontement est évident dans Ia IocaIité. Qu’est-ce qui est fait pour résoudre cette crise ?

EDD : Les autorités IocaIes ont été instruites pour organiser des rencontres de sensibiIisation des popuIations concernées afin de Ies amener au caIme et à Ia retenue. En tout état de cause, des dispositions sont prises pour prévenir tout troubIe à I’ ordre pubIic.

Entretien réalisé par Wendyam Valentin COMPAORE

Sidwaya

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Bouillon de Culture

Jazz à Ouaga

" le temps passe, je demeure ! "

La crise financière internationale a réduit comme une peau de chagrin, les subventions que les généreux donateurs octroyaient aux festivals culturels à travers le monde. En Afrique, plus particulièrement au Burkina Faso où la culture s’exprime avec tambour et trompette sur un ton majoritairement militant (hormis les côcôs), ce sont paradoxalement les capitaux venant du Nord qui permettent le plus souvent de boucler les budgets des festivals des arts et de la culture. Nos amis du FESPACO en savent quelque chose. Lorsque la manif culturelle parvient à tenir pendant longtemps sur ses pieds, on n’imagine pas la galère périodique vécue par les organisateurs. La culture étant le parent pauvre des investissements nationaux pour le développement, 50 ans après les indépendance… c’est pas facile, comme dirait mon ami Goama. Dans un tel environnement, on trouve tout de même des festivals qui parviennent à rester debout, à maintenir le cap contre vents et marées (au sens premier de l’expression SVP!). Alors, on ne peut que leur tirer le chapeau. Le Festival jazz à Ouaga qui célèbre cette année sa 18ème édition avec un podium bien garni est de ceux-là. Courage et persévérance, voici le leitmotiv qui anime l’association du même nom, qui parvient chaque fin avril à égayer Ouaga et d’autres villes du Burkina Faso de mille feux Jazzy. Du 23 avril au 1er mai, c’est 150 artistes sélectionnés parmi plus de 400 demandeurs qui sont venus répondre au rendez-vous annuel des Ouagalais. Toumani Diabaté qui n’avait pu honorer les éditions précédentes de sa majestique présence est dans la place avec sa fameuse kora. Après les Kora Awards qui ont plutôt déçu…Jazz à Ouaga promet du plaisir aux mélomanes du Faso avec un thème audacieux : "contribution du jazz dans l’éducation musicale et artistique des populations". (sic) "Grandir sans trahir, ne pas avoir la mémoire qui flanche, soigner ses plaisirs comme ses idées, ne rien sacrifier au succès, voilà le parcours d’un festival de musique à vocation planétaire. En dix huit éditions, jazz à Ouaga a fait un chemin étonnant.", précisent Abdoulaye Diallo Ménès, Anselme Sawadogo et les autres co-auteurs du Festival. Le résultat, c’est une programmation qui fait la part belle aussi bien au purisme qu’au métissage et qui nous promène allégrement entre les genres que réunit la grande famille du Jazz. Le vendredi 23 avril 2010, c’est le Nouveau trio Gitan qui a l’occasion d’ouvrir le bal. Si vous avez connu et aimé les Gypsy King, vous ne pouvez qu’adorer, le nouveau trio Gitan forcement. Venues de France, de Belgique, de Hollande, de Côte d’Ivoire, du Mali et du Burkina, des sonorités du monde émerveillent en ce moment même le "Pays des Hommes Intègres". Alors, pour mieux supporter la canicule et son lot de délestages, vous avez de bons prétextes pour être dehors les soirs pendant une semaine. Après les concerts, la terrasse d’Azalaï Hôtel Indépendance offre d’excellents jam session ou des bœufs plutôt délicieux vous seront livrés par des musiciens qui adorent que les couches tard apprécient et dégustent leurs improvisations de petits plats pleins de créativités. En 2005, ce fut un véritable régal. Cette année avec la première édition des DjangodOr (Reinhard) en Afrique, la poursuite de la caravane du Jazz (4ème édition) et le concours jazz performance, tout laisse croire que la fête tiendra toutes ses promesses. Que la fête soit belle ! Jazzistiquement vôtre !

