TEMOIGNAGE D’UNE SEROPOSITIVE : « Ce qui me fait mal, c’est… »

Christine Kafando

GIF - 46.9 koLorsque mes yeux ont rencontré ceux de Christine Kafando ce 16 avril, je me suis souvenu de cette dame qui a posé publiquement avec le président du Faso, révélant ainsi à la face du monde qu’elle était séropositive. Mais aussi que l’espoir était permis si l’on faisait réellement de la lutte contre le Sida et la prise en charge des malades, une priorité. Christine Kafando a créé l’Association Espoir pour demain qui s’occupe des enfants infectés et qui se bat, sans cesse, pour la prévention de la transmission mère-enfant. Près de 1000 personnes bénéficient actuellement des services de cette association. Grâce, en partie, au soutien du PNUD. Témoignage d’une femme qui croit en ce qu’elle fait.

Le Reporter : Pourquoi avez-vous décidé de créer cette association ?

Christine Kafando : D’abord parce que je suis une personne vivant avec le VIH. Je suis ma sérologie depuis 1996. Je me suis portée volontaire dans les services de santé pour recevoir les personnes nouvellement infectées afin de les aider à accepter leur sérologie comme moi. Et de vivre positivement ! Mais je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien pour les enfants, notamment sur le plan médical et associatif. J’ai donc décidé de créer l’association afin qu’elle s’occupe uniquement des enfants et de la prévention de la transmission mère-enfant.

Ces enfants bénéficient-ils aujourd’hui de tous les soins dont ils ont besoin ?

Je suis très satisfaite aujourd’hui, parce qu’en 2003, j’ai perdu beaucoup d’enfants par manque de soins. Mais à l’heure actuelle, on arrive à sauver les enfants grâce au traitement. De plus, les parents des enfants infectés adhèrent à l’observance. Aujourd’hui, tout est gratuit pour les enfants : tant les examens biologiques que les antirétroviraux.

Vous dites être vous-même infectée. Comment arrivez-vous à surmonter toutes ces difficultés ?

Grâce à mon caractère. Je me suis fait une philosophie : que je sois infectée ou pas, je vais mourir. Tôt ou tard, je vais mourir. Même si on me dit que je n’ai pas le Sida et que je vais mourir demain, je fais ce que j’ai à faire et je meure. Je connais des gens qui ne sont pas du tout infectés mais qui sont morts avant moi. Le VIH n’est pas lié à la mort. Même quand on n’a pas le VIH, et que sur le plan psychologique, on n’est pas fort, par exemple, quand on a un simple paludisme, on peut mourir parce qu’on ne supporte pas sa maladie. C’est ce qui fait que je me suis accrochée. Je ne vais pas me laisser déstabiliser par une maladie, quelle qu’elle soit.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué dans votre vie de séropositive ?

Lorsque je faisais les consultations à l’hôpital avec les médecins, j’ai assisté à une scène… une femme séropositive… Non, là, vous allez me faire pleurer. (elle observe un bref silence, puis reprend son souffle). Elle était en train de mourir sous mes yeux parce qu’en son temps, il n’y avait pas de traitement. Elle applaudissait en mourant. Avez-vous déjà vu ça ? Quelqu’un qui applaudit et qui meurt ! Elle refusait de partir. Elle était essoufflée mais elle applaudissait. Elle criait « au secours ! ». J’ai appelé les médecins, mais c’était trop tard. Cette scène m’est restée dans la tête, indélébile. Jusqu’à présent, lorsque je dors et que je me réveille, si je pense à la lutte contre le Sida, je pense automatiquement à cette femme. Depuis lors, ses enfants sont avec moi.

Parlez-nous d’une autre scène qui vous a plutôt réconfortée…

C’est le cas d’une femme que j’ai récupérée et qui avait quatre CD4. C’est-à-dire que si jamais elle avait une petite toux, elle serait morte. Elle était enceinte de neuf mois. Tous les médecins avaient fait leur diagnostic et avaient estimé que ce n’était plus la peine de continuer. J’avais mon traitement à l’époque mais je ne pouvais pas le partager avec cette dame parce que ce n’était pas faisable ; mais j’ai décidé de le faire sans l’avis d’un médecin. Aujourd’hui, cette femme témoigne à visage découvert. Elle a eu deux autres enfants. Pour moi, c’est un motif de satisfaction. Avez-vous, au fond du cœur, autre chose de particulier que vous souhaitez dire…

C’est ensemble que nous pouvons y arriver. Ce qui me fait mal en ce moment, c’est le fait que les examens biologiques pour les adultes sont toujours payants. De nombreux patients n’arrivent pas à y faire face. C’est d’ailleurs le reste de mon combat. Si nous arrivons à obtenir la gratuité des examens biologiques, je n’aurais plus rien à faire dans le domaine de la lutte contre le Sida.

Propos recueillis par Hervé D’AFRICK

Le Reporter

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Rétention de l’information : le coup de gueule de Tertius Zongo

Le Premier ministre burkinabè s’est dit surpris, vendredi dernier, par la rétention excessive de l’information par des membres de son gouvernement ainsi que certains chefs de service et de projets. Tertius Zongo a livré cette déclaration à la presse, à l’issue du séminaire-atelier organisé par son équipe gouvernementale pour dresser le bilan du présent quinquennat du président Blaise Compaoré qui prend fin en novembre prochain.

« Nous avons été obligé de leur mettre la pression pour obtenir ce qu’on voulait », a avoué, en substance, le chef du gouvernement qui n’a visiblement pas supporté cette attitude de la part de « serviteurs de l’Etat » supposés donner les informations nécessaires pour rendre compte des actions entreprises par le chef de l’Etat au cours de son mandat finissant. Faut-il en rire ou en pleurer ?

Incontestablement, le coup de gueule de Tertius Zongo apporte de l’eau au moulin des journalistes qui réclament, depuis quelques années maintenant, le libre accès aux sources publiques d’information. Curieusement, la rétention de l’information est devenue un second réflexe du fonctionnement du Burkinabè, à tous les niveaux de l’administration. C’est la croix et la bannière pour obtenir de simples renseignements, même pour des actes ou des sujets qui sont du domaine public. Le non-initié pouvait croire que cette attitude peu coopérative à l’endroit des médias-et des usagers des médias en général-était recommandée « d’en haut ». Hélas !

Malgré une circulaire du Premier ministre rappelant à tous les responsables d’institutions publiques, privées et des collectivités locales de donner des informations aux journalistes professionnels, on n’est visiblement pas sorti de l’auberge. C’est logiquement que le chef du gouvernement en fasse lui-même l’amère expérience et confirme ainsi la galère que vivent les journalistes depuis belle lurette. Comme quoi, à force de trop tourner en rond, le serpent finit par se mordre la queue.

Bark Biiga

Fasozine

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CONSEIL REGIONAL DES HAUTS-BASSINS : Millions détournés, comptable arrêté, PCR paniqué !

Il a creusé un gros trou dans la caisse et il a tenté de fuir. Mais il a été arrêté, le 23 avril dernier, par la police. Le 26 avril, il a été déféré devant le parquet, à Bobo Dioulasso. Le comptable du Conseil régional des Hauts-Bassins, Adama Koné, médite actuellement sur son sort. Au même moment, le Président du Conseil régional (PCR), Baba Traoré, et certains membres de la sphère dirigeante du Conseil, ont reçu des convocations leur intiment l’ordre de se présenter devant le juge d’instruction le 17 mai prochain. Du coup, la panique s’est installée dans certains milieux…

Le déclic a eu lieu le 24 mars dernier. Le président du Conseil régional, acculé par cette affaire qui s’apprête à exploser comme une bombe mal maitrisée, prend les devants. Il dépose une plainte contre le comptable et lance, du même coup, un avis de recherche contre lui. Nous avons réussi à retrouver une copie de sa plainte dans les tiroirs de la police. Le PCR accuse l’argentier d’avoir détourné plus de six millions de francs CFA. Il dit avoir effectué, au préalable, un contrôle interne « qui a révélé un disfonctionnement dans la tenue des documents comptables ».

Dans sa plainte, il donne des indications. Voici un morceau : « Le comptable a été intimé par lettre en date du 23 mars 2010 de nous faire un point exhaustif de la situation et à déposer, contre décharge, auprès de monsieur le Secrétaire général du Conseil régional, au plus tard le mercredi 24 mars 2010 à 17 heures précises, la somme ci-dessus indiquée ». Mais le PCR ne s’arrête pas là. Dans la foulée, il demande une intervention urgente de la police : « Des informations de sources concordantes nous font savoir qu’il serait sur le point de quitter la ville ». Pendant près d’un mois, le comptable a réussi à prendre la poudre d’escampette. Mais il est finalement tombé, le 23 avril, dans les filets de la police. Depuis lors, certains craignent que d’autres dossiers sales ne soient mis au grand jour.

Ce qui est arrivé était en réalité prévisible. Selon des sources concordantes, le Conseil régional était très mal géré. Les choses ont commencé à mal tourner en 2007. Cette année-là, l’Etat a décidé de doter les Conseil régionaux du Burkina d’un siège, niveau R+1, d’une valeur de 180 millions de francs CFA. Tous les présidents de Conseil ont applaudi, à tout rompre, cette initiative. Sauf un : celui des Hauts-bassin. PCA. Baba Traoré a en effet décidé de faire cavalier seul. Il voulait un bâtiment de niveau R+2. L’Etat a accepté mais lui a demandé de trouver le complément d’argent nécessaire. Aujourd’hui, toutes les autres régions ont leur siège achevé ou en phase de finition. Dans les Haut-Bassins par contre, rien n’est sorti du sol. La pose de la première pierre n’a jamais eu lieu. On cherche en vain le complément d’argent nécessaire à la construction du bâtiment R+2. De plus en plus, le flou s’installe. Et on se demande si les 180 millions prévus au départ sont toujours disponibles.

Certains partenaires sollicités ont commencé à bouder. Mettant même en doute la gestion du PCR. Ce dernier serait dans l’incapacité totale de justifier certaines dépenses. Plusieurs millions n’auraient pas été utilisés conformément aux exigences comptables. Même les six millions qu’on accuse le comptable d’avoir détournés étaient gardés dans des coffres d’infortune, des sortes de placards en contreplaqué. L’argent était donc en insécurité. Pourquoi n’a-t-on pas déposé cette somme en banque ? Surtout qu’il n’y avait pas de dépense urgente et importante en vue. Ou faut-il comprendre que le Conseil régional ne dispose pas de compte bancaire ? Le hic, c’est que, dans cette maison, on dépensait souvent sans compter. Et à cœur joie ! En 2008 par exemple, les fêtes de fin d’année ont coûté 3 750 000 FCFA. 4 000 000 en 2009. Mais en réalité, dans les deux cas, les dépenses effectuées n’ont pas atteints deux millions de francs CFA. Où est donc passé le reste de l’argent ? Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas retourné dans les caisses du Conseil régional.

Flou total aussi autour des « journées de réflexions » organisées à Orodara. 7 695 000 FCFA ont été débloqués à cet effet en décembre 2009. La même manifestation a été financée par le projet PADL/HCL à hauteur de 5, 5 millions de francs CFA. Sans compter l’important apport du ministère de l’Agriculture. Mais l’argent a tellement été mal géré que jusqu’aujourd’hui, on est à la recherche de justificatifs… introuvables. Et on tâtonne à n’en point finir. La cacophonie règne également autour de la journée de réflexion organisée à N’dorola. 9 537 500 FCFA débloqué. Dépenses effectuées : moins de 4 millions de FCFA. On ne sait pas, à ce jour, là aussi, où est passé le reste de l’argent. Certains affirment qu’il sert de « caisse noire » à un haut responsable du Conseil. Pas surprenant. Car ici, dans cette structure qui gère l’argent public, donc notre argent à tous, la gestion des finances est loin d’être conforme aux règles comptables. Le PCR dispose, à lui seul, de deux véhicules de fonction… Le comptable a peut-être profité de cette « pourriture »…

Par Hervé D’AFRICK

Le Reporter

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Prise en charge des orphelins et enfants vulnérables : Une mère Teresa à Nouna

Le samedi 22 mai 2010, Bernadette Gnifoua née Kandolo a prononcé ses vœux de consécration à Dieu pour le mieux-être des enfants déshérités. C’était au cours d’une messe présidée par Mgr Joseph Sama, Evêque du diocèse de Nouna.

Cela fait plusieurs décennies qu’elle consacre son énergie aux enfants en difficulté. Un engagement volontaire et dévoué qui s’est traduit par l’accueil et la prise en charge de bébés orphelins, d’enfants abandonnés, handicapés ou issus de mères malades.

Par cet engagement laïc, Mme Bernadette Gnifoua née Kandolo a voulu placer de façon solennelle sa mission pour inspiration divine. Il s’est agi pour cette mère de 4 enfants, institutrice à la retraite depuis 1999, de proclamer solennellement sa décision de se consacrer à Dieu à travers ce qu’elle a toujours fait avec passion.

Ce fut une cérémonie de « consécration définitive au Seigneur, à travers le service des enfants en difficulté », qui a eu pour cadre la chapelle du séminaire Mbaga Tuzinde de Nouna, chef-lieu de la province de la Kossi.

Parents, amis, collaborateurs, religieuses de différentes congrégations, prêtres, paroissiens de St Joseph et d’ailleurs, sont venus nombreux prendre part à la célébration eucharistique présidée par l’évêque de Nouna, Mgr Joseph Sama.

La notion de vie consacrée à l’Eglise, a expliqué le saint père, dans son homélie et avant l’acte de consécration, se réfère à ce que Jésus lui-même a fait au début de sa mission avec les douze premiers disciples ou apôtres, qu’ils a appelés, mis à part pour les associer spécialement à son œuvre.

L’engagement ou consécration des laïcs, a expliqué le saint père, est une expérience qui fait son chemin depuis un temps pas très lointain dans l‘Eglise catholique au Burkina. Depuis le temps des apôtres de Jésus, « des gens ont toujours senti l’appel particulier à donner leur vie pour la cause de l’Evangile, pour l’Eglise devenue leur famille ».

Des fidèles laïcs se consacrent à des ministères de l’Eglise que l’on sait nombreux et divers. Mais la tradition de l’Eglise nous a habitués à la consécration ordonnée, non ouverte aux laïcs. Les personnes engagées en dehors des ordres religieux ne sont pas soumises aux mêmes règles et contraintes de vie que les religieux et religieuses.

Selon Mgr Joseph Sama, de plus en plus de fidèles aspirent à ce type de mission, et l’Eglise ne peut continuer à l’ignorer. A ce sujet, a-t-il indiqué, une réflexion se mène et le Pape va bientôt sortir un document.

Madame Gnifoua s’inscrit dans ce courant. Elle avait déjà formulé un premier engagement devant son évêque qui explique : « Nous avons cheminé ainsi durant deux ou trois ans, le temps qu’elle prenne la mesure de l’acte qu’elle va poser et l’assume entièrement ».

Une exigence nécessaire, dans la mesure où il appartient à l’Eglise de faire, à travers le discernement de ses premiers responsables, en l’occurrence les évêques, le constat et de vérifier l’authenticité de la vocation ressentie par « l’aspirant », cet appel entendu par ceux et celles qui aspirent à la vie consacrée. Ainsi, Mme Gnifoua était face à la communauté tout entière pour se prononcer et recevoir la bénédiction de l’évêque.

Un rêve de prime enfance réalisé

Au point de départ de toute vie de consécration, il y a l’appel de Dieu. La « postulante » n’a pas dérogé à cette loi puisque, a-t-elle déclaré : « Depuis ma tendre enfance, je recevais cet appel à travers des visions que je n’avais pas prises au sérieux ».

Le rêve de prime enfance a fini par devenir une réalité depuis des années : un foyer qui n’a jamais désempli. Issus de proches parents, de l’environnement social ou professionnel, orphelins et autres enfants vulnérables ont tour à tour joui de la chaleur de ce foyer. Combien de vies arrachées à la misère ? Combien de bébés sauvés d’une mort certaine ? Tel le premier bébé orphelin recueilli en 1988. C’était une fille et elle se prénomme Odile.

Madame Gnifoua confie : « Selon la coutume, on devait l’enterrer avec sa mère décédée. » Dans ce village (Kéména) situé à 17 km de Nouna, la tradition voulait que, quand une femme meurt des suites de couche, on l’enterre avec le nourrisson.

Le rituel consistait à déposer le nouveau-né, vivant, entre ses jambes. Maman et bébé étaient recouverts avec un pagne et on les laissait là durant tous les rites funéraires. Si au moment d’inhumer la défunte, l’enfant n’était pas mort, on le confiait à une femme allaitante. Si l’infortuné mourrait, on les enterrait tous deux dans la même tombe. La pratique allait même jusqu’à faire enterrer le bébé vivant avec sa maman, surtout quand il n’y avait personne pour s’en charger.

Odile doit sa vie à une jeune femme du village qui, ayant sensibilisé la famille, a pu la récupérer. Nouvellement mariée à l’église catholique, cette femme a pu expliquer qu’au cours de la catéchèse prénuptiale, on lui avait enseigné qu’il y avait des coutumes comme celle-là à abandonner. Alors on lui avait dit, si c’est ainsi, il faudra t’en charger. Ce qu’elle dut promettre de faire.

« Vu son jeune âge, raconte Mme Gnifoua, je lui ai proposé de m’occuper de l’enfant. Elle venait de se marier, elle était sans expérience et il lui aurait été difficile de s’occuper d’un orphelin. » Aujourd’hui, Odile est une jeune mariée, visiblement épanouie.

Dénommé Saint Joseph, le foyer que dirige celle que jeunes et vieux appellent « Tantie », est situé au secteur 4 de Nouna. Nous y avons trouvé des enfants de tous âges, et surtout de tous jeunes se disputant constamment l’affection de « Tantie ». Ils y sont accueillis de 0 à 11 ans. Il y en a pas mal qui réintègrent leur famille une fois l’âge critique franchi, (si leurs parents le souhaitent). Nombre d’entre eux demeurent dans le foyer jusqu’à la fin de leurs études, jusqu’à leur mariage ou leur entrée dans la vie active.

A ce jour, le domicile de Tantie, qui offre jusqu’à présent son cadre au foyer, peut comptabiliser une quinzaine de bébés orphelins recueillis, pris en charge et rendus ou non à leur communauté. Saint Joseph accompagne aussi beaucoup d’enfants et adolescents dans leurs études. Venant de villages éloignés, ceux-ci sont accueillis, hébergés et pris en charge pour l’année scolaire. Tout ceci fait la particularité du foyer saint Joseph qui offre à ses pensionnaires une vraie vie de famille, même recomposée.

Pour davantage ancrer cette mission dans la foi, l’amour et le don de soi, Mme a professé devant Dieu et devant les hommes : « Consciente de ces acquis déjà enregistrés, je m’engage à vivre dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance ».

Cela dit, St Joseph a besoin du soutien et de la générosité de tous. Mme Gnifoua tire l’essentiel des revenus du foyer de sa pension trimestrielle de 150 000 francs CFA. Heureusement que, comme elle s’en console, « La providence divine ne nous a jamais abandonnés ».

Il y a toujours une âme charitable quelque part pour aider à éponger les nombreuses dettes que Saint Joseph est bien souvent obligé de contracter pour se procurer lait, vivres, médicaments, pour payer le petit personnel d’appui, etc. En attendant d’avoir mieux, trois filles et un garçon assistent Mme Gnifoua dans la prise en charge des enfants.

La grande lueur d’espoir qui pointe à l’horizon, c’est le projet de construction d’un orphelinat. Une ONG italienne a en effet signé avec la mission catholique de Nouna une convention qui doit permettre l’érection d’une structure à même d’offrir toutes les commodités d’accueil et de soins aux pensionnaires du foyer St Joseph.

Hortense ZIDA

Sidwaya

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DIALOGUE ISLAMO-CHRETIEN : Compte rendu de la première rencontre de la Commission épiscopale

Ceci est un compte rendu de la première rencontre annuelle de la Commission épiscopale pour le dialogue avec l’Islam tenue du 17 au 20 mai 2010 à Ouagadougou.

La première rencontre annuelle de la Commission épiscopale pour le dialogue avec l’Islam a eu lieu du lundi 17 au jeudi 20 mai 2010 au Centre Spirituel Jean-Paul II de Ouagadougou. Les participants sont des laïcs, des catéchistes, des prêtres, des religieux (ses) venus des diocèses de Dori, Koupéla, Manga, Ouagadougou, Koudougou, Ouahigouya, Nouna, Bobo, Banfora et Diébougou. Mgr Joachim Ouédraogo, évêque de Dori et président de la Commission épiscopale pour le dialogue avec l’Islam, a, dans son mot d’ouverture, exhorté les participants à cette session à un esprit de paix.

Pendant deux jours, dans un climat fraternel fait d’écoute, les représentants de chaque diocèse ont partagé leurs expériences sur le vécu du dialogue. A l’ordre du jour, il y a eu :
- La lecture et l’amendement du rapport de la session du 10 au 13 novembre 2009 ;
- Le compte rendu des activités des commissions diocésaines ;
- "Le dialogue inter religieux : une exigence de foi de tout croyant" ;
- Les propriétés ésotériques des lettres arabes (les forces cachées dans les versets), leur emploi dans la confection des talismans. Ces deux exposés ont été assurés par l’Abbé Gabriel Kindo qui a permis aux sessionnistes de mieux comprendre ce qu’est le dialogue, ses exigences et ses différentes formes. Il a terminé avec une citation du Cardinal Koffi pour qui : "le dialogue se réalise à trois et non à deux, et la troisième personne c’est Dieu". L’Imam Cissé va plus loin car il trouve que : « le dialogue ne se réalise pas à trois mais à quatre et la quatrième personne c’est Satan".

La session a pris fin autour d’une célébration eucharistique et les sessionnistes se sont donné rendez-vous pour la première quinzaine de novembre 2010 au Centre National Cardinal Paul Zoungrana (CNCPZ). Avec l’assurance d’une fraternelle collaboration pour la paix dans notre cher Faso et le Monde.

La Commission Episcopale pour le dialogue avec l’Islam

P.O le Secrétaire Abbé Saïdou Etienne Wendzoodo Ouédraogo

Le Pays

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AFFAIRE DES SCANDALES PEDOPHILES :

"Pourquoi l’acharnement médiatique ne pourra pas ébranler l’Eglise catholique"

Fidèle catholique et ancien séminariste, l’auteur de la réflexion ci-dessous fait un plaidoyer pour l’Eglise et pour le pape Benoît XVI, face aux récents scandales pédophiles, ayant éclaboussé des hommes d’Eglise. Pour lui, "La cabale médiatique échouera assurément".

En cette année dédiée aux prêtres par l’Eglise catholique, en plein temps de carême et surtout au cœur du triduum pascal, on a assisté à un déferlement médiatique très intense sur la question des scandales de prêtres pédophiles. Les médias, en plus de la dénonciation des prêtres concernés, ont consacré une large partie de leurs commentaires sur une responsabilité qu’ils voudraient faire porter au pape Benoît XVI, notamment dans le cas de deux prêtres américains Lawrence C. Murphy, auteur de viol sur environ 200 sourds-muets et Stephen Kiesle accusé d’avoir pris des "libertés sexuelles" avec "six adolescents âgés de 11 à 13 ans". Récemment encore en ce temps de grâce qu’est le temps pascal, les écrits de la presse internationale n’ont cessé de redoubler de virulence contre l’Eglise et surtout contre son Souverain Pontife à qui ils veulent faire porter la responsabilité de ces scandales qui sont en réalité des faits de société, des faits individuels, des faits répréhensibles du point de vue du droit pénal.

Si les scandales pédophiles en eux-mêmes sont des réalités incontestables aussi sensationnelles que répréhensibles, il n’en demeure pas moins que le fidèle catholique que je suis, ne peut rester insensible devant tant d’acharnements et surtout je me sens le devoir de partager d’abord avec mes coreligionnaires, mais aussi avec tous les hommes de bonne volonté mes appréhensions et mes doutes quant aux mobiles réels de ce lynchage médiatique. Aussi me paraît-il pertinent de partager avec eux les raisons pour lesquelles force doit rester à la sérénité mais aussi à l’humilité et à la prière pour vivre ces épreuves qui aguerrissent forcément une institution d’essence divine dirigée au quotidien par des hommes. Comme à son habitude, c’est dans la richesse de sa foi, le tréfonds de sa méditation, la fidélité de sa prière et les valeurs d’humilité et de repentir qu’elle retrouvera son habituelle sérénité que tente de lui compromettre la presse à sensation et les adversaires vigilants de sa prospérité.

I – Benoît XVI : un pontificat sous surveillance idéologique

Certes sous le pontificat de Jean-Paul II, l’Eglise n’a pas été épargnée par les critiques de la presse et de certaines organisations hostiles à ses positions, mais dès le début du règne de Benoît XVI, la presse et une flopée d’intellectuels de courants divers n’ont pas tardé à verser de façon officielle dans une adversité prononcée vis-à-vis des positions et même de la vie privée de ce pape. Il faut noter que la personnalité et le parcours intellectuel et administratif du pape actuel ne lui garantissent pas un pontificat tranquille alors que les charismes, les origines et certaines orientations de son prédécesseur dont ses nombreux voyages de contact et de demande de contrition dans le monde entier lui avaient valu une certaine compréhension et même parfois une tolérance de nombreux groupes de pression.

La fermeté et la puissance intellectuelle du cardinal Joseph Ratzinger (devenu le pape Benoît XVI) ont toujours posé problème à ceux qui espéraient une réforme de l’Eglise. En effet, tous ceux qui ambitionnaient de "moderniser" l’Eglise ont toujours trouvé devant eux le patron de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et ont dû batailler sur des sujets aussi brûlants que le rapport de la Foi et de la Science, l’infaillibilité du pape, le mariage des prêtres, l’ordination des femmes, le rôle de la Curie romaine, la question de la "dés hellénisation" de l’Eglise, la question du divorce et de l’accès aux sacrements des divorcés remariés, etc.

Face à toutes ces questions souvent délicates, le cardinal Ratzinger, en tant que gardien du dogme, responsable du dicastère de la Propagation de la foi et surtout fervent spécialiste de Saint Augustin auquel il a consacré sa thèse et de Saint Bonaventure qu’il connaît si bien, a préféré la fidélité à la tradition de l’Eglise au prix d’une réputation parfois sulfureuse. Cette responsabilité de Préfet de la Congrégation de la Foi lui a valu une adversité monstre et quotidienne de nombreux scientifiques, de philosophes et surtout des théologiens réformateurs en face desquels il a été constant dans la défense de la foi de l’Eglise. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé dans la visière de scientifiques confirmés, de grands philosophes hostiles comme Jürgen Habermas, et de théologiens aussi importants que Hans Küng son ami et rival de toujours. On dit de cette période que le Cardinal Ratzinger a cassé beaucoup de théologiens et de grands penseurs qui voulaient faire bouger la doctrine générale de l’Eglise, notamment sa doctrine sociale.

Cette réputation et cette ambiance de rivalité et d’adversité ayant précédé son élection à la papauté, l’Eglise s’est retrouvée au soir du 19 avril 2005 avec un pape dont la vie et les positions sont constamment sous surveillance aussi bien par les détracteurs traditionnels de l’Eglise que par les contradicteurs classiques et originels de son premier responsable. On peut citer les tentatives d’humiliation qu’il a essuyées depuis son élection au Siège de Pierre. Ainsi peut-on évoquer l’annulation en janvier 2008 de son initiative de visite à l’Université romaine d’Etat "La Sapienza". L’annulation de cette visite a été consécutive tout simplement à un mouvement de certains enseignants scientifiques de cette université qui ont fait signer une pétition défavorable à ladite visite sous prétexte que "la visite du pape n’est pas une bonne chose parce que la science n’a pas besoin de la religion, l’université est ouverte à toute sorte de pensées, la religion ne l’est pas" .

Il en va également une année plus tôt de la controverse de Ratisbonne. En effet, le 12 septembre 2006, au cours d’une conférence qu’il donnait, le pape – non ex cathedra – donne sa vision des relations entre foi et science. En plein dans ses démonstrations, il cite – maladroitement certes – un écrit du professeur Khoury (de Münster) qui rapportait une discussion entre l’empereur byzantin Manuel II et un savant persan. Le pape rapporte que l’empereur byzantin, dans cette discussion, a dit à son interlocuteur : "Montre-moi donc ce que Mohammed a apporté de neuf, et alors tu ne trouveras sans doute rien que de mauvais et d’inhumain, par exemple le fait qu’il a prescrit que la foi qu’il prêchait, il fallait la répandre par le glaive".

Aussitôt, la presse a décidé de sortir cette phrase de son contexte, de la présenter comme une opinion propre de Benoît XVI. Il s’en est suivi une période de violentes diatribes sur sa personne, son statut et l’institution dont il est le premier responsable. Or, un retour sur le texte intégral du discours de Ratisbonne permet de voir combien le pape prend ses distances d’avec cette opinion de l’empereur en essayant d’être objectif. Il trouve par exemple que l’empereur a émis cette opinion "d’une manière étonnamment abrupte". Ensuite, dans le même discours, il montre son objectivité en trouvant que "l’empereur a sans doute mis par écrit le dialogue pendant le siège de Constantinople entre 1394 et 1402. On peut comprendre ainsi que ses propres exposés soient restitués de façon bien plus explicite que les réponses du lettré persan". Enfin, il concède que "l’empereur savait certainement que dans la sourate 2, 256 (du Coran), il est écrit : "Pas de contrainte en matière de foi". En réalité, la bonne foi a manqué dans la relation par la presse de ce qui s’est passé à Ratisbonne.

Sans doute, le même discours, s’il avait été prononcé par Jean-Paul II, aurait fait l’objet de moins de contestation et on aurait sans doute rivalisé de raisonnement pour situer le contexte et justifier pourquoi le pape a cité de tels propos. Cependant, on peut toujours se demander s’il était opportun pour Benoît XVI de faire cette citation. Certainement pas. Sans doute aurait-il été judicieux pour lui de s’abstenir de créer un contexte favorable à une polémique prévisible eu égard à la sensibilité de la citation. Nonobstant, ceci a un tant soit peu caché une autre polémique liée cette fois à la question de la dés hellénisation de l’Eglise dont Benoît XVI donne dans son discours de Ratisbonne une triple illustration . Puisque cette question est éminemment intellectuelle et participe de la rivalité des courants de pensée, la presse s’y est peu intéressée, préférant annoncer aux musulmans qu’ils ont désormais à travers Benoît XVI la figure même de l’ennemi véritable de l’Islam. Or, en la matière, c’est bien faux, Benoît XVI n’est pas un ennemi de l’Islam.

Mais, là où la presse se tait, Benoît XVI a toujours les intellectuels pour lui donner des répliques. En l’occurrence, c’est son "ami", le philosophe allemand Jürgen Habermas qui s’en est chargé allant jusqu’à qualifier les propos de Benoît XVI comme ayant une "tonalité pré-moderne enlisée dans les conceptions de l’âge métaphysique pré-kantien". L’Eglise se mobilisa pour défendre son prélat notamment à travers une réponse documentée du cardinal Camillo Ruini qui continue de faire la fierté de nombreux fidèles . Enfin, on a la controverse sur l’utilisation du préservatif qui illustre aussi à sa manière comment ce pape est ciblé de façon outrancière souvent sur des positions classiques de l’Eglise. En l’occurrence, dans l’avion qui l’amenait de Rome à Yaoundé le 18 mars 2009, Benoît XVI avait dit : "Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du Sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème".

Ensuite, il propose sa solution qui se résume en ceci : "La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent". Une fois de plus, la presse procéda à une extraction de la première phrase de son contexte et se mit à diaboliser le pape à travers dénigrements indus et caricatures infamantes. Cet acharnement était motivé par des intérêts divers allant des convictions des organismes de lutte contre le Sida aux choux gras de la presse à sensation en passant par les sorties pragmatiques de l’industrie du sexe et les rebonds des politiques soucieux de préserver les emplois liés à la fabrication des préservatifs. Dans toutes les lectures relatives à cette affaire, on pouvait constater que les attaques visaient la personne du pape car Benoît XVI n’avait rien dit de plus ni de moins que tout autre pape dont Jean-Paul II.

Et surtout, aucun écrit sur cette affaire n’est allé au-delà des phrases du pape pour explorer les fondements doctrinaux qui leur ont servi de base. En effet, les condamnations étaient instinctives, réactives, massives, peu argumentées, à l’usage et à destination de la presse people, des masses, des foules. Pourtant, le pape n’avait pas émis un avis personnel. Il avait prononcé des phrases en parfaite harmonie avec la position de l’Eglise vis-à-vis du préservatif. Et ce qui est important à savoir, c’est que cette position ne peut aucunement varier quel que soit le pape qui dirigera l’Eglise. En réalité, cette position est conforme à la tradition ecclésiale. Dans la théologie morale fondamentale de l’Eglise, l’acte sexuel est ordonné à deux finalités irréductibles : la finalité unitive (l’acte sexuel doit unir deux personnes de sexes différents, voilà pourquoi la masturbation est un péché et comme telle, condamnée par l’Eglise) et la finalité procréative (l’acte sexuel doit viser la procréation, voilà pourquoi le préservatif ne peut être accepté par l’Eglise et l’homosexualité est combattue par elle). Il est donc ridicule de critiquer Benoît XVI avec les mots acerbes qui ont été utilisés ci et là tant il n’a fait que rappeler une position traditionnelle inamovible de la théologie morale fondamentale de l’Eglise.

Certaines personnes ont finalement concédé que le contenu de l’interview du pape ne les surprenait ni ne les choquait tant il reflétait la position de l’Eglise mais que par pragmatisme et dans un calcul stratégique, le pape aurait dû faire l’économie d’une déclaration impopulaire par essence, par anticipation et par destination. En définitive, ce qui serait reproché à Benoît XVI, c’est un manque de stratégie. Là, on peut en convenir, pour un pape si intellectuel et en raison peut-être de ce qu’il conviendrait d’appeler ses "déformations professionnelles" de défenseur rigoureux de la foi, l’ancien cardinal Ratzinger sera loin d’être le pape le plus diplomate de l’histoire de l’Eglise. Et l’Eglise n’est pas moins fière de lui pour autant.

Voici le contexte et l’ambiance dans lesquels se déroule l’affaire des prêtres pédophiles : un pape sous surveillance, cible permanente de tous ceux qui en veulent à l’Eglise et à ses démembrements, une foule de contestataires traditionnels, un gratin de réformateurs et de néo-réformateurs décidés à faire bouger l’Eglise dans leur sens, un lot d’intellectuels revanchards de leurs insuccès devant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, une presse à sensation toujours apte à ventiler la moindre difficulté éprouvée par un membre quelconque de la hiérarchie de l’Eglise, bref, un cocktail explosif pour une Eglise qui ne mendie ni l’amour ni l’accord de personne avec ses vérités mais surtout décidée à poursuivre sa mission évangélisatrice en dépit des embûches et des difficultés de son temps. En tout cas, si d’aventure, l’acharnement médiatique dans cette affaire des prêtres pédophiles est ordonné à des fins d’affaiblissement de la hiérarchie de l’Eglise, il est voué à l’échec ; si par delà toute cette affaire, c’est le sacré célibat sacerdotal institué officiellement depuis les 11e et 12e siècles de notre ère que l’on veut mettre à mal et ainsi le saboter, il est sûr qu’un tel aboutissement est aléatoire et surtout, la méthode empruntée est très infructueuse.

II – De la vanité du harcèlement orchestré en direction de la haute hiérarchie de l’Eglise

Dans la journée de Pâques 2010, la chaîne de télévision française "France 24" qui n’en était pas à son coup d’essai, posait la question à ses téléspectateurs sur l’éventualité d’une destitution du pape dans cette affaire de pédophilie. Cette initiative a dû choquer les fidèles catholiques car ce média qui ne doit pas manquer de spécialistes en Droit canonique, a semblé poursuivre auprès de ses téléspectateurs un autre objectif qu’un sondage à but utilitaire. Toujours est-il que sur le plan du droit tout comme celui de la morale, au regard des lectures et de tout ce qu’on a pu raconter dans ces affaires de pédophilie, il semble bien que très peu de choses soient reprochables directement au pape. En effet, dans ces affaires, nous nous situons essentiellement sur deux terrains fondamentaux : celui du droit pénal et celui de la morale.

Sur le terrain du Droit pénal

Substantiellement, les grands principes du droit pénal prescrivent d’une part, que la responsabilité pénale est individuelle, c’est-à-dire, que nul n’est pénalement responsable que pour les actes qu’il a personnellement commis, d’autre part, qu’un acte n’est pénalement répréhensible que s’il a au préalable été prévu par la loi (on parle de la légalité de l’infraction pénale) et enfin, qu’une peine n’est encourue en droit pénal que si elle a été au préalable prévue par la loi (on parle de la légalité de la peine). On regroupe ces deux derniers principes dans une phrase latine célèbre "Nullum crimen, nulla pœna sine lège". Dans l’affaire des prêtres pédophiles, il va sans dire qu’en fonction du principe de l’individualité de la responsabilité pénale, ce sont bien les auteurs des actes de pédophilie qui encourent la responsabilité pénale liée à leurs actes.

Dans le cas du prêtre américain, Lawrence C. Murphy, qui est le cas par excellence où l’on tente d’avoir la tête du pape, tout comme dans celui du père Stephen Kiesle ou encore les cas des prêtres ou des évêques irlandais, si les actes de pédophilie qui leur sont reprochés, sont prouvés comme ça semble l’être, c’est individuellement que les auteurs de ces actes pédophiles doivent répondre. Les voies de droit ne manquent pas. En effet, d’une part, le parquet, sur plainte des victimes ou sur initiative propre au nom de l’intérêt général de la société et dans le but d’y décourager de tels comportements, à la possibilité d’initier une action pénale pour pédophilie à l’encontre de ces personnes consacrées indélicates. D’autre part, les victimes disposent à leur tour d’une action en réparation des préjudices subis. Cette action de recherche de responsabilité au plan civil peut être initiée séparément ou greffée à l’action pénale du parquet. Puisque le code pénal réglemente la pédophilie en spécifiant ses éléments constitutifs et les peines encourues, ces deux actions sont efficaces et ont des chances d’aboutir aussi bien à la condamnation des pédophiles en peines infamantes et/ou privatives de liberté qu’au dédommagement des victimes.

Mais puisque malgré ces possibilités de sanction des acteurs directs, l’acharnement médiatique est orienté vers la personne même du pape, il n’est pas inutile de se demander si ce n’est pas une responsabilité pénale de Benoît XVI qui est recherchée. Sur la base des éléments qui ont été relayés dans la presse, les chances d’inculpation du pape sont minimes sur le plan pénal en raison du principe de l’individualité de l’incrimination pénale comme vu plus haut. Les médias se risqueraient à rechercher la tête du pape en invoquant la complicité que là aussi leurs chances seraient tout autant vaines. En effet, la plupart des médias impliqués dans cette cabale ne situent le silence du pape qu’au moment où les faits répréhensibles ont déjà cessé.

Dans le cas du père Murphy, il était déjà sous la juridiction d’un tribunal ecclésiastique lorsque, semble-t-il, il a appelé au secours le Cardinal Ratzinger. Pour le père Kiesle, c’est après avoir découvert les faits répréhensibles que sa hiérarchie se serait adressé au Cardinal Ratzinger pour proposer sa révocation. Il semble donc très improbable de réclamer la tête du pape sur la base de la complicité. Il faut toutefois rester vigilant car certains médias semblent s’être réservé le droit de poursuivre leurs allégations en notant subtilement que les prêtres indélicats n’avaient pas été éloignés du monde des enfants pendant le silence du pape. Certains avocats des victimes ou ces mêmes médias ou tout simplement les adversaires de toujours de Benoît XVI peuvent bien y revenir pour tenter de rechercher une responsabilité pénale du pape cette fois-ci pour complicité en essayant de montrer qu’il y a eu des sévisses postérieurs au silence du pape.

Dans ce cas, ils recourraient sans doute à la notion de "complicité par omission" en démontrant que le pape a omis de dénoncer ou de sanctionner les pédophiles responsables, et ce faisant, leur a donné les moyens de continuer leurs sévices. Cette infraction est controversée en droit pénal. Elle a déjà été invoquée dans l’Affaire Clearstream par le parquet de Paris et ridiculisée par l’avocat de Dominique de Villepin, Maître Olivier Metzner, en ces termes : "Jamais personne en France n’a été condamné pour avoir omis de faire quelque chose. On imagine : "j’ai été condamné pour n’avoir rien fait"". La jurisprudence française avait pourtant arrêté depuis longtemps que "ne peut être déclaré coupable de complicité celui qui a facilité un crime ou un délit, non par un fait positif, mais par une simple inaction ou abstention" .

Cette jurisprudence a connu un assouplissement en 1971 lorsque la Cour de cassation affirmait que "si la complicité par aide ou assistance ne peut s’induire d’une simple inaction ou abstention, elle se trouve caractérisée, en revanche, par la promesse d’un prévenu de ne pas s’opposer, comme il l’aurait dû, du fait de ses fonctions, au délit projeté, procurant ainsi aux auteurs de ceux-ci l’assurance de pouvoir les commettre sans être inquiétés" . Une décision récente a reconnu que le commissaire aux comptes qui ne relève pas la fictivité de comptes "qui ne pouvaient pas échapper à un professionnel", facilite ainsi la réitération des faits délictueux et se rend coupable de complicité"6.

Dans le cas des prêtres pédophiles, du moins dans les plus illustres et les plus éventés, le silence du pape n’a pas mis fin à la juridiction du tribunal ecclésiastique dans l’affaire du père Murphy ni annulé la révocation déjà prononcée du père Kiesle. En outre, aucun abus pédocriminel postérieur de ces derniers n’a été signalé.

Encore que ce qu’on qualifie de "silence" du pape est contestable puisque de l’avis même des adversaires de Benoît XVI, ce dernier a bien adressé aux évêques du monde entier le 18 mai 2001 une lettre solennelle sur les pénibles manquements ("Epistula de delictis gravioribus") des prêtres dans laquelle les abus sexuels de ces derniers sont qualifiés "comme offense relevant d’une punition ecclésiastique"7. En d’autres termes, la porte de l’Eglise n’est pas ouverte aux pédophiles puisqu’ils sont susceptibles d’être sanctionnés par des tribunaux ecclésiastiques. La vanité de l’acharnement médiatique tient donc au fait que rien n’est vraiment reprochable au pape dans cette affaire mais aussi, il est à noter que le Vatican a les moyens légaux et intellectuels nécessaires à la défense de la vérité. Il reste néanmoins un terrain à explorer qui est sans doute celui sur lequel la presse internationale essaie d’atteindre son objectif : le terrain moral.

De l’appréciation morale de l’affaire

La question qui pourrait se poser ici est de savoir d’un point de vue moral, si garder le silence (sous réserve qu’il soit prouvé qu’en l’occurrence, Benoît XVI a vraiment gardé le silence) suite aux aveux de fautes d’un collaborateur, est constitutif d’un manquement aux règles d’une société civilisée. Autrement dit, existe-t-il une obligation morale de révéler aux tiers les aveux de faute d’un collaborateur ?
- Si nous répondons par "oui", où pourrait-on trouver la formulation d’une telle obligation ? Dans la conscience ? Dans un code moral tacite ou express qui se trouverait dans un lieu donné ou aux mains d’un groupe social donné, une religion, les religions, un groupe de sages ? etc. ?

S’il s’agit de la conscience, il faut noter sa relativité car elle est sélective. Elle dépend de la sensibilité de la personne. La conscience peut susciter la réaction de donner à manger à un pauvre agonisant d’une faim atroce, mais soulager la même personne de ne point offrir un seul verre d’eau à un riche naguère arrogant et extravagant dans l’opulence et qui maintenant sombrerait dans les bas-fonds de la misère. La conscience peut tirer des larmes de compassion pour une souffrance physique ou matérielle d’un proche mais permettre une tranquille indifférence face aux souffrances atroces d’un ex-bourreau. A ce stade, il peut être utile de se demander s’il existe une conscience objective, c’est-à-dire, une conscience qui serait à l’abri des contingences et des pressions de l’entourage et du quotidien de la personne humaine. Si une telle conscience existait, elle devrait être parfaite. Alors, on en viendrait à se demander si la perfection est de ce monde ?

En d’autres termes, une personne humaine peut-elle être dépositaire d’une conscience parfaite, c’est-à-dire, une conscience à la fois vive, réactive, irréprochable, immaculée (au sens étymologique du terme), etc ? Quant au code moral tacite ou express, il pourrait s’assimiler aux Saintes Ecritures, aux dogmes religieux, aux vérités de la foi, etc. Dans ce cas aussi, la question serait de savoir si l’un quelconque de ces éléments prescrit une obligation ou incite à révéler des aveux d’un proche au risque d’être répréhensible au regard de cet élément. Puisqu’il s’agit d’un pape sur lequel on tente de mettre une responsabilité pour non- révélation d’un aveu d’un prêtre pédophile ou pour silence coupable, les éléments à prospecter seraient probablement des éléments de la foi catholique comme la Bible, les dogmes de la religion catholique, la morale sociale de l’Eglise, les encycliques éventuellement, … mais la plus importante de ces sources est sans nul doute l’Evangile.

Et là, on peut se rendre compte que lorsque l’on amena à Jésus la prostituée surprise en flagrant délit, le rôle de celui-ci n’a pas été d’alerter les représentants de l’autorité publique ou les chargés de justice afin de dénoncer la pécheresse qui, sans doute, méritait bien une sanction. Mais, il se préoccupa de faire à la pécheresse, l’effort du repentir : "Va et désormais, ne pêche plus" (Evangile selon St Jean, chap. 8, verset 11). En plus, le manquement à une obligation de dénoncer une pécheresse ne figurait pas dans les chefs d’inculpation de Jésus, ni devant Caïphe ni devant Pilate. Quant à la rencontre entre Jésus et Zachée le pécheur, elle n’a pas été suivie de dénonciation alors que cet homme avait beaucoup abusé de ses contemporains en leur faisant payer des impôts indus. Jésus lui a plutôt accordé son pardon et est allé manger chez lui.

A travers ces exemples, Jésus donne à ses fidèles une leçon majeure : pardonner même aux grands pécheurs. Ces illustrations ne sont peut-être pas parfaites mais elles permettent de se rendre compte que dans les principes de la morale catholique, la dénonciation d’un aveu reçu ne semble pas être une obligation dont le non-respect soit constitutif de péché. On peut s’en rendre compte en visitant les 10 commandements du livre de l’exode dont aucun ne dénonce la non-dénonciation de secret reçu.
- Si par contre nous répondons "non" à la question de savoir s’il existe une obligation morale de révéler aux tiers les aveux de faute d’un collaborateur, cela voudrait dire que la révélation d’un aveu ne serait pas une obligation mais une faculté. Dans ce cas, la condamnation d’une personne qui renoncerait à révéler un aveu de faute d’une connaissance serait relative.

Ce serait en fonction des bords dont on se réclame qu’on pourrait soit dénoncer, soit approuver un silence gardé après réception d’un aveu de faute d’une personne donnée. Ce qui est étonnant dans l’affaire du prêtre pédophile Lawrence C. Murphy, c’est que, depuis le New York Times jusqu’aux derniers organes relayeurs de l’affaire, aucun média ne qualifie la teneur de la lettre qu’aurait adressée le prêtre indélicat au Cardinal Ratzinger. Ils se sont contentés de révéler qu’il aurait écrit ceci : "Je veux simplement vivre le temps qui me reste dans la dignité de mon sacerdoce" et "Je demande votre aide dans cette affaire". Le jugement à se faire sur cette affaire peut varier énormément en fonction de la nature de la lettre. Si cette lettre a été adressée au Cardinal Ratzinger sous la forme d’une confession d’un prêtre en plein remord pendant son jugement devant un tribunal ecclésiastique, le Cardinal ne serait-il pas tenu par le secret de la confession ?

A tout le moins, s’il ne s’agissait pas d’une lettre à valeur de confession, pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, le Cardinal ne serait répréhensible que si sur une base claire, on établissait une obligation qui était sienne de dénoncer les aveux d’un collaborateur indélicat et que son silence serait venu violer. En outre, de la perspective de transférer cette responsabilité recherchée sur la tête du pape à l’ensemble de l’institution ecclésiale, il y a un pas audacieux, une tentative osée, un risque énorme que les médias ont pris. Tous les articles auxquels nous avons pu avoir accès, banalisent l’information selon laquelle c’est pendant que le père Laurence C. Murphy était devant un tribunal ecclésiastique qu’il a initié sa correspondance au cardinal Ratzinger. Cela veut dire que l’Eglise n’est pas restée passive comme on semble vouloir en convaincre tout le monde. L’affaire était en jugement devant un tribunal de l’Eglise, ce qui révèle une désapprobation de l’Eglise vis-à-vis des comportements de ce prêtre.

Enfin, aucun média n’a établi que le Cardinal Ratzinger a intimé l’ordre au tribunal ecclésiastique d’arrêter le procès du père Laurence C. Murphy, la cabale médiatique écrit seulement que "aucune réponse de Joseph Ratzinger ne figure dans les documents " . En somme, à moins que de nouvelles révélations ne viennent nous situer là-dessus, jusqu’ici, la campagne médiatique a pour objectif de réclamer la tête d’un homme qui a eu le tord d’être le destinataire d’une lettre d’aveu de culpabilité et de demande d’aide à laquelle on croit qu’il n’a certainement pas répondu puisqu’"aucune réponse de Joseph Ratzinger ne figure dans les documents". Les médias ne savent toujours donc pas si le Cardinal Ratzinger a répondu ou pas, ils concluent qu’il ne l’a certainement pas fait et que, donc, il a tort.

III – De la vanité du sabotage du sacré célibat sacerdotal

Le célibat sacerdotal est quelque chose de sacré et de très important pour l’Eglise. Il fait l’objet de débats actuellement parce qu’il existe un courant très important de personnes opposées à son maintien y compris dans le monde ecclésiastique. Selon ses défenseurs, à l’instar du jeûne où le fidèle croyant renonce à tous les avantages de la bonne et nécessaire alimentation en vue d’obtenir les grâces de son créateur, le célibat est source d’abondantes grâces pour les prêtres, les fidèles, bref pour toute l’Eglise. Il est évident que ce renoncement a l’avantage de permettre aux prêtres de se consacrer exclusivement et en toute disponibilité à sa mission et cela "à cause du Royaume des Cieux" . Bien sûr, on ne fera pas abstraction de l’avantage considérable qu’a l’Eglise de ne pas devoir arbitrer les débats ou litiges liés à l’héritage des éventuels descendants de prêtres quant au sort de certains biens ecclésiastiques. Toutefois, il reste clair que le débat est équilibré et normal tant il existe des raisons très valables au crédit de ceux qui réclament l’abandon du célibat clérical. La première de ces raisons est sans doute l’absence de fondement dogmatique. Cependant, pour les tenants de cet abandon, la sélection des raisons sera le principal avantage.

A l’occasion de l’affaire des prêtres pédophiles, aussi bien certains réformateurs, certains anticléricaux ou autres ennemis de l’Eglise ont cru bon de créer un lien entre célibat et pédophilie et, partant, de réclamer l’abandon du célibat clérical. Est de la première catégorie le théologien Hans Küng pour qui la règle du célibat est "la cause essentielle et structurelle" des abus pédophiles . Et puisqu’il réputé ce même célibat comme "la cause principale du déficit catastrophique des prêtres, de l’abandon – lourd de conséquences – de la pratique de la communion et dans bien des cas de l’effondrement de l’assistance spirituelle personnalisée" , il appelle la hiérarchie de l’Eglise à son abrogation puisque par ailleurs, selon lui, c’est "le célibat érigé en règle qui contredit l’Evangile et la tradition du catholicisme primitif" . Ce raisonnement de Hans Küng aurait pu prospérer si le phénomène de la pédophilie était massif dans le clergé de l’Eglise Catholique.

Or, une étude pertinente menée et publiée en 2004 par la John Jay Collège of Criminal Justice de New York qui examine toutes les plaintes pour abus sexuel déposées contre le clergé américain entre 1950 et 2002 "montre qu’environ 4,5 % de tous les prêtres américains (environ 100 000 hommes sont en activité sur cette période) ont été accusés d’au moins un acte sexuel répréhensible perpétré contre un mineur (en dessous de 18 ans)" . Philip Jenkins qui est spécialiste de l’histoire des religions et auteur de "Pedophiles and Priests. Anatomy of a Contemporary Crisis (Oxford University Press, 2001)" et professeur à l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis) note que le chiffre de ce rapport surestime probablement la réalité. Il en veut pour preuve que "même si certains cas n’ont jamais été portés à la connaissance des autorités judiciaires, ce total englobe un grand nombre de cas basés sur des accusations faibles. Pour une grande partie de ceux-ci, les charges ont été abandonnées. En outre, sur les 4 392 prêtres accusés, près de 56 % ne l’ont été que pour un seul acte" . Le spécialiste note qu’en fait "un groupe réduit de 149 prêtres rassemble à lui seul un quart des accusations sur un demi-siècle" .

Pour sa part et concernant le cas spécifique de la France, le père Stéphane Joulain qui est thérapeute familial et psychologue note que "sur 30 000 prêtres, seuls 32 ont été incarcérés sur une centaine qui ont été mis en accusation (…) on est donc dans l’ordre du 0,03%" . Pour le père Joulain qui repond à Hans Küng dans une tribune au même journal français Le Monde, "Si Hans Küng se renseignait, il apprendrait que 96 % des affaires d’abus sexuels et de maltraitance sur mineurs sont des affaires qui ont eu lieu dans le cercle familial de l’enfant. En poussant un peu le raisonnement de M. Küng, pourquoi ne pas interdire la vie de famille, puisqu’elle est après tout le lieu le plus dangereux pour les enfants" . En clair, pour le père Joulain, "supprimer ou pas le célibat consacré ne fera pas disparaître les pédophiles de l’Eglise catholique, ce qui le fera, c’est une amélioration des conditions de discernement d’accès aux ministères"17. Voilà qui est clairement dit et rigoureusement éprouvé, cette affaire ne sera pas l’occasion de mettre en cause le sacré célibat clérical. Le phénomène de la pédophilie qui est une infraction pénale et une triste pathologie ne touche qu’une minorité de prêtres de l’Eglise catholique.

Pour une question de dignité et de vérité d’ailleurs, il n’est pas pertinent que l’Eglise décide de revenir sur le principe du célibat en arguant que c’est parce que ses prêtres n’arrivent pas à s’y conformer ou que quelques uns sont pédophiles. Autrement, il faudrait revoir le principe du mensonge qui ne devrait plus être un péché parce que presque tous les chrétiens y succombent régulièrement ; faudrait-il légaliser la fornication et l’utilisation du préservatif parce que beaucoup de jeunes chrétiens forniquent ou utilisent les préservatifs, etc ? Non, on ne jeûne pas parce que c’est facile de le faire, on jeûne parce qu’on veut consentir un sacrifice pour le Seigneur. Le jeûne est très difficile, et c’est l’effort que fournit le fidèle qui lui vaut les grâces de son Seigneur. On pourrait utilement se référer à l’autocastration d’Origène qui lui valut malgré son dévouement intellectuel et spirituel de père de l’Eglise de ne jamais être proclamé saint de l’Eglise catholique. La vocation du fidèle, c’est de vaincre la tentation au prix d’un sacrifice qui plait à Dieu.

Il est encore utile d’affirmer que dans l’Eglise catholique, le célibat n’est pas imposé aux prêtres. On retrouve dans les Eglises d’Orient aussi bien des prêtres mariés que des prêtres vivant selon la règle du célibat sacré. Dans l’Eglise Catholique de rite latin, toute personne qui se sent une vocation sacerdotale est régulièrement informée dès le début de sa vocation et tout au long de sa formation qui peut durer une quinzaine d’années du célibat consacré qui est une règle fondamentale du ministère qu’il a choisi. On ne peut parler de contraintes ni d’esclavage comme les anticléricaux ou les personnes peu avisées veulent bien le faire croire. C’est en toute liberté que la personne intéressée adhère au ministère du sacerdoce en s’engageant à vivre conformément au célibat prescrit. On peut bien sûr accepter qu’il est contraignant de vivre cette exigence. Mais comme le dit si bien Jean-Jacques Rousseau, "l’obéissance à la loi qu’on s’est fixée est liberté".

Il n’est pas de liberté plus pure que de vivre une exigence qu’on a librement choisie. C’est du reste dans ce sens que Jean-Louis Barrault affirmait que « la liberté, c’est la faculté de choisir ses contraintes ». Enfin, si cela est nécessaire, on peut reprendre la célèbre pensée du pape Benoit XVI pour qui « la vraie liberté se réalise en se mettant au service des autres ». En tout état de cause, maintenant qu’il est évident que le célibat sacerdotal est un engagement responsable du prêtre qui offre sa disponibilité à son Seigneur, s’il doit être abandonné, ce sera au prix de discussions et de réflexions sincères et responsables entre les fils de l’Eglise et non sous la pression provocatrice et humiliante de quelques donneurs de leçons que ce soit, surtout pas ceux en mal de sensation ou d’expérimentation ou encore les pseudo réformateurs.

Des perspectives

La campagne médiatique papophobe ou anti-pape, dans l’affaire des prêtres pédophiles, va assurément accoucher d’une souris. Elle ne fragilisera pas la hiérarchie de l’Eglise pas plus qu’elle n’ébranlera l’Eglise car son fondateur lui-même a donné la garantie que "les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle" (Evangile selon St Mathieu, chap. 16, versets 18-19). Le célibat sacerdotal non plus ne sera pas remis en cause par cet acharnement car il n’est pas de coutume que l’Eglise reçoive ses leçons de l’extérieur. C’est dans l’humilité, l’abandon à la volonté de son fondateur et la prière que l’Eglise affronte ses difficultés et recherche ses solutions. C’est fort de cela qu’elle est plurimillénaire. Toutefois, cette crise de la pédophilie est une expérience importante pour le clergé qui doit se rappeler à son devoir de modèle et de guide de la famille ecclésiale.

En cette année du sacerdoce, le Vatican l’a déjà compris et dans son discours de conclusion de l’année sacerdotale le 12 avril 2010, le cardinal Claudio Hummes, Préfet de la Congrégation pour le Clergé a, avec pertinence, rigueur et dignité, dit qu’"il est vrai que quelques prêtres, cependant proportionnellement très peu, ont commis d’horribles et très graves délits d’abus sexuels sur des mineurs, des faits que nous devons rejeter et condamner de manière absolue et intransigeante. Ils doivent en répondre devant Dieu et devant les tribunaux, même civils. Nous prions aussi pour qu’ils parviennent à la conversion spirituelle et au pardon de Dieu. Pour sa part, l’Église est décidée à ne pas cacher ni minimiser de tels crimes. Mais surtout nous sommes du côté des victimes et nous voulons les soutenir dans leur reconstruction et leurs droits bafoués" .

A côté des efforts de la haute hiérarchie de l’Eglise, un devoir d’exemplarité et d’humilité incombe à tout représentant de l’Eglise à quelque titre que ce soit car il est certain que l’Eglise continuera d’être dans la visière de ceux qui vont finir par la rater cette fois-ci encore. Mais le cas du prêtre est celui qui me préoccupe en tant que fidèle croyant. Certains anticléricaux et franc-maçons ont prédit qu’ils n’arriveront à terrasser l’Eglise que lorsqu’ils auront fait tomber le prêtre. Or dans les fréquentations de la vie quotidienne, certains prêtres ne semblent pas l’avoir encore compris, s’adonnant à toutes les commodités de la vie, se mondanisant au détriment de la prière, se refusant à exprimer et à vivre la fierté de leur statut, manquant souvent de considération à l’égard de leurs fidèles qui auraient pu encore être un soutien pour leur relèvement et enfin et surtout, encourageant le recul du sacré dans la sainte liturgie.

Il me semble bien qu’en plus de la prière que les fidèles devraient être invités à intensifier pour leurs prêtres et leurs religieux et religieuses, un sérieux réaménagement doit, de façon indispensable, être opéré dans la sélection et la formation des prêtres de l’Eglise catholique. Pour ce dernier aspect, il me semble impérieux d’introduire dans les programmes de formation dans les grands séminaires des enseignements profanes comme quelques sciences biologiques, juridiques et politiques, les relations humaines, le management des ressources humaines, la dynamique de groupe, … bref tout ce qu’il faut pour permettre au prêtre d’assumer un leadership bénéfique et exemplaire dans sa société d’existence. La cabale médiatique échouera assurément. A mon tour, je veux rassurer la presse. Je n’ai rien contre elle.

D’ailleurs, elle recueillerait tout mon soutien si elle s’était plutôt intéressée à montrer, même avec virulence, comment, dans sa liturgie d’aujourd’hui, à travers certaines homélies comiques et ridiculement vides, des danses mondaines et inappropriées généralement en guise d’action de grâce, des chansons théologiquement contestables et incongrues, des habillements indécents, des attitudes désinvoltes et des bavardages irrévérencieux de certains de ses fidèles à l’intérieur des chapelles, l’Eglise d’Afrique, peut-être sans le savoir, s’éloigne jour après jour du sacré et de la méditation chers pourtant à son fondateur, Jésus-Christ. Oui, presse nationale ou internationale, aide l’Eglise à suivre les pas du Christ mais abstiens-toi de lui jeter des peaux de bananes car jamais Elle ne tombera.

Osée Gaétan Possy-Berry QUENUM Fidèle catholique Ancien séminariste e-mail : qosee@yahoo.fr

Le Pays

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Air Burkina : Le Bombardier pour aller plus vite

Air Burkina continue de déployer ses ailes dans le ciel africain. C’est ainsi que depuis le vendredi 21 mai dernier, la flotte de la compagnie s’est agrandie avec l’arrivée d’un nouvel appareil. Il s’agit d’un CRJ200 de 50 places, de l’avionneur canadien Bombardier. Ce bijou de l’air devrait permettre à Air Burkina, de multiplier ses fréquences régionales, d’accroître les possibilités de connexion entre les vols de la compagnie, faisant de Ouagadougou son hub.

Petit mais robuste et mignon. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier le nouvel appareil de Air Burkina, au centre de tous les regards ce vendredi 21 avril 2010 à l’aéroport international de Ouagadougou. C’est un CRJ200 de fabrication canadienne, minutieusement choisi par le staff de la compagnie pour combler un besoin : celui d’un avion moyen courrier capable de desservir les capitales de la sous région. « Une compagnie aérienne ne doit jamais se tromper dans l’acquisition de ses appareils. Nous évaluons les distances et nous achetons nos avions en fonction de ces distances. Nous avions besoin d’un moyen courrier avec une capacité raisonnable, qui peut se rendre dans les villes de la sous région sans difficultés », argumente Mamady Sanoh, le président du conseil d’administration de la compagnie.

C’est surtout à cause de ses qualités intrinsèques qu’Air Burkina a jeté son dévolu sur cet appareil de 50 places dont le rayon d’action est de 3 000 kilomètres, et la vitesse de croisière de 785 km/h. C’est un aéronef de la gamme des avions commerciaux fabriqués par Bombardier, l’avionneur canadien. Conçu pour procurer des gains d’efficacité opérationnelle aux transporteurs régionaux, il est réputé comme étant un avion silencieux et respectueux de l’environnement.

Le directeur commercial de la compagnie, Ali Diallo, retient surtout qu’il est « moins gourmand en carburant, plus souple et flexible en terme d’utilisation. Il nous permettra de multiplier les fréquences, car on pourra ouvrir de nouvelles routes en prenant moins de risques commerciaux. » Avec ce nouveau CRJ200, la compagnie pourra également faire des combinaisons entre les réseaux régionaux, longs courriers, et avoir des trafics de correspondances.

« L’avion vient combler un déficit. Conçu pour des dessertes de 1h à 1h30, il va permettre de développer le trafic et de rentabiliser nos lignes, sachant que le MD 87 avec une centaine de sièges est trop lourd en début et milieu de semaine où le trafic n’est pas trop important », renchérit Mohamed Ghelala, le directeur général de Air Burkina.

Avec le CRJ200, Air Burkina porte à cinq le nombre de ses appareils. Ce qui, légitimement, satisfait ses dirigeants. « A titre de comparaison je vous rappelle que Air Afrique du temps de sa splendeur possédait six avions. Nous, nous en avons cinq et nous pensons passer rapidement à six ou sept si tout va bien », assure Mamady Sanoh, non sans fierté.

Une telle flotte permet à la compagnie aérienne nationale de se positionner comme l’une des meilleures de la sous région, et de se sentir pousser des ailes. A ce sujet, Mamady Sanoh n’a aucun doute, lui qui se dit persuadé que Air Burkina est aujourd’hui la seule véritable compagnie sous régionale. « Nous desservons quasiment toutes les capitales ouest africaines, nous nous étendons sur l’Afrique centrale et nous avons des prévisions sur l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

Nous comptons bientôt nous rendre à Douala, N’djamena, Bangui, Monrovia… », explique –t-il. La compagnie aérienne compte également multiplier ses vols sur Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina, conformément au vœu du ministre des Transports, Gilbert Noel Ouédraogo, qui est allé contempler le nouvel avion dans la matinée du samedi 22 mai.

Desire T Sawadogo

Fasozine

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Forum Africallia 2010 : « Le salon a dépassé nos espérances »

Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Deux jours de rencontres. 2770 rendez-vous B to B (Business to Business) entre 376 hommes d’affaires représentant 250 entreprises de 20 pays. Ce sont là quelques chiffres parlants. Le premier forum Africallia a répondu à toutes ses attentes. La clôture est intervenue ce vendredi à l’hôtel Laïco dans une ambiance festive.

« Grâce à Africallia, Zoodo International a pu rencontrer de potentiels partenaires », se satisfait Ablassé Ouédraogo, l’ancien ministre des affaires étrangères du Burkina et administrateur de cette agence-conseil. « Après cette rencontre, c’est le suivi qui va être déterminant pour fructifier l’offre des rencontres. Donc, l’un dans l’autre, nous tirons une satisfaction parce qu’en tant que structure très jeune, ça nous permet de nous faire connaître et mettre en exécution nos objectifs », ajoute-t-il. Désormais cette jeune agence-conseil a les contacts qu’il faut. Que ce soit dans le cadre formel (les rendez-vous B to B programmés par Africallia) ou informel, « un contact vaut un autre, l’essentiel, c’est de savoir lui donner un contenu », précise Ablassé Ouédraogo. Cette agence ne pouvait être mieux servie que par Africallia. Désormais, elle dispose d’un réseau, d’un carnet d’adresses très fourni.

Comme cette structure, elles sont plusieurs autres participantes à ce premier forum d’Africallia à se tirer d’affaires. Les sentiments de satisfaction sont les choses les mieux partagés au soir de la clôture de ce rendez-vous. « Africallia, c’est la première expérience et elle vaut la peine d’être recommencée », ajoute-t-il. Pour faire des affaires, c’est le dialogue et Africallia est un lieu de dialogue.

Marie-France de Breton, vice-présidente du conseil canadien pour l’Afrique est du même avis. Nous sommes satisfaits de l’organisation tant du côté logistique que des rencontres. Sept entreprises canadiennes ont répondu à l’appel. Beaucoup de contacts ont été noués mais pas de contrats pour l’instant. D’ailleurs, les hommes d’affaires ne sont pas très bavards sur les contrats qu’ils obtiennent. « Ils ne venaient pas pour des contrats mais pour des contacts et à ce niveau, ils sont très satisfaits », précise-t-elle.

Comme par complicité, Fatou Thiam de la stratégie de la croissance accélérée de la primature du Sénégal embouche la même trompette. « L’organisation était impeccable, les rendez-vous bien pris. Il y a une synergie totale et tout est logique ». La ponctualité était de rigueur, les Burkinabè très accueillants. « Le salon a dépassé nos espérances tant dans le nombre de participants que dans la qualité et la diversité », soutient-elle. Seul bémol à souligner la restauration qui est à diversifier.

Abdou Mahama du Niger est le représentant d’un laboratoire d’analyse médical à Niamey. Il a pu nouer 16 contacts. Mais sa satisfaction est à relativiser. Il relève des problèmes de communication dus au fait qu’il ne s’exprime pas en Espagnol. En plus, « certaines grosses entreprises ne sont pas représentées, c’était essentiellement les petites et moyennes entreprises. J’ai demandé des fournisseurs de produits chimiques mais je n’ai vraiment pas rencontré », confie-t-il, quelque peu amer. « Mais les chambres commerce vont me mettre prochainement en contact avec ces fournisseurs », espère-t-il. Qu’à cela ne tienne l’organisation d’Africallia est un grand coup, reconnait-il.

Ce serait alors un pléonasme que de dire le bilan est positif. « Nous attendions 300 participants, nous en avons eu 376 représentant 250 entreprises de 20 pays. Au niveau des rendez-vous, nous avons obtenu 2770 rendez-vous d’affaires qui ont effectivement eu lieu et la plupart de ces rendez-vous se sont conclus par des projets, des contrats ou des liens de partenariat » annonce Gaspard Ouédraogo, le président du comité de pilotage de la rencontre, visiblement soulagé.

Sur le plan de la maîtrise de l’outil de gestion d’Africallia qui est un logiciel, les ressources humaines étaient à la hauteur et ont permis d’assurer de bout en bout une bonne gestion de l’évènement. Mais lorsqu’on demande à Gaspard Ouédraogo, sa plus grande satisfaction, il en cite plusieurs : la tenue effective du forum, la participation qui a été à la hauteur de nos attentes. Mieux, ceux qui sont venus en redemandent. D’ailleurs, « il faut s’atteler pour le prochain Africallia » dont la périodicité et le lieu de déroulement n’ont pas encore été déterminés. Pour le suivi, pas d’inquiétude à se faire. « L’ONUDI a mis à notre disposition un logiciel de gestion pour permettre de suivre tout le flux des relations qui se sont noués à l’occasion ce forum », rassure Gaspard Ouédraogo.

Beaucoup de contacts entre des entrepreneurs et des organismes de soutien et de financement internationaux ont pu être noués, il reste désormais le plus important à savoir la concrétisation par des contrats. Le forum a pris fin par un diner gala à l’hôtel Laïco de Ouaga 2000. Les hommes d’affaires se sont laissés emportés par le satisfecit. Quasiment, des plus jeunes aux moins jeunes, ont esquissé quelques pas de danses et se sont donné rendez-vous pour la prochaine édition d’Africallia.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Licenciées à cause de messages sur Facebook

Peut-on licencier un salarié pour des propos tenus sur Facebook ? La question fait débat. Même les prud’hommes français sont perplexes. Partagés sur le sujet, ils ont reporté ce jeudi leur décision, qui pourrait faire jurisprudence.

Tout est parti d’un échange de messages sur Facebook, où les salariées critiquaient leur hiérarchie. Une "amie" des employées, qui avait accès à la conversation, a réalisé une copie des messages puis les a donnés à l’employeur, qui les a licenciées.

Cette histoire soulève la question de la correspondance privée, et de la liberté d’expression : peut-on critiquer ses supérieurs ?

"La critique existe, mais dans la limite du devoir de loyauté", explique au Post.fr Me Mathieu Prud’homme, avocat au cabinet Alain Bensoussan, spécialisé dans les contentieux sur Internet. "Il y a des exceptions à la liberté d’expression, comme la diffamation, le dénigrement ou, dans le cas de salariés, l’insubordination."

Sur Le Post, Me Mathieu Prud’homme fait le point sur les limites de la liberté d’expression, à l’orale et sur le Net, et met en garde contre ce que chacun peut écrire sur Facebook.

Peut-on encore critiquer sa hiérarchie ?

"La critique existe, mais dans la limite du devoir de loyauté. La limite est dure à dessiner, comme le démontre cette affaire puisque les conseillers prud’hommaux n’ont pas pu se départager. C’est la même chose, que l’on s’exprime au cours d’une conversation orale ou sur Facebook : on reste responsable de ses propos."

Et dans un cadre privé ?

"Cette affaire questionne justement le principe de la correspondance privée. dont le secret est protégé par la loi. L’échange d’email, lui, est privé. Mais sur Facebook, les messages échangés entre ’amis’ qui sont postés sur les ’murs’ relèvent-ils de la correspondance privée ? La réponse est loin d’être évidente."

Si les messages des salariées étaient accessibles uniquement à leurs amis, il s’agissait de correspondance privée, non ?

"Ça se défend. Il y a à mon avis une distinction à faire entre ’’espace privé’ et ’’espace restreint’’. Mais ce n’est pas parce que vous êtes en dehors de l’entreprise que vous pouvez raconter n’importe quoi sur votre employeur. D’ailleurs, si vous critiquez de manière abusive votre employeur lors d’un dîner entre amis, vous pouvez avoir des soucis. Après, c’est une question de preuve. Sauf que sur Facebook, évidemment, on laisse des traces. De toutes façons, il faut faire attention à tout ce que vous écrivez sur Internet."

Finalement, ces licenciements vous paraîssent-ils justifiés ?

"La vraie question, c’est : est-ce que ce qui a été écrit sur Facebook est suffisant pour justifier une faute ? D’autre part, est-on dans la correspondance privée ? Cette histoire pose aussi la question de la difficulté qu’on peut avoir pour paramétrer son compte Facebook, au gré des modifications des règles de confidentialité imposées par ce service."

Comment expliquer que les prud’hommes n’aient pas réussi à trancher ?

"Parce que le conseil est composé de 4 conseillers, de manière paritaire. Deux ont tranché pour, les deux autres contre. C’est pour cela qu’une cinquième personne, un juge, va intervenir dans la procédure, pour départager."

Si les prud’hommes valident le licenciement, n’est-ce pas la porte ouverte à la délation ?

"Il faut que cela incite les employeurs, comme les représentants des salariés, à mettre en place une charte sur ce qu’on a le droit de faire, et ne pas faire. Ces chartes ne sont bien souvent plus à jour. Il faut y intégrer les réseaux sociaux, comme ça les règles du jeu sont claires."

Source : LePost.fr

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Jérémie Compaoré, Psychologue et assistant de recherche au CRIGEB  » : L’Eglise ne pourra jamais dire à un jeune d’utiliser un préservatif « 

Mme Cynthia Waszak, une spécialiste de la santé des adolescents a estimé que " les jeunes s’intéressent au sexe pour une raison biologique : c’est une question d’hormones. Les paroles et les images suggestives qu’ils entendent ou voient dans les chansons, la radio, dans la publicité, dans les films et à la télévision contribuent à piquer leur intérêt. Les jeunes parlent du sexe et ils se posent des questions. Il nous faut trouver des moyens de leur donner une information adaptée afin qu’ils puissent prendre des décisions plus judicieuses et plus éclairées quant à leur comportement sexuel ".

D’où le besoin d’une éducation sexuelle, notamment en Afrique où le sujet préoccupe bien de parents, et la société en général. La sexualité des jeunes gens est préoccupante surtout que contrairement à d’autres contrées, notre pays n’a pas en tant que tel une disposition programmatique qui permet d’accompagner efficacement les adolescents. Nous avons rencontré une personne ressource pour échanger autour de l’éducation sexuelle des ado. Jérémie Compaoré Psychologue et assistant de recherche au Centre de recherche et d’intervention en genre et développement (CRIGEB). Il est également une personne ressource du Comité catholique de lutte contre le Sida.

On dit de la jeunesse actuelle qu’elle a une vie sexuelle désordonnée et précoce. Votre commentaire sur ce constat !

C’est une vérité indéniable. Les jeunes aujourd’hui ne mènent plus une vie de sexualité comme leurs parents ou grands parents. La situation de la vie sexuelle actuelle des jeunes fait référence à des valeurs religieuses et morales.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer une telle réalité ?

Ce que la société propose aux jeunes comme valeurs oriente leur vie, notamment sexuelle.

Qu’est-ce que selon vous, la société propose aux jeunes et qui rendrait leur vie sexuelle précoce et désordonnée.

Nous sommes dans un monde dominé par les nouvelles techniques de l’information et de la communication. On peut dire que quelque part, la médiacratie, élément caractéristique de cette nouvelle société, apprend aux jeunes à utiliser d’une certaine manière leur sexe, à utiliser des artifices pour mener leur vie sexuelle. Il y a par exemple les filmes pornographiques, ou certains télénovélas qui influencent beaucoup sexuellement les jeunes. Avec les téléphones portables ou l’Internet, ils s’envoient des scènes de relations sexuelles, des images peu recommandables.

L’une des raisons pour expliquer l’état actuel de la vie sexuelle des jeunes serait l’absence d’une éducation sexuelle. Que peut-on entendre par éducation sexuelle ?

L’éducation sexuelle consiste à informer les jeunes sur la sexualité et à leur transmettre un certain nombre de valeurs et de recommandations. Elle peut également avoir pour objet l’expression et la discussion autour des sentiments amoureux, des pratiques sexuelles et du respect mutuel. La sexualité est l’ensemble des phénomènes sexuels ou liés au sexe, l’ensemble des modalités de la satisfaction sexuelle. Toutes les relations d’un être humain avec lui-même, avec les autres et avec la société sont influencées par le vécu de sa sexualité. La sexualité est une composante essentielle de l’épanouissement personnel. Elle existe dès la naissance et active des prototypes sensori-moteurs, elle accompagne l’enfant au cours de sa maturation, elle est le fondement de la personnalité, elle préside aux transformations de l’adolescence, elle est le ferment de l’union et le garant de la pérennité du couple.

Quelles sont les parties prenantes dans l’éducation sexuelle des ado ?

Au niveau familial, il y a les parents notamment, père, mère, frère, sœur, tuteur, tutrice, oncle, tante, cousin, cousine etc. L’apprentissage de la sexualité a longtemps pu être débuté par l’observation des pratiques animales ou humaines. Ainsi, autrefois, dans le Japon traditionnel, les enfants couchaient dans le lit des parents jusqu’à l’âge de neuf ans. Cette première découverte pouvait être ou non complétée par des avis moraux ou pratiques. Au niveau scolaire, il y a l’Etat et les enseignants. L’éducation sexuelle scolaire vise à dédramatiser les angoisses des néophytes, ainsi qu’à avertir les jeunes des risques liés aux pratiques sexuelles et à les informer sur des pratiques sûres. Tous ceux qui interviennent dans le milieu ont donc leur responsabilité dans l’éducation sexuelle des jeunes. Au dernier niveau, la société d’une manière générale participe à l’éducation des jeunes.

Est-il important d’éduquer sexuellement une jeune fille ou un jeune homme ?

Oui. La manière d’aborder ou de vivre la sexualité influence l’avenir d’un individu. En exemple, les jeunes élèves qui rentrent dans la phase active de leur vie sexuelle peuvent connaître des difficultés de toutes sortes. L’entité de la personne est parcourue par ce qu’on appelle la libido qui est cette énergie sexuelle qui sert à l’être humain de s’investir et de grandir. Si au bas âge, les élèves au lieu d’utiliser cette énergie pour travailler et avoir des résultats, l’utilisent pour une certaine jouissance, il y a forcement des répercussions désastreuses sur leur scolarité. Dans le processus normal du développement de la personne, l’enfant ou le jeune a à chercher à s’intégrer dans la société sur tous les plans et cela demande de la concentration, de l’énergie. La vie sexuelle active, désordonnée et précoce constitue un gaspillage d’énergie et donc une occasion d’échec pour les jeunes.

Le constat est que le sujet de la sexualité est tabou en famille. Les enfants apprennent les choses de façon occasionnelle et mécanique. On a échoué peut-être au niveau familial et cela se répercute sur toute la chaîne ! Les parents qui doivent jouer leur rôle d’éducateurs en matière de sexualité de leurs enfants n’ont pas malheureusement les compétences y nécessaires. On ne donne que ce qu’on a. Le problème se pose à ce niveau. En réalité, il n’y a pas une stratégie d’éducation sexuelle des jeunes. Ou du moins, certaines manières d’éduquer les jeunes sont désormais inopérantes avec notre modernité.

Absence de stratégie d’éducation sexuelle des jeunes. Quels sont les risques pour notre société ?

Nous disions tantôt qu’un enfant qui est assis en classe et qui pense à quelque chose qui s’est passé la nuit, soit dans un maquis, soit chez un copain, est troublé. Un tel élève ne peut plus suivre correctement les cours. Sur le plan de la construction de la personnalité, il y a des risques de déviations. La société en général sera de plus en plus désorganisée car chacun, même l’enfant, ferait ce qui bon lui semble.

Que doit faire notