Pr Elikia Mbokolo : « Dans 40 ans, nos enfants risquent de penser Macintosh, Coca-cola, Mac Donald »

Présent à Tripoli dans le cadre de la conférence régionale sur l’utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique, le Pr Elikia Mbokolo (E.M.), président du comité scientifique, situe à Sidwaya les enjeux de ce projet, ainsi que le rôle de l’histoire dans le développement du continent.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce que l’Histoire générale de l’Afrique (Hga) ?

E.M. : L’Histoire générale de l’Afrique (HGA) est une collection de huit volumes dont la publication s’est étalée jusqu’en 1999. C’est la première aventure intellectuelle collective de la première génération des historiens, scientifiques et universitaires africains qui visait à montrer que l’Afrique a une histoire et que cette histoire n’est pas venue d’ailleurs.

Ils ont expliqué également que l’indépendance n’était pas un cadeau, une concession mais le résultat de luttes menées par les Africains depuis les empiétements extérieurs. Ce qui est encore plus remarquable, et pour éviter des discussions à l’avenir, ils ont convaincu les meilleurs historiens non africains du moment qui avaient des compétences sur l’Afrique à participer au projet.

Cela a pris du temps et coûté de l’argent. C’est une entreprise intellectuelle unique en son genre. Le travail a été fait dans un contexte particulier avec une vision panafricaine. Malheureusement, le projet africain a souffert de l’évolution générale du panafricanisme dans le cadre de l’OUA et des difficultés des premiers moments de l’indépendance. D’autre part, à ce projet africain se sont greffés les projets nationaux. Tous les Etats devenus indépendants ambitionnaient de se constituer en nations et de développer leurs systèmes éducatifs avec des programmes historiques, mémoriels, muséaux, etc.

S. : Les livres demeurent méconnus du grand public. Peut-on savoir pourquoi ?

E.M. : Ces livres ont été publiés en Europe, coûtent donc cher et sont très volumineux. Donc l’ouvrage est resté le compagnon des universitaires, encore que tous les professeurs d’université n’en disposent pas. Donc le projet n’a pas connu le retentissement espéré. Cependant, Présence africaine a fait un pas en publiant une collection de poche. Ces volumes n’ont pas non plus reçu le succès escompté. Mais les historiens sont restés dans la vision panafricaine du projet : ils ont créé l’Association des historiens d’Afrique qui a pendant longtemps été dirigé par le Pr Joseph Ki-Zerbo.

S. : Quel a été l’apport de la nouvelle génération dans cette aventure ?

E.M. : Le défi lancé par nos aînés nous obligeait à avancer dans la voie de l’histoire, sans quoi nous aurions manqué notre vocation d’historiens. Le défi pour nous était : qu’est-ce que nous pouvons dire de plus que nos aînés ? Sans vouloir rivaliser avec eux, nous avons défriché des terrains nouveaux, élaboré des problématiques nouvelles. Aujourd’hui, nous sommes allés un peu plus loin et nous avons ouvert des chemins plus nombreux.

S. : De quand date l’idée de la transposition pédagogique ?

E.M. : Quand l’OUA est devenue l’Union africaine, parallèlement aux différents projets économiques, il était nécessaire de reprendre la question identitaire, culturelle, mémorielle et historique du continent. Ainsi, les chefs d’Etat ont souhaité que les huit volumes de l’HGA entrent effectivement dans les programmes scolaires.

L’Union africaine a saisi pour cela l’Unesco qui, à son tour, a réuni les historiens autour de ce projet. C’est ainsi qu’après la rencontre de Paris, nous avons mis en place un comité scientifique et avons demandé à l’Association des historiens d’Afrique de faire une revue critique des huit volumes : des problèmes de mise à jour, des reformulations des méthodes, des contenus, des approches.

Nous sommes conscients que nous n’allons pas réinventer la roue. Le dernier volume date de 1999, ce qui suppose que ce travail a été effectué dans les années 70-80. Beaucoup de choses se sont passées entre-temps, à savoir les changements en Afrique australe, la démocratie, etc. Nous avions là, l’occasion de placer les évolutions actuelles dans une lecture africaine et non une lecture forcément internationale.

Lecture qui consisterait à dire par exemple, que la démocratisation de l’Afrique vient du discours de la Baule, de la chute du mur de Berlin ou encore que notre stratégie de décentralisation est inspirée du modèle allemand ou américain, alors que nos anciens empires (Mali, Kongo, Loango, etc.) sont des exemples de gestion des espaces énormes avec des populations différentes, parfois des langues et cultures différentes, mais qui ont tenu sur plusieurs siècles.

S. : Comment explique-t-on que le financement de ce projet d’envergure panafricaine soit fait par la Libye uniquement ?

E.M. : Le gouvernement libyen dont on connaît le rôle dans la relance de l’Union africaine a mis quelques moyens à notre disposition. Les travaux techniques ont été effectués et nous sommes à l’élaboration du cadre conceptuel, à savoir ce qu’il faut faire pour obtenir des résultats au niveau des citoyens qui seront formés.

S. : Combien de pays sont impliqués dans ce projet ?

E.M. : 44 pays ont répondu au questionnaire que nous avons élaboré. Les neuf autres Etats qui n’ont pas répondu sont ceux qui sont dans des situations de coup d’Etat ou de crise politico-militaire ou en cours de reconstruction.

S. : Quelle stratégie comptez-vous développer afin que notre histoire soit enseignée dans nos écoles ?

E.M. : Certains Etats ont de bons programmes en histoire. Je pense notamment aux derniers Etats qui se sont libérés soit du racisme, soit de la colonisation en Afrique centrale et pour qui l’histoire a une place importante. D’autres pensent que le développement est purement économique. Ils ont alors mis de côté tout ce qui est historique, ce qui a d’ailleurs fait penser à certains que l’Afrique était contre le développement. Aussi, nous avons vu des générations formées à la médecine, architecture, aux sciences sans aucune connaissance de l’histoire.

S. : Peut-être qu’il faut expliquer aux gens en quoi l’histoire participe au développement d’un pays !

E.M. : Aujourd’hui, toutes les puissantes émergentes (Chine, Inde, Brésil) sont des Etats dans lesquels la personnalité nationale est fortement ancrée, l’histoire nationale très bien connue et les références pour aller vers l’avenir sont tirées du passé. En Chine par exemple, la fable « Comment You Kong déplaça la montagne » tirée du fin fond de l’histoire a montré aux Chinois qu’ils peuvent déplacer des montagnes ! Si nous ne parvenons pas à ce genre de réalité en Afrique, nous allons penser que pour se développer, il faut singer l’Europe. Nous risquons de croire que ce dont nous avons besoin c’est le fameux document de stratégie de la réduction de la pauvreté comme programme de développement, alors que dans notre histoire, il n’a jamais été question de réduire la pauvreté, mais de créer des richesses. Si nous n’y parvenons pas, dans 40 ans, nos enfants penseront Macintosh, Coca-cola, Mac Donald et ne saurons rien de Soundiata Keita, de Chaka, etc.

S. : Suffit-il alors de changer les programmes pour produire un homme nouveau, étant donné que l’histoire de plus en plus ne s’apprend qu’à l’école ?

E.M. : Nous sommes convaincus que ce ne sont pas seulement les contenus des manuels qui doivent changer, ni la répartition des matières, mais surtout les méthodes pédagogiques. La pédagogie verticale qui consiste à apprendre par cœur et à recracher doit être revue. L’histoire est une discipline passionnante dont l’enseignement va désormais s’appuyer sur les bandes dessinées, les technologies de l’information et de la communication, etc. Les gens ne se rendent pas compte par exemple en regardant un film western que c’est l’histoire des Etats-Unis qui est racontée. Nous devons nous aussi mettre en scène notre histoire avec une pédagogie renouvelée. Il nous faut à très moyen terme, des citoyens africains.

S. : Pouvez-vous y parvenir sans manipulation ni falsification de l’histoire ?

E.M. : Rassurez-vous ! Nos aînés étaient très passionnés de l’histoire mais étaient très critiques à l’égard de l’idéologie issue du colonialisme, de la traite négrière. Nous restons dans la même posture. Nous traquons toutes les déformations car notre souhait est de transmettre aux jeunes la connaissance, la passion et la fierté de leur passé. Nous ne sommes pas en position de combattre, mais de création et de stimulation vers l’avenir.

Interview réalisée

à Tripoli par Assétou BADOH

Sidwaya

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Téléphonie mobile : Les opérateurs se sont crus plus malins !

Parce que le gouvernement les a pris au dépourvu en annonçant le coût du renouvellement des licences seulement en février, les opérateurs s’étaient entendus pour acculer le gouvernement. Mal leur en a pris. La réaction ferme de l’ARCE contre Telecel a surpris et désorganisé l’entente tacite.

Telecel a repris ses services le 28 mai. Après 3 jours de tractations, l’opérateur de cette téléphonie mobile dont le signal avait été suspendu le 25 mai a pu régulariser sa situation et obtenu le renouvellement de sa licence pour une durée de 10 ans. Le 18 mai dernier, les responsables de l’ARCE avaient animé une conférence de presse où il était ressorti que TELECEL et ZAIN doivent renouveler leur licence d’exploitation avant respectivement le 25 et le 29 mai sous peine de voir subir la rigueur des textes. Mais ils ne sont pas nombreux ceux qui pouvaient vraiment penser que l’instance de régulation des télécommunications électroniques iraient jusqu’à suspendre le signal et priver les milliers d’abonnés des services de communication.

Il semble qu’au sein même de TELECEL, on a été surpris de la fermeté de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques (ARCE). D’ailleurs comme les textes l’exigent, Telecel a écrit depuis le mois de mai 2009 pour solliciter un renouvellement de sa licence. Pour le renouvellement des licences, le gouvernement a fixé le prix à 26, 33 milliards de francs cfa. " Nous avons été convoqué un soir au cabinet du ministre des Télécommunications, en févier 2010, pour nous entendre dire que le prix de la licence avait été porté à 26 milliards ", se désole, un premier responsable d’une des sociétés de téléphonie. Ce fut donc pour les sociétés un coup de massue.

Un montant trop élevé à trouver en moins d’un trimestre. Le gouvernement visiblement ne voulait pas transiger. Alors il ne restait plus aux sociétés que de se concerter pour arrêter une conduite à tenir. Un front avait été projeté pour mieux affronter le gouvernement. Mais la réaction musclée de l’ARCE dès le 25 mai contre Telecel, dont la licence est arrivée à expiration la première, a brisé le front. La société Zain s’est dépêchée de se mettre en règle. Il ne restait plus à Telecel qu’à aller à Canossa. Elle prit quatre jours pour négocier et obtenir des modalités de paiement. C’est sûr, Telecel n’a pas casqué les 26 milliards du coup. Mais personne ne semble vouloir dévoiler les termes de l’accord avec l’Etat, comme si c’était un secret d’Etat. Surtout à L’ARCE où c’est l’omerta.

La débande des abonnés Telecel

La situation a surpris tout le monde. La direction de Telecel, elle, esperait que l’ARCE ne mettrait pas en exécution sa menace. Alors, quand vers 10 heures, la délégation de l’ARCE accompagnée d’huissiers, s’est présentée à la direction de la société, ce fut la désolation. Aussitôt, le signal a été coupé et les abonnés se sont retrouvés sans téléphone, surtout pour ceux qui n’avaient qu’un abonnement Telecel.

Certains n’ont pas voulu se chercher une autre puce tout de suite, espérant que la situation allait rentrer dans l’ordre dans la journée même. C’était quand même un gros risque que prenait l’ARCE en privant plus de 700 mille personnes de téléphone. Puis passe la journée et rien. Le lendemain rien. Alors les abonnés ont commencé à se chercher une autre puce dans d’autres sociétés de téléphonie mobile. D’autant plus que entre temps, Zain s’était dépêché d’envoyer des texto à ses abonnés pour les informer qu’elle s’était mis en règle. Alors la pression devient plus forte sur Telecel qui avait intérêt que la situation ne perdure pas. Au-delà d’un certain nombre de jours, elle aurait perdu définitivement une grande part de ses abonnés. En tout cas, la situation semble avoir profité principalement à Telmob qui ne semblait pas concernée par la mesure.

A malin, malin et demi

Les opérateurs ont été pris dans leur propre jeu. Le gouvernement avait compris les intentions des sociétés. Pour le président de l’ARCE, Mathurin Bako, les opérateurs ont adopté une mauvaise démarche. Il ne comprend pas pourquoi les trois sociétés, au lieu de discuter plutôt sur les modalités de payement, ont voulu se focaliser sur le montant de la licence. Une démarche qui ressemble à une ignorance des textes. Le montant de la licence est non négociable.

C’est un décret qui l’a fixé et il est incompréhensible qu’on demande une baisse au gouvernement quelques semaines avant la fin des échéances. C’est en février dernier que le gouvernement, après avoir étudié les différents points des cahiers de charge soumis aux opérateurs, a édicté les conditions de renouvellement des licences d’exploitation. Aucune licence n’a été retirée même si des manquements ont été constatés dans le respect des cahiers des charges. Mais l’une des conditions de renouvellement étaient le payement de la licence. Certaines clauses des cahiers des charges n’ont pas été respectées par les opérateurs selon le président de l’ARCE. Aucun opérateur n’a une couverture satisfaisante. Telmob couvre 60% du territoire, Zain 53% et Telecel 35% selon Mathurin Bako.

Mauvaise qualité des services

Il y a également la qualité des services offerts par les téléphonies mobiles. Le gouvernement n’est pas satisfait non plus sur ce point. Un abonné en pleine conversation avec son interlocuteur peut voir la communication s’interrompre sans qu’il ne comprenne pourquoi. Il n’est pas non plus rare de tenter plusieurs fois sans succès d’entrer en contact avec son interlocuteur. Ces problèmes que vivent les millions d’abonnés, les opérateurs en sont responsables. Et cela s’appelle mauvaise qualité du service. Pourtant, dans le cahier des charges, les différentes sociétés se sont engagées à offrir des services de qualité. Mais les résultats de l’évaluation des cahiers des charges montrent des manquements à ce niveau. Ces manquements concernent tous les opérateurs. Le gouvernement aurait pu les sanctionner, selon Mathurin Bako, mais il ne l’a pas fait et a accepté renouveler les licences sous certaines conditions. Pourquoi les opérateurs, de façon collective, demandent la baisse du montant de la licence ?

La licence coute-t-elle plus chère au Burkina qu’ailleurs ? Non, répond le président de l’ARCE qui cite des exemples dans la sous région. La société soudanaise Expresso a payé sa licence au Sénégal pour 1 milliard de dollars. Orange pour 30 milliards de francs CFA. En Côte D’ivoire, chacune des trois sociétés payent 40 milliards F CFA. Au Togo, Telecel a payé sa licence à 25 milliards après avoir été suspendu dans ce pays également pour les mêmes raisons. Les licences coutent alors relativement bas au Burkina par rapport aux autres pays. Et l’attitude des sociétés est d’autant plus incompréhensible qu’elles appliquent les coûts les plus chers dans la sous région. Elles font alors de gros bénéfices et sont capables de payer sans problème la licence. Sur ce point, d’ailleurs, une étude est en cours. La tendance montre que les couts des communications au Burkina sont les plus chers de la sous région.

Ces résultats, l’ARCE entend les présenter prochainement aux sociétés de téléphonie mobile. Elles pourront alors être contraintes par l’ARCE à baisser les coûts. L’ARCE dans son rôle de régulation a cette prérogative d’amener les différentes sociétés à respecter une marge. La loi du marché selon laquelle la concurrence profite nécessairement au consommateur reste ici une théorie. L’Etat va devoir intervenir pour réguler le marché dans l’intérêt des consommateurs. Autre point qui va faire intervenir l’autorité de régulation, c’est la question de l’identification des abonnés. A la date d’aujourd’hui, près de 55% des abonnés sont identifiés. Mais les opérateurs continuent de passer par des distributeurs non agréés pour vendre les puces. Mais désormais, cela devrait cesser selon Mathurin Bako. Une rencontre devrait être organisée prochainement entre l’ARCE et l’ensemble des opérateurs sur la question. Plus question de voir les enfants vendre les puces dans la rue. Les opérateurs devraient prendre toutes les dispositions pour que cela soit respecté.

Telecel a retourné la situation

La crise est désormais passée. Telecel et Zain ont renouvelé leur licence mais on ne sait dans quelles conditions. Une chose est sûre, Telecel qui a vécu une mauvaise période avec l’affaire de sa licence a su retourner la situation. Nombre de ses abonnés qui commençaient à partir sont revenus. Dès le lendemain de sa reprise, TELECEL a su reconquérir ses abonnés au point d’acceuillir de nouveaux autres qu’elle a du mal même à gérer. La plupart des abonnés ont reçu chacun un bonus de communication pour la "fidélité". Telecel a offert en même temps un bonus de 200% sur ses cartes de recharge et une réduction sensible du coût de la communication pendant deux semaines. Il n’en fallait pas plus pour voir de nouveaux clients se bousculer devant les portes de telecel.

La société a même fait recours au service de la police municipale. Devant le siège central, Telecel a dû installer des tentes dehors pour recevoir les clients. Des rangs interminables ont été constitués. Telecel sait ce qu’elle fait. Elle a failli perdre beaucoup de ses clients mais elle a su retourner la situation en sa faveur. Le jeu en vaut la chandelle. La concurrence est désormais rude. L’ONATEL va bientôt perdre le monopole du téléphone fixe. Telecel et Zain ont aussi obtenu la licence globale. Ce qui les autorise à offrir des services avec aussi bien le mobile que le fixe. Ils peuvent également offrir internet. Le nombre des opérateurs va aussi augmenter. Le gouvernement va lancer prochainement un appel d’offre pour l’attribution d’une nouvelle licence. Pas mal de sociétés aussi nationales qu’internationales sont déjà intéressées selon le président de l’autorité de régulation des télécommunications électroniques.

Par Moussa Zongo

L’Evénement

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Police municipale de Ouagadougou : 14h chrono avec les « poulets » de Simon

Une journée avec la Police municipale ! L’expérience, qui est allée au-delà de 12h de temps aura permis de découvrir le quotidien d’un policier, qui n’est pas celui que l’on aperçoit seulement aux feux tricolores. Même les fous, ça le connaît…

Nous n’avons pas pu être au "rapport" (rassemblement du matin pour établir le programme de la journée) au siège de la Police municipale à 6h 30. Mais, c’est comme si nous n’avions rien raté, tant une journée avec les "enfants de Simon" est si intense et pleine de "découvertes". Après un bref entretien avec le patron des lieux, le directeur de la Police municipale, Clément Ouango, nous sommes "remis" au commandant du corps urbain, l’officier Sylvestre N’Do qui s’est chargé de nous faire découvrir ce que peut être l’occupation d’un policier municipal, un jour ordinaire.

Et nous voilà parti pour une journée sans répit, sans repos. Avant même de quitter la cour de la police municipale sise au Sud de la capitale, un conducteur de véhicule, l’air confus, nous est présenté ; son "crime" son véhicule bourré de caisses de poussins a été intercepté aux environs de 5h 30, "pour surcharge, chargement mal arrimé et pour véhicule non homologué".

Le commandant du corps urbain explique que le véhicule utilisé pour le transport des poussins n’est pas approprié. Si le conducteur avait utilisé un taxi, il n’aurait pas passé des heures à la police. "Ce sont des poussins venus du Ghana et j’allais tout simplement les vendre à la gare routière, lorsqu’on m’a arrêté pour surcharge…", explique le conducteur A.B. Il s’en est finalement sorti avec une infraction sur les trois ; chargement mal arrimé.

A peine l’affaire "poussins" terminée, un camion transporté par la grue dont dispose l’Unité de contrôle et de stationnement (UCS),fait son entrée dans la cour qui sert aussi de fourrière. Ce véhicule qui transportait 40 tonnes de ciment était selon les agents de l’UCS en panne et occupait toute la chaussée. La mission de l’UCS étant de lutter contre les stationnements gênants défectueux et qui encombrent les voies publiques ne pouvait que sévir. En pareille circonstance, une amende de 50 000 F est "collé" à ou aux auteurs d’un tel délit.

Nous voIlà embarqué dans le véhicule, mis à notre disposition, en compagnie du commandant du corps urbain, et du photographe-policier Adama Pamtaba, nous entamons un long périple qui nous conduit d’abord à la mairie de Bogodogo.

Dans l’enceinte de l’établissement, une longue file d’attente, composée de jeunes, documents en mains, s’impatientent. "Ils sont là pour les légalisations", apprend-on. L’engouement est grand car les papiers sont légalisés et récupérables sur place. Quelques policiers municipaux sont visibles. A l’approche de l’officier N’Do, le chef de poste de la police municipale, détachée à la mairie de l’arrondissement de Bogodogo, accourt vers son supérieur et après un garde-à-vous impécable se présente : "sous-officier Ouaba Zico Achille, n° matricule 2251037X…". "C’est bon…" coupe l’officier N’Do.

Dans chaque mairie d’arrondissement, explique l’officier N’Do se trouve une équipe de 10 policiers municipaux coiffée par un chef de poste. Leurs missions sont diverses : assurer la sécurité du maire, maintenir l’ordre, assurer la sécurité de toutes les activités de l’arrondissement.

Le détachement de la police municipale affecté à chaque mairie d’arrondissement, peut être commis à d’autres tâches : sécuriser les commissions d’identification et d’attribution de parcelles, les voies en bitumage, les zones de lotissement. A cela s’ajoutent les missions de protection du couvert végétal, et de lutte contre la dégradation des voies publiques.

Exemple, des policiers sur une voie sur le point d’être bitumée. La rue 30.02 ou rue de Bogodogo dans l’arrondissement du même nom connaît des travaux qui doivent aboutir à son bitumage. L’entreprise ayant demandé que les intersections de cette rue soient dépourvues de maisons d’habitation, la police municipale a été sollicitée pour le déguerpissement de ceux qui n’avaient pas encore libéré les lieux à l’échéance du délai. Le maire de l’arrondissement, Sandaogo Henry Kaboré, présent sur le chantier à notre passage a rassuré que les déguerpis ont été sensibilisés, rencensés et ont été attributaires de parcelles.

Ayant pris congé du maire et des techniciens du chantier, nous voilà en route vers Yamtenga, dans ce quartier fort excentré de l’arrondissement de Bogodogo. L’école de ce quartier est un site de distribution de vivres pour sinistrés et une équipe du PAM (Programme alimentaire mondial) devait être sur place. Mais les bénéficiaires de vivres ayant attendu sans succès les "sauveurs" du PAM, ont tout simplement rebroussé chemin. Nous aussi. Puisque nous devrions voir à l’œuvre des policiers municipaux assurer l’ordre et la sécurité, pendant l’opération de distribution.

Les chefs au charbon

Le retour est plus compliqué que l’aller. Dans ce quartier fort excentré de la ville, notre chauffeur retrouve difficilement le chemin. Finalement, des riverains, viennent à notre secours et nous retrouvons enfin notre chemin. Dans le véhicule, l’ambiance est bon enfant. L’officier N’Do est ferme et relaxe à la fois, avec les éléments. Il n’est pas rare de l’entendre dire au chauffeur, lui-même policier municipal, que celui-ci a mal conduit ou mal manœuvré. Cela sur un ton de plaisanterie.

Nous nous retrouvons au carrefour du château-d’eau du secteur n° 30 dans la partie Sud-Est de la capitale. Carrefour à haut risque à cause de sa très grande fréquentation, cette intersection nécessite la présence de policier pour réguler la circulation. Surtout en ces temps de coupures intempestives d’électricité. Ces délestages nécessitent souvent un renfort au niveau de certains feux tricolores.

Au Carrefour du château d’eau du secteur n° 30 (situé sur l’ex-circulaire à quelques encablures du site du (SIAO), le sous officier Guy Hervé Bassolé, responsable adjoint de la brigade mobile motorisée est obligé de porter main forte à ses éléments débordés pour réguler le flux de circulation en ce lieu, sous un soleil de plomb.

Il fait chaud. Et nous avons grand soif. Quelques sachets d’eau nous font du bien. Entre deux gorgées, l’officier N’Do explique que Ouagadougou est pourvu de 180 Carrefours, équipés en feux tricolores. La régulation de la circulation est placée sous la responsabilité de l’unité mobile motorisée et ce sont les éléments de cette section qui sont quotidiennement présents aux feux tricolores.

En principe, deux équipes se relaient tous les jours : la première officie de 6h à 14h et la seconde de 14h à 22h. Dans les intersections à haut risque comme celles fréquentées par les élèves, des équipes permanentes officient dans une fourchette, correspondante aux heures d’entrée et de sortie des classes : 6h-8h, 11-13h, 14h-15h, 17h-18h. Les élèves du collège Saint Exupery, des Cours Atti, des écoles de la Cité AN II par exemple bénéficient de cette "protection" policière afin de traverser la voie en sécurité.

A l’intersection "TV5" du nom de ce célèbre maquis disparu, sis avenue Tensoba, ex-boulevard circulaire aux environs de 17h, à la sortie des classes démonstration faite le chef de l’Unité mobile motorisée, la très dynamique Bintou Nikièma/Diallo qui s’est chargée d’assister à un de ses éléments (une policière aussi) pour bloquer la circulation : permettre à un groupe d’élèves de traverser la voie. Cette "poulhote" explique qu’elle dirige l’unité depuis 2009 avec joie et sans complexe.

Chaque matin, elle est sur la brèche dès 6h 30 pour superviser ses éléments sur les différents carrefours. La période de délestage vient alourdir la tâche des éléments de l’Unité mobile motorisée, qui de ce fait reçoivent le renfort des éléments des autres sections.

L’Unité mobile cycliste a même été temporairement dissoute, pour porter uniquement main forte à l’Unité mobile motorisée. Abandonnant les carrefours et autres intersections, nous voilà dans un autre univers : les ouvrages sous tutelle de la Régie autonome de gestion des équipements marchands (RAGEM), l’un des services importants de la commune de Ouagadougou qui bénéficie d’un détachement de la police municipale pour des missions spécifiques. Au marché Nabi Yaar, dans le quartier Zogona, placé sous gestion de la RAGEM, policiers et régisseurs exécutent leurs missions en parfaite harmonie.

Aïda Barry/Cissé, cette autre "poulhote", régisseur de ce marché confie que son équipe est chargée de collecter les fonds (location et taxes) auprès des commerçants et de les reverser. Elle souligne la bonne collaboration avec la police municipale : "lorsqu’il y a recouvrement, ils sortent avec nous sur le terrain et nous assistent". Le chef de poste de Nabi Yaar, Sosthène, précise : "Nous sommes là pour sécuriser les commerçants et leurs biens, faciliter leur paiement et éviter l’anarchie dans le marché".

Depuis l’incendie du Grand marché, Rood Woko en 2003, une bataille contre l’anarchie dans les marchés semble être engagée. A Nabi Yaar, les policiers affectés à ce lieu sillonnent régulièrement les allées pour constater la bonne tenue ou non des étals. Généralement, il y a toujours de la débandade parce qu’il y en a toujours qui ont les marchandises qui débordent sur les allées.

A la vue des policiers, ceux qui sont mal installés s’exécutent à la hâte pour se mettre dans "les rangs". Et nous l’avons constaté. A bord d’une "Kia", véhicule d’intervention que la police municipale utilise pour ce genre d’exercice. Nous avons sillonné quelques allées et à la vue de la voiture, de police les "fautifs" mettent de l’ordre dans leur étals, sous la pression. "Cinq minutes après si vous revenez, vous allez retrouver les mêmes débordements" me confie un policier. Et le remue-ménage reprend de plus belle.

Le marché à bétail de Tanghin, situé au Nord de la capitale. Un dispositif léger de contrôle de police y est permanent. Il se charge tout simplement d’intervenir dans les éventuels conflits entre vendeurs de bétails et dans les "agressions" que des démarcheurs exercent à l’endroit des clients. Dans cet endroit, ce sont les commerçants eux-mêmes qui se chargent de la gestion du marché.

A la gare de l’Est, le détachement de la police municipale de la RAGEM, avec à sa tête Roger Yougbaré, assisté de son adjoint surnommé le "libyen", appuie l’administration de la gare qui se trouve aussi entre les mains des premiers acteurs, les transporteurs. Ainsi, l’équipe de la police municipale sur les lieux veille au paiement des droits de gare obligatoire pour toutes les sociétés de transport (un taux est versé au budget de la RAGEM), évite les chargements et les déchargements hors gare, de même que les "harcèlements" de certains passagers, assurer l’escorte des cars jusqu’à la sortie…

Les enfants de Simon", c’est aussi sur les grands chantiers de la ville qu’on les retrouve. A l’échangeur de l’Est et sur la RN1, en réfection. Mission ? Assurer la sécurité du matériel, permettre aux cammionneurs de se déployer, faciliter les sorties sur les grands axes. Le sous-officier, Frédéric Ouédraogo, et des éléments sont quotidiennement sur la brèche et n’ont de repos que lorsque les engins arrêtent de travailler, souvent tard dans la nuit.

L’un des téléphones de l’officier N’Do sonne, alors que nous avions effectué un détour du côté de la mairie de l’arrondissement de Nongr-massom. On l’informe qu’un véhicule a renversé son chargement, perturbant la circulation, au croisement des voies de Yalgado, Hôtel Silmandé, Dassasgho.

Nous nous rendons immédiatement sur les lieux. Un camion remorque, propriété d’une cave, de retour de la brasserie où il était allé effectuer un chargement de boissons, a déversé une vingtaine de caisse de bière sur le sol. Les débris de bouteille se sont éparpillés sur le goudron. L’odeur de la bière a envahi l’environnement immédiat. Le véhicule ayant obstrué une partie de la voie, des agents s’activent pour faciliter le passage des usagers.

Selon les informations recueillis sur place, le chauffeur en voulant éviter une dame, a freiné brusquement et l’arrière du camion a renversé une grande partie de son chargement. Le cogérant de la cave est sur place et négocie avec les policiers car l’infraction retenue est : l’"embarras de la voie publique", c’est-à-dire obstruction de la circulation, le véhicule doit être conduit à la fourrière…Au regard de la perte déjà enregistrée (bouteilles de bière perdues) et de certaines formalités à remplir à la brasserie, le véhicule, le chauffeur, le cogérant ont finalement été libérés à 14h 30 ! C’est le moment choisi pour avoir du répit au siège de la police.

Répit ? A travers les fenêtres de son bureau, l’officier N’Do me montre la cheftaine de l’Unité mobile motorisée, qui s’apprêtait à entamer son tour des carrefours, je la rejoint pour un bref entretien Elle me confie que l’unité dont elle à la charge est équipée de 71 motos composées de BM600, de JC, de scooters de Kia motors…

Hercule fait des malheurs…

A peine ai-je enregistré ces informations que l’officier N’Do m’informe d’une opération, une "descente musclée" sur des "abatteurs" clandestins d’animaux dans les environs de Ouaga inter. Mais avant, le commandant du corps urbain insiste pour que nous fassions un tour au bistrot, situé dans l’enceinte de la police municipale, pendant que "Hercule" le nom de corde de l’équipe d’opération se mette en place. L’officier N’Do demande au bistrot si je peux terminer rapidement une bière au goulot. Je réponds par la négative. Une boisson gazeuse me fait du bien. Une fois désaltéré nous prîmes place dans le véhicule d’intervention. Je suis installé à l’arrière en compagnie de 4 éléments armés et du photographe Pamtaba, habillé en policier. On me prévient que c’est une opération dangereuse. Car les bouchers peuvent se révolter et se défendre avec leur coupe-coupe et couteaux…

Le véhicule démarre en trombe et gagne le quartier Toyibin. Au passage, devant certaines concessions on me regarde avec pitié, croyant que je suis un "gibier" que les policiers ont cueilli. Dans la première cour censée abriter des abatteurs clandestins, l’incursion a été infructueuse. Les "abatteurs" ont eu le temps de prendre la poudre d’escampette.

"Quelqu’un a eu le temps d’informer de notre arrivée" constate l’équipe. Dans le deuxième site d’abattage, tout le monde n’aura pas le temps de fuir. Dans une intervention musclée, l’un des bouchers qui tentaient de s’échapper est vite rattrapé et menotte sur le champ. Un second, qui s’était caché dans les "Chiottes" est coincé et menotté. La partie de la cour où les bêtes (moutons, chèvres) sont clandestinement abattus, présente un aspect nauséabonde.

Les petits ruminants abattus baignent dans leur sang et dans leur excréments. L’odeur est repoussante. Des habitants de la cour assistent à la scène sans broncher. Les bouchers clandestins sont conduits dans le véhicule, avec les carcasses de moutons. Direction, un troisième site. Le véhicule tourne dans le quartier toujours en trombe et s’immobilise devant une cour. Descente, arme au point.

Trop tard. Les "abatteurs" qui y officiaient, ont détalé, en laissant moutons et chèvres tués ou vivants. Une fouille de la cour ne donne rien. Là aussi, le spectacle n’est pas agréable. Même scénario que dans la cour précédente. Sang et excréments font bon ménage. Carcasses déposés à même le sol. Le "butin" (bouchers, viande) est ramené dans le véhicule. Retour au siège.

Chemin faisant, un des abatteurs est reconnu. Voyant qu’on voulait l’arrêter, il disparaît dans le quartier, laissant sa moto Yamaha et sa chèvre… De retour à la police municipale, le chef de l’Unité mobile véhiculée le sous-officier, Lamine Zio, dont les éléments ont conduit l’opération explique que les interventions sur les cas d’abattage clandestins sont fréquentes. Par jour, a-t-il dit, 5 à 6 appels pour dénoncer des cas d’abattage clandestins sont enregistrés. Dans les cas échéants, les interventions sont immédiates. Les appels sont quotidiens 24h/24. Voilà pourquoi un Poste de commandement radico (PCR) existe et est placé sous la responsabilité du sous-officier Naba Okawé.

Appels pour lynchages, agressions, nuisances sonores

Pas moins de 400 à 500 appels sont enregistrés par jour (y compris les fausses alertes) et émanent le plus souvent des citadins, sur des cas d’abattage clandestins d’animaux, de lynchages, d’agressions, de nuisances sonores, etc. Tous les appels passent par le PCR et ses animateurs les dispatchent à chaque chef d’unité en fonction de la nature de la plainte. Une fois que les chefs d’équipe sont informés, l’exécution est immédiate. Mais à cause du manque de moyens de matériel roulant, des opérations peuvent connaître des retards dans leur exécution.

Quoiqu’il advienne, tous les appels et toutes les interventions sont portées à la connaissance du commandant du corps urbain, l’officier N’Do. Le PCR est doté de matériel "performant" venu de la Chine (Taïwan). Du fait de son fonctionnement en continu, 9 agents repartis en 3 équipes se relaient. Après le PCR, avec ces incessants appels, un autre tour nous amène sur l’avenue TV5 (circulaire) où la circulation est dense à l’heure de la descente le soir, puis au grand marche Rood Woko. Là, la mission principale des 43 éléments, coiffés par un officier et 3 assistants est de faire respecter la zone piétonne et empêcher les installations anarchiques. Rood Woko et la police municipale ? L’évocation de ce duo fait penser aux échauffourées entre policiers et les jeunes commerçants ambulants, qui peuplent la rue Urbain Yaméogo. Mais actuellement c’est le calme plat entre les deux camps "ennemis".

Cap sur l’hôtel de ville où est présent un détachement de 33 agents. Leur chef, le sous-officier, Oumar Traoré, n’a pas le temps de terminer la présentation des missions de son unité. Nous devons retourner rapidement au siège, pour nous joindre à une équipe d’intervention prête à descendre sur un site d’abattage clandestins de bœufs. Sur le chemin du retour, l’embouteillage sur l’avenue Bassawarga, ralentit considérablement notre marche. Finalement, l’équipe d’intervention ira sans nous.

Nous regagnons quand même le QG de la police municipale. Il est au-delà de 19h. La fatigue se fait de plus en plus sentir. Le directeur adjoint s’informe sur mon "séjour" chez eux et m’annonce (sur un ton de plaisanterie), que je dois rester jusqu’à minuit voire jusqu’au lendemain matin.

De toutes les façons, chez les corps habillés, il faut s’attendre à tout. La suite me donne raison. Une opération de contrôle d’éclairage d’engins à deux roues est prévue à 20h. En attendant que les équipes soient prêtes pour leur déploiement dans les différents feux tricolores, je m’installe derrière un groupe d’agents suivant bruyamment un match de champion’s league de football.

Le déploiement a commencé. Mais notre véhicule refuse de démarrer. Etait-il aussi gagné par la fatigue ? Je retourne au match en attendant…Après plusieurs tentatives le véhicule répond enfin. Direction, un des carrefours au quartier Pag Layiri. Scénario habituel. Les usagers sont accostés aux feux "Bonsoir Monsieur (madame). Contrôle de police. Les pièces de la moto s’il vous plaît". Ou bien "votre feu rouge ne s’allume pas. Garez à côté". Ceux qui ont leur pièce sont libérés.

Ceux qui ne sont pas en règle verront leurs engins embarqués. Mais avant, ils engageront des séances d’explications, de négociations…Ensuite, la séance des appels, qui pour informer de la situation d’infortune pour une éventuelle intervention en haut lieu, qui pour alerter un membre de la famille ou une connaissance, afin d’amener les pièces de la moto, avant qu’elle ne soit embarquée…dans l’espoir de pouvoir rentrer avec. Le sous-officier, Halidou Tinto, officier de permanence et coordonnateur de l’opération est obligé de nous abandonner pour s’acquitter de la mission de supervision des autres sites de contrôle. Nous n’allons pas le suivre, parce que quelques minutes plus tard nous sommes informés qu’un débile mental agressait des habitants dans le quartier Gounghin.

Nous attendons l’équipe d’intervention aux feux ou les contrôles de police se déroulent. Nous faisons ensuite chemin ensemble. La recherche du fou n’est pas facile car l’on a du mal à le localiser. Finalement, il est retrouvé. Difficile d’imaginer, que c’est ce bonhomme tranquillement couché sur le dos, indifférent à l’attroupement autour de lui, qui a fait courir tant de monde. Il est arrêté sans résistance et conduit dans le véhicule.

Ce "dérangé mental" n’est pas un inconnu de la police municipale et serait un individu qui se livre à la consommation des stupéfiants. Et c’est la deuxième fois qu’il était appréhendé. Des riverains racontent qu’il était propriétaire d’un atelier et a fait faillite… Avec l’arrestation du fou de Gounghin, l’officier N’Do decida enfin de siffler la fin de cette folle journée. Il était 21h 30.

Gabriel SAMA


Le directeur de la police municipale à propos des plaintes…

Une chose est certaine. Il n’est pas bon que lorsque vous accomplissez un service, que vous ayez tout le temps des plaintes. On n’est pas content de savoir que la population se plaint de nos éléments.

C’est sur le respect du code de la route qu’il y a généralement des plaintes. Mais sur 100 personnes qui se plaignent, vous vous rendrez compte que 95 d’entre elles n’ont pas raison. En effet, la plupart des usagers de Ouagadougou ne connaissent pas le code de la route. D’ailleurs, le code que nous appliquons n’est pas celui qui est reconnu universellement.

A un certain moment, la population a le sentiment que nos agents travaillent mal. Alors que ce sont les usagers qui circulent très mal. Et cela n’est pas bien.

Que ce soit la police municipale ou un autre corps qui mette l’accent sur le respect du code de la route ce sera toujours la même chose, tant que les usagers ne changent pas de mentalités. Vous voyez que la population augmente et les voies deviennent étroites. Ce qui veut dire que si les usagers ne changent pas de comportement, les choses seront plus difficiles. Nous n’aimerions pas que demain, ce soit la loi de la jungle qui s’installe ici.

Au sujet de la corruption que vous avez évoquée, rien ne justifie le fait qu’un policier prenne de l’argent avec quelqu’un. Rien ne justifie également qu’un usager qui brûle le feu, donne de l’argent pour pouvoir passer. Si vous êtes en infraction, vous devez suivre la procédure et pouvoir vous en aller. Et non pas prendre des raccourcis. Que ce soit le policier ou l’usager qui prend ou qui donne de l’argent, ils sont tous coupables.

Lorsque nous tombons sur des cas de ce genre, nous allons directement au niveau de la police nationale. Mais que se passe-t-il ? Si vous déferez quelqu’un en moins de 24 h, la personne sort à cause des multiples appels et interventions…

Alors que chez nous lorsque nous découvrons qu’un policier a pris quelque chose, il passe automatiquement en conseil de discipline. Voilà pourquoi, nous demandons aux usagers de dénoncer les policiers qui réclament de l’argent…

G.S.


Un taureau chez les flics

Athanase Moussiané, surnommé le taureau du Nayala, est bien connu dans le domaine de la lutte traditionnelle au Burkina, pour avoir régné en maître absolu dans cette discipline sportive. Le taureau est policier municipal depuis huit ans. Membre de l’unité mobile véhiculée (interventions chocs sur le terrain), le lutteur devenu policier ou le policier-lutteur tout court, affirme avoir été bien accueilli à la police municipale et s’y plaît.

N’a-t-il pas effrayé certains de ses coéquipiers ou des promotionnaires à son arrivée à la police ? Négatif. Nombreux sont ceux qui se sont réjouits de sa présence et certains ne le connaissaient même pas, raconte-t-il. A en croire Moussiané, il n’a pas abandonné la lutte pour la police. Celui qui a pris ses distances avec les arènes sur le plan local, à cause de son poste d’entraîneur national de lutte, dit encore posséder toutes ses capacités à prendre part aux compétitions internationales. Le cas échéant, le taureau est libéré de ses obligations professionnelles, dans la mesure où la fédération dépose auprès de sa hiérarchie, une autorisation et le ministère des Sports, une réquisition.

La passion de la lutte a germé en Athanase Moussiané depuis sa tendre enfance et il a du mal à l’abandonner. C’est en 1994 que le futur taureau a commencé à être connu à travers les championnats provinciaux. En 1995, il participe au championnat national et depuis cette date, la couronne ne le quitte plus jusqu’à l’édition 2006 où il enregistre une "surprenante" défaite. Moussiané redevient champion en 2007 et 2008. Après ces sacres, il a préféré prendre sa retraite au plan national et mettre son expérience au profit des plus jeunes.

Le taureau peut exhiber un palmarès éloquent : 13 fois champion national, 3 fois vice champion d’Afrique, médaillé d’or de la Francophonie…

G.S.


Pamtaba ou la passion de l’art

Adama Pamtaba a commencé le théâtre depuis les années 1992. Mais quand il a intégré la police municipale en 1997, il a vite compris qu’il lui serait difficile de pratiquer les deux métiers. L’un et l’autre étant exigeants, son choix s’est donc porté sur la tenue et à la police municipale, il joue le rôle de chargé de communication.

Si Pamtaba a pu abandonner le théâtre pour la police, cela n’a pas été le cas pour le cinéma. Moins exigeant que le théâtre, le cinéma a amené le policier municipal à se retrouver sur plusieurs plateaux de tournage où il a incarné de multiples rôles dont ceux de policiers dans certains films. Celui que ses collègues surnomment la star, confie avoir joué dans une soixantaine de films.

On retiendra qu’il a apparu dans presque tous les films de Boubacar Diallo, dans les deux séries de Aminata Diallo/Glez, "3 hommes, un village" et "3 femmes, un village", dans le film "un fantôme dans la cité", de Aboubacar de Sidnaba. L’acteur policier dit aussi avoir travaillé avec Gaston Kaboré et avec des réalisateurs mozambicains et sud-africains.

Pamtaba a plusieurs cordes à son arc et en plus de la photographie, il a indiqué avoir bénéficié de stages en réalisation, en vidéo, en montage, en numérique, en graphisme, en scénarisation.

Dans son ambition d’être multidimensionnel, le policier photographe a entrepris de suivre des enseignements à distance, dans le domaine de la communication d’entreprise.

Tout cela, dans le but dit-il, d’être utile au service et pouvoir "s’en sortir". Mais toutes les activités extra-professionnelles, ne pouvaient être possibles sans la bienveillance de la hiérarchie, à qui le policier multimentionnel dit avoir un devoir de reconnaissance. Car la hiérarchie a peut-être compris qu’elle avait besoin d’un élément qui joue sur plusieurs registres…

G.S.

Sidwaya

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Rapport 2009 de L’ASCE : Des fautifs épinglés, une prise de conscience sur les méfaits de la corruption

L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat a remis hier 15 juin 2010 à Ouagadougou, le rapport général annuel d’activités 2009 au président du Faso, Blaise Compaoré, en présence du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale. Il ressort de ce document, que des malversations et des détournements ont été identifiés et des dossiers sont entre les mains de la justice.

Rapport ASCE 2009

Le contrôleur général d’Etat, Henri Bruno Bessin a remis au président du Faso, mardi matin, le rapport général annuel d’activités 2009 de son institution au président du Faso. Le document remis au chef de l’Etat, comporte le point de la mise en œuvre des recommandations formulées en 2008 et retrace les activités de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat de l’année 2009.

Pour 2008, deux dossiers du rapport général annuel d’activités ont fait l’objet de saisine de la justice. Il s’agit des dossiers "haut commissariat du Koulpélogo" et "Antenne CCVA-Bobo-Dioulasso".

En 2009, les dossiers remis à la justice, concernent ceux conduits par l’ASEC, par les inspections techniques des départements ministériels et des dossiers précédemment en charge de l’ex-Autorité de coordination de lutte contre la corruption. L’ASCE a aussi exécuté au cours de l’année 2009, près d’une trentaine de missions de contrôle et d’investigation, dans des établissements d’enseignement secondaire, centres hospitaliers, dans des ministères, dans des mairies, etc.

Elle a aussi mené des opérations de contrôle de l’utilisation des véhicules de l’Etat et des organismes parapublics dans les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et Fada N’Gourma, de même que des opérations de contrôle du respect des horaires de travail dans les services à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Des irrégularités et des malversations décelées

Toujours au cours de 2009, l’ASCE a reçu des inspections techniques des services, 275 rapports. En 2008, elle en avait reçu 162. Et la synthèse de l’exploitation des différents rapports de contrôle a fait ressortir des insuffisances, des irrégularités et des malversations. Au plan financier et comptable, ont été décelés des détournements de fonds, l’inexistence d’une comptabilité matière, la mauvaise tenue de la comptabilité, le cumul de fonctions d’ordonnateur et de comptable, la non-justification de dépenses, l’utilisation illégale par les maires, des fonds collectés par les régisseurs et les préposés, le recours abusif aux décisions de déblocage de fonds dans les collectivités locales, la corruption.

Au plan administratif, les rapports de contrôle ont identifié le non-respect des textes législatifs et réglementaires, l’insuffisance du contrôle hiérarchique, l’inexistence de manuel de procédures, l’insuffisance de personnel, la mauvaise gestion des parcelles, les insuffisances dans l’établissement des actes d’état civil et du matériel de travail.

Le rapport de l’ASCE souligne en outre, qu’au cours de 2009, l’institution a œuvré à la lutte contre la corruption sous plusieurs formes. Et cela, à travers des missions de contrôle, des actions de sensibilisation, d’appui-conseil et des rencontres d’échange. Dans cette dynamique, des activités a été menées dans différents départements ministériels, à la mairie de la commune de Ouagadougou et à la Caisse nationale de sécurité sociale.

Parmi les activités de 2009, figure le renforcement des capacités des contrôleurs d’Etat et des inspecteurs techniques des services des départements ministériels, à travers des formations. En outre, les contrôleurs d’Etat ont bénéficié de voyages d’études au Bénin, au Rwanda et en Tunisie.

Evoquant l’impact de la lutte contre la corruption, le rapport de l’ASCE note que la lutte commune a amélioré le degré de prise de conscience des méfaits aussi bien dans l’administration publique que dans les autres secteurs. De même, le nombre croissant des dénonciations de toutes natures, traduit l’engagement des citoyens dans la lutte contre la corruption.

Et ces acquis ont permis au Burkina de mieux se positionner dans le palmarès de l’ONG Transparency international. Pour 2010, Henri Bruno Bessin et son équipe entendent poursuivre dans leur dynamique de contrôle tous azimuts.

Il s’agit de promouvoir et renforcer les mesures visant à prévenir et combattre la corruption de manière plus efficace, parapher la cartographie des risques qui constituerait un référentiel utile pour guider l’action des organes de contrôle, renforcer le système de suivi de la mise en œuvre des recommandations des rapports de contrôle et des actions en justice…

Gabriel SAMA

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Accords de partenariat économique : Le bras de fer Afrique de l’Ouest-Union européenne continue

Les parties prenantes aux négociations sur l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne, se sont retrouvés la semaine dernière à Ouagadougou. A l’issue de cette rencontre qui a accouché une fois de plus d’une souris, les organisations de la société civile ont donné une conférence de presse dans la soirée du vendredi 11 juin.

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Le dialogue de sourds entre l’Union européenne et l’Afrique de l’Ouest concernant les APE est loin d’être terminé. C’est du moins ce qui ressort du point de presse de la société civile, à l’issue des négociations intervenues au cours de la semaine dernière.

En effet, pendant que les négociateurs européens vantent les bienfaits d’une libéralisation outrancière, les représentants de l’Afrique de l’Ouest estiment qu’en l’état actuel des choses, une libéralisation accélérée pourrait compromettre les chances de la région de sortir de son sous-développement.

Selon le conférencier, le Dr Cheick Tidiane Dieye qui prend part aux négociations pour le compte de la société civile, l’élaboration d’un nouveau partenariat Europe-Afrique fondé sur le respect et la solidarité est de plus en plus compromise par les négociateurs européens qui ont adopté une stratégie dans laquelle l’intransigeance se mêle au paternalisme et à la condescendance.

« On ne négocie pas un partenariat en s’érigeant en éternel donneur de leçon et en refusant toute présomption et responsabilité aux gouvernements ouest-africains », a-t-il signifié. Afin de conclure un partenariat économique porteur de développement, la CEDEAO a élaboré un Programme de l’APE pour le développement (PAPED).

Les projets identifiés dans le cadre du PAPED, sont estimés à 9,5 milliards d’euros sur cinq ans. Le financement du PAPED est la condition préalable que les chefs d’Etat ont posée à la signature des APE. Sur les 9,5 milliards d’euros demandés, l’Europe table sur 6 milliards qui, en réalité, représentent selon Tidiane Dieye, le cumul de tous les fonds européens bilatéraux et régionaux, destinés à la région.

« En réalité, l’Union européenne ne fait que recycler et transférer des fonds déjà prévus pour d’autres projets en changeant seulement de rubrique et d’appellation », a-t-il déclaré.

Du droit de sanctionner

Dans les négociations sur les APE, il est question d’instituer une close de non-exécution. La société civile, par la voix de son représentant, Dr Tidiane Dieye, estime qu’il est inadmissible dans un accord bilatéral, d’introduire comme le souhaite l’Union européenne, une clause qui exposerait les Etats à des sanctions économiques pour fautes politiques présumées commises par leurs dirigeants.

Par ailleurs, l’Europe demande aussi à la région de supprimer les prélèvements communautaires destinés à l’UEMOA et à la CEDEAO. Pour la société civile, cela est hors de question car jusqu’à présent, ces maigres ressources sont les seules qui supportent le fonctionnement de ces institutions. La suppression de ses taxes pourrait remettre en cause le financement souverain de l’intégration.

Que reste-il des accords partiels ?

La société civile invite les Etats ouest-africains à apporter leur soutien à la Côte d’Ivoire et au Ghana qui ont déjà signé des accords avec l’Union européenne pour éviter que ces pays ne soient obligés de mettre en œuvre leurs APE individuels.

Et mieux, d’envisager des instruments économiques susceptibles de compenser temporairement les pertes auxquelles ils feraient face sur le marché européen, s’ils remettaient en cause les accords qu’ils ont signé avec l’Europe. Mais au cas où l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne arrivent à trouver une entente, les APE individuels seront caducs.

Pour la société civile, l’Afrique de l’Ouest doit tenir bon. Car si l’Union européenne veut qu’elle ouvre son marché aussi rapidement (sur 15 ans contre 25 proposés par la CEDEAO), c’est qu’elle a une peur bleue de la Chine, de l’Inde et du Brésil qui gagnent de plus en plus de terrain en Afrique. D’ailleurs, le commerce avec l’UE ne représente que 32% des échanges de la région. L’Afrique peut donc avoir le dernier mot.

Fatouma Sophie OUATTARA (sofifa2@yahoo.fr)

Sidwaya

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CITE UNIVERSITAIRE DE KOSSODO : Une simulation tourne au cauchemar

Les autorités universitaires de l’université de Ouagadougou ont organisé le dimanche 13 juin 2010 une opération de simulation d’incendie à la cité universitaire de Kossodo. L’objectif était de montrer aux étudiants la conduite à tenir en cas d’incendie. Mais la fiction s’est transformée en triste réalité.

Dans la soirée du 13 juin dernier, une opération de simulation d’incendie a été organisée à la Cité universitaire de Kossodo dans le but de montrer aux étudiants la conduite à suivre en cas de vraie incendie. Mais la fiction est devenue une réalité. En effet, la simulation s’est transformée en un vrai incendie. La chambre de l’étudiant Seyni Kaboré au rez-de-chaussée de l’immeuble a pris feu pendant la simulation. Les sapeurs-pompiers présents sont vite intervenus pour éteindre le feu et l’empêcher d’atteindre tout l’immeuble. Tout ce qui se trouvait à l’intérieur de la chambre a été carbonisé. Le propriétaire de la chambre, Seyni Kaboré, dit avoir tout perdu. "Quand je suis rentré dans ma chambre, j’étais découragé, j’ai tout perdu, sauf ma Bible. Même mon portable qui était à l’intérieur à pris feu", a-t-il affirmé.

Le commissaire Jonas Dabou, coordonateur des services de sécurité des universités, a dit que c’était un accident. "Nous avons voulu faire un exercice et c’est devenu une réalité : c’est un accident qui s’est produit", a-t-il confié. La présence d’une bouteille de gaz à l’intérieur de la chambre serait la cause de cet incendie, a expliqué les responsables. Une assemblée générale a été organisée par les autorités sur place afin d’expliquer aux étudiants la situation. Selon ces mêmes autorités, des mesures seront prises pour un dédommagement de l’étudiant Seyni Kaboré dont la chambre a été carbonisée.

Yannick SANKARA (Stagiaire)

Le Pays

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CAMPAGNE AGROPASTORALE 2010 : Les experts annoncent des pluies importantes

La direction de la météorologie a organisé un point de presse le vendredi 11 juin dernier à Ouagadougou pour donner les détails sur la prévision saisonnière. Pour le cumul pluviométrique des mois de juillet, août et septembre, il est prévu pour le Burkina une situation normale à tendance excédentaire. En clair, la probabilité qu’il y ait beaucoup de pluies cette année est grande et les experts ont prodigué des conseils pratiques à tous.

On ne pourra pas les accuser demain de n’avoir pas donné l’information. En tout cas, même s’il s’agit de probabilité (comme d’ailleurs au PMU’B), tout le monde est prévenu : décideurs politiques comme producteurs de nos campagnes reculées. Ce sont les experts de 18 services météo nationaux de la sous-région sous l’égide du Centre africain pour les applications de la météo au développement (ACMAD), de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), de Météo France, du service météo britannique (UKMO), de l’Institut de recherche internationale sur le climat et la société (IRI) qui ont élaboré la prévision saisonnière 2010 (qui est la pluviométrie cumulée des mois de juillet, août et septembre) en Afrique de l’Ouest, au Cameroun et au Tchad. Un forum a été consacré à cette prévision du 27 au 28 mai 2010 à Niamey (Niger) sous le thème « Prévisions saisonnières : outils d’adaptation aux impacts des changements climatiques ».

Pour les zones 1 et 2 (Sud-Ouest de la Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, le Nord de la Guinée-Conakry et le Sud du Tchad), il est attendu une pluviométrie excédentaire. La zone 3 qui regroupe le reste du sahel, notamment le Sud de la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Burkina, devrait connaître une pluviométrie normale à tendance excédentaire. Les nouvelles sont peut-être moins bonnes pour les autres. Sur le Sud des pays du golfe de Guinée (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo et Bénin) qui est la zone 4, la probabilité d’un déficit de pluies est grande. Enfin, une pluviométrie normale avec une tendance déficitaire pourrait être observée sur le Sud du Nigéria et le Sud-Ouest du Cameroun qui est la zone 5.

En ce qui concerne le Burkina, les experts ont précisé qu’il ne faut pas exclure les phénomènes extrêmes comme les longues poches de sécheresse. Mais, le plus important certainement, ce sont les conseils pratiques qu’ils ont prodigués à l’endroit des secteurs socioéconomiques. Pour l’agriculture et l’élevage, toutes les activités devraient, selon eux, tenir compte de la situation humide attendue. Pour la culture du mil, il faudrait privilégier les champs de plateau. Le maïs et le sorgho, eux, seront à l’aise dans les champs qui peuvent garder l’humidité sans être inondés. Le riz pluvial sera réservé pour les bas-fonds. Pour l’élevage, les experts ont conseillé aux producteurs d’éloigner les animaux des cours d’eau, de les vacciner contre les épidémies liées à la forte humidité et de constituer des stocks plus importants de fourrage.

Dans le secteur social, il faut s’attendre à gérer les conséquences d’éventuels cas d’inondations. Le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale est donc prévenu afin de maintenir la veille au niveau des structures de secours d’urgence. Et puisqu’il est attendu beaucoup de pluies, il faut surveiller le paludisme qui fait des ravages pendant cette période surtout chez les enfants et les femmes enceintes. Enfin, les experts ont indiqué qu’il est probable de voir des ouvrages hydrauliques céder à cause du volume important d’eau. Ce qui pourrait jouer sur la production d’hydroélectricité. Faut-il alors s’attendre à un remake de la situation du 1er septembre 2009 ? Les animateurs du point de presse ont rappelé que les prévisions de l’année dernière concordaient avec la pluviométrie reçue, à l’exception du déluge du 1er septembre 2009.

Parfait P. SILGA

Le Pays

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SIAO 2010 : Pas de tarif spécial pour les exposants burkinabè

Le Directeur général du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), était face aux artisans de Bobo le jeudi 10 juin. Objectif, leur expliquer les innovations de l’édition 2010 et recueillir leurs préoccupations.

Malgré une pluie matinale les artisans de Bobo-Dioulasso n’ont pas manqué le rendez-vous avec le patron de la biennale de l’artisanat africain. D’entrée de jeu, le directeur général du SIAO, Moussa Traoré a rappelé que l’édition 2010 du SIAO aura lieu du 29 octobre au 7 novembre ; sous le thème " Artisanat africain, jeunesse et emploi ". L’édition 2010 veut ancrer davantage le SIAO dans la voie du professionnalisme. A commencer par la gestion des badges d’accès à l’aire d’exposition. La cellule badge " sera à l’œil ", a promis le DG du SIAO.

Si des badges sont vendus frauduleusement, les sanctions vont tomber. Si nécessaire, leur confection pourrait être externalisée pour les éditions prochaines. Moussa Traoré a invité les artisans qui seront au SIAO à signaler tout dysfonctionnement ou toute tentative de corruption qu’ils viendraient à constater. Moussa Traoré a également promis que tout sera mis en oeuvre pour sélectionner les œuvres à temps. De façon à éviter le désordre souvent décrié au démarrage du SIAO. Généralement le pavillon de la créativité n’était pas prêt au moment de l’ouverture du SIAO. Tout cella va rentrer dans l’ordre. Désormais, le prix des stands sera le même pour tout le monde. Fini, le tarif spécial pour les artisans burkinabè.

Cette décision de la direction du SIAO est motivée par le fait que certains " petits malins " louaient les stands au tarif spécial pour les revendre à des exposants étrangers. Le pavillon de la créativité n’est pas une exposition vente à proprement parler. Les œuvres qui y sont exposées ne sont pas nécessairement en vente. Il s’agit de montrer l’excellence de l’artisanat africain. Les auteurs de ces chef-d’oeuvres ne sont pas toujours présents au SIAO. Il ne faut pas confondre le pavillon de la créativité avec le concours de la créativité. Tous les prix et leurs conditions de participation seront sur le site du SIAO (www.siao.bf). Autres innovations de cette édition : les exposants bénéficieront d’une assurance, les cameras de surveillances feront leur apparition et le contrôle des badges sera effectif.


Moussa Traoré, DG du SIAO

“C’est une rencontre porteuse dans la mesure où nous avons pu éclaircir beaucoup d’éléments qui rentrent dans le cadre des préparatifs de cette édition. Nous avons fait passer un message important qui était celui des innovations de cette édition.

Nous avons aussi écouté pour prendre en compte les préoccupations des artisans de Bobo. C’est une rencontre qui va nous permettre de recadrer les choses à notre niveau pour une meilleure participation des exposants. Nous sommes optimistes quant à la participation des exposants de Bobo. Eux-mêmes l’ont dit dans la salle. Pour ce qui est des difficultés, ensemble en salle nous avons trouvé des réponses. Il s’agit du coût des stands. Nous leur avons recommandé qu’ils puissent se regrouper pour prendre à plusieurs des stands. Ils peuvent demander l’appui d’autres partenaires pour les accompagner. Au niveau des maquis, un certain ordre sera mis pour cette édition. Déjà, au niveau du nombre, de 24 restaurants pour l’édition passée nous sommes passés à 12 pour cette édition 2010. En plus, c’est un domaine qui sera réservé aux professionnels de la restauration et de gestion de buvettes.

Ce qui va apporter un plus dans l’organisation de l’espace qui sera dédié à cette activité. Ensuite, nous avons travaillé avec les artisans ce matin à ce qu’ils comprennent la notion d’exportabilité, à comprendre comment exporter un produit réellement. Parce que nous recherchons l’excellence. Si cela est compris par les artisans, nous allons avancer sereinement. Par le choix du thème, nous voulons inviter les jeunes à s’intéresser à ce secteur. C’est un secteur qui est source de richesses et pourvoyeur d’emplois. Donc, en s’intéressant à ce secteur, je pense que les mesures d’accompagnement vont suivre. Il y a déjà un gros travail de fait au niveau du ministère de la Jeunesse et de l’emploi qui est un partenaire pour ce SIAO et qui nous accompagne sur la thématique ".

Aly KONATE (alykonat@yahoo.fr)

L’Express du Faso

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Electricité où es-tu ?

 

S’il y a bien un phénomène qui a marqué négativement le Burkina Faso dans la période 2009-2010, c’est bien le manque d’électricité. Le pays, jadis un modèle en terme de gestion et de disponibilité d’électricité, a fini par rejoindre le lot des pays à offre énergétique défaillante.

Longtemps pris comme l’un des pays au monde où l’électricité coûte chère, les autorités du pays n’ont eu de cesse de multiplier les initiatives pour pallier cette situation. L’interconnexion avec la Côte d’Ivoire s’est révélée après des études menées courant 2002 comme étant une bonne option. A cette époque en effet, la Côte d’Ivoire qui exportait de l’électricité vers des pays comme le Ghana se présentait comme une destination "électrique" de premier choix.

Mais à peine l’interconnexion Burkina-Côte d’ivoire réalisée que tous les espoirs burkinabè ont basculé dans le noir. Dans une situation de poste conflit, nul n’ignore que la Côte d’Ivoire est en phase de réorganisation. Ce pays, comme plus d’un se le demandent aurait-il dû mériter notre choix ? Il ne faut donc pas attendre de celui qui ne mange pas à sa faim qu’il vous donne à manger. Alors que faire ?

Cette question, les Burkinabè se la sont posée mille et une fois. Depuis la Sonabel, en passant par le ministère en charge de l’énergie et au Sommet de l’Etat, cette question est et reste une vraie préoccupation. L’électricité, loin d’être un objet de luxe est plus que jamais un outil de développement. La ménagère vendeuse d’eau glacée, le tailleur, le soudeur, le tenancier de débit de boissons, tous ont besoin d’électricité pour travailler, pour faire vivre leur famille. L’administration a également besoin d’électricité pour fonctionner.

Ce sont les efforts conjugués de tous ces travailleurs qui contribuent à booster la croissance, voire le développement du pays. Aussi, le Burkina Faso se voulant une destination privilégiée pour les investisseurs a obligation de mettre de l’énergie à leur disposition.

C’est dire que le combat pour la disponibilisation de l’électricité au Burkina Faso ne doit connaître qu’une seule issue : la victoire. Pays enclavé, pays agricole, pays qui fait du secteur privé le moteur de son développement, le Burkina Faso a suffisamment de raisons, d’engagement et d’ambitions qui ne lui permettent pas de se payer le luxe de ne pas avoir du courant ! Et pourquoi ne pas envisager la résolution des questions énergétiques à une échelle régionale ? Etant donné que la défaillance en terme d’électricité est partagée à l’heure actuelle par l’ensemble des pays de la sous-région !

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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Semaine nationale de l’Internet : Les TIC pour faciliter les échanges commerciaux

La semaine nationale de l’Internet et des autres TIC a officiellement ouvert ses portes ce vendredi 11 juin 2010. C’est le chef du gouvernement Tertius Zongo qui a donné le top de départ de l’évènement à la salle des banquets de Ouaga 2000.

Pendant une semaine, les populations de 31 localités du pays pourront se former gratuitement à Internet. Des conférences, des débats sur l’utilisation des moyens de paiement électronique, une journée de la sécurité informatique, le SITICO, ce sont entre autres les activités à l’ordre du jour de cette édition.

Promouvoir le commerce à travers les nouvelles technologies de l’information et de la communication, c’est l’objectif que s’est assigné le comité national d’organisation de la semaine des TIC. Ces outils sont un moyen pour « soutenir les activités commerciales et attirer les investisseurs dans nos pays », estime Laciné Diawara, le parrain de la manifestation. Le choix de promouvoir ces outils contribue à améliorer les facteurs de productions. Du moins, ils facilitent les échanges.

Les TIC ont un potentiel de facilitation et de promotion du commerce. Le Burkina l’a compris dès l’entrée de ces outils dans le continent. Il a mis en place un trade point au niveau de l’ONAC (office national du commerce extérieur) depuis 1997. Un centre qui met à la disposition des opérateurs économiques un espace internet haut débit et un répertoire de toutes les entreprises du pays.

Malgré les efforts consentis, les TIC et leurs applications s’insèrent difficilement dans l’activité commerciale au Burkina Faso. C’est pourquoi, la sixième édition de la SNI a retenu le thème : « TIC et commerce ». La réflexion sur les multiples entraves à l’extension des TIC dans le secteur commercial sera donc menée afin d’interpeller et sensibiliser tous les acteurs concernés sur la nécessité d’utiliser les TIC. Des débats sur le paiement électronique seront menés au cours de la semaine. Les arnaques faisant légion dans l’utilisation d’internet, une journée sera consacrée à la sécurité informatique afin d’outiller les acteurs à la bonne utilisation des outils électroniques. Aussi dans le cadre de la lutte contre la destruction de l’environnement, une journée sans papier est au programme pour la deuxième année consécutive.

Le salon international des technologies de l’information et de la communication aura lieu cette année sur le site du SIAO. Les professionnels des TIC exposeront pour l’occasion leurs produits. La Chine Taïwan, partenaire clé de l’évènement sera fortement représentée. Au cours de cette semaine des TIC, le ministère des postes et des technologies de l’information et de la communication envisage former 25 000 personnes à l’utilisation d’internet et ses applications Du 17 au 19 juin, la troisième édition du forum panafricain sur le partage des meilleures pratiques dans le domaine des TIC se tiendra dans la capitale burkinabè en marge de la SNI. Ces outils sont désormais encrés dans le quotidien des burkinabè. Impossible de les rejeter. Il faut donc œuvrer à leur bonne utilisation.

Moussa Diallo et Céline Landreau (stagiaire)
Lefaso.net

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