Par Ludovic O Kibora

Soutenance doctorale
Dr. Idani Salifou explore l’histoire coloniale de Diapangou

Diapangou ou Japkangu est une commune rurale située à une quinzaine de kilomètre à l’Ouest de Fada sur la RN4. C’est l’histoire de ce Diema qui était à l’ordre du jour le 27 mars à l’Université de Ouagadougou. Dans l’amphithéâtre 2 de l’UFR sciences sociales, Salifou Idani avait une prestation devant un jury d’historiens togolais et burkinabè. Le thème de la soutenance ainsi intitulé "Approche Historique du Diema de Jakpangu (Burkina Faso) : Des Origines à la Conquête Coloniale" évoque dans son contenu le processus de peuplement de Japkangu, les institutions qui y existaient et leur fonctionnement, les relations des populations avec leurs voisins et les péripéties de la pénétration coloniale. Le système d’organisation sociopolitique de Japkangu à quelques exceptions près reste identique aux institutions et aux systèmes politiques traditionnels africains. Concernant le peuplement du Diema de Japkangu, Idani remonte jusqu’à l’arrivée des Toguyemba, les Gbenyieba et les Kpanda considérés comme les populations autochtones. La deuxième vague de peuplement est marquée par la pénétration des conquérants que sont les Tuliba. Ces derniers sous la direction de Piido vont mettre en place un système politique à structure centralisée. Enfin, d’autres populations sont venues après la région de Kakangu (Pama) et du Moogo, du Yanga et du Bisano pour les Zaoce. Au plan sociopolitique, le Diema comporte principalement trois couches sociales, à savoir : les Bulcinba (nobles), les Talginba (gens libres) et Yonbi (captifs). Pour ce qui est de la conquête du Diema, le doctorant relève qu’elle a été favorisée par les relations conflictuelles qui avaient cours dans le Gulmu surtout entre le diema de Fada et celui de Japkangu qui nourrissaient beaucoup de rivalité. Malgré la combativité du Jakpanbado Yuabili et ses alliés, la supériorité militaire des Européens qui avait signé un protectorat avec le Numbado, le roi de Nungu, a eu raison de la résistance du Diema de Japkangu. Les résultas de cette thèse de doctorat s’inscrivent dans le prolongement des travaux déjà réalisés par le même auteur dans son mémoire de maîtrise soutenu en 1991. L’appréciation du jury présidé par le Pr. Basile Guissou a valu d’être admis au grade docteur avec mention "honorable".

Boukari Ouoba


SOTIGUI KOUYATE, Une vie d’artiste !


Il est l’auteur, compositeur, chanteur de "Mariam Touré", dont se souviennent encore de nombreux soixante huitard du Faso. Ce tube à la mélodie suave et élégante a animé bien de booms (surprise partie, soirée dansante, autres appellations) de l’époque. Pourtant, Sotigui Kouyaté qui avait plus d’une corde à sa guitare professionnelle (footballeur professionnel, capitaine de l’équipe nationale du Burkina Faso dans les années 60, chanteur, infirmier, menuisier ébéniste, dactylo à la Banque d’Afrique occidentale, puis directeur de sa propre compagnie de théâtre.), a préféré consacrer le reste de sa vie au cinéma et au théâtre. Le Samedi 17 avril 2010, tout cela prit fin. L’immense talent de cet artiste né avait séduit Peter Brook qui l’avait fait venir en France pour jouer dans Mahabharata au théâtre. Propulsé sous les feux de la rampe après cette grande expérience théâtrale, Sotigui est sollicité pour de nombreux rôles par des réalisateurs européens et africains. On retiendra surtout sa brillante apparition en 1995, dans Keita ! L’héritage du griot, un long métrage de Dani Kouyaté, son fils. En 2000, il tient le rôle principal dans Little Sénégal, (l’histoire d’un Dakarois) de Rachid Bouchareb. Grâce à ce film, il remporte le prix de la meilleure interprétation masculine en 2001 au Festival International du Film Francophone de Namur en Belgique. En 2009, le même réalisateur franco-algérien rebelote avec lui en lui donnant encore un rôle de charme dans London River. Il n’en fallait pas plus pour que, le jour de la St Valentin 2009, lors de la 59ème édition du festival international du film de Berlin, l’Ours d’argent du meilleur acteur soit remis au Grand sage de la scène Sotigui Kouyaté. Talentueux artiste, il est l’un des rares comédiens à donner à cette catégorie d’artistes africains sa respectabilité. Chez nous au pays (pour parler comme mon ami Zézé), le réalisateur est plus en vedette que l’acteur. Sotigui et son talent ont donné plus de considération à ce métier d’art. De Pawego du Burkinabè Daniel Kollo Sanou (1983) en passant par Faro, la reine des eaux du Malien Salif Traoré, Sotigui a joué dans des dizaines de films en Afrique et en Europe. Celui qui se définit comme "Guinéen d’origine, Malien de naissance et Burkinabè d’adoption" est un véritable porte flambeau de l’Afrique de la diversité culturelle à travers ses expressions scéniques qui paraissent si naturelles que lorsqu’on le voyait en vrai, on avait du mal à faire la différence entre la personne et le personnage. "Je suis fils d’Afrique, citoyen du monde", déclarait-il encore récemment sur un plateau de télé française. En effet, bien que vivant ces dernières années entre la Suisse et la France, Sotigui est demeuré fondamentalement Africain tout en conservant une capacité inouïe d’adaptation à tout autre milieu. Avant la fête des 40 ans du FESPACO, Sotigui Kouyaté qui est le paternel de nombreux artistes et hommes de culture burkinabè, notamment Dani le cinéaste, et Hassan le fondateur du Festival de conte yeelen de Bobo-Dioulasso, Papa le scénographe, etc. a offert un joli cadeau d’anniversaire au cinéma africain tout entier, en décrochant cette distinction du meilleur acteur à Berlin. Lui qui s’est toujours considéré comme un artiste tout simplement en refusant d’être confiné dans le concept réducteur "d’artiste africain", a confirmé par cette distinction, que seul le travail paie. Très modeste, il refusait d’être considéré "le sage" comme aimaient le qualifier de nombreuses personnes. Pour lui, c’est le regard d’autrui qui donne de la valeur et consacre la valeur de l’individu. Très humaniste, Sotigui estimait que l’autre est une partie de nous-mêmes. Avec un prénom prédestiné, sa considération du prochain ne pouvait que renforcer l’esprit de partage, de cohésion et de paix sociale dont l’artiste était porteur. Sotigui est parti, sa graine demeure. Adieu l’artiste !

Par Ludovic O Kibora

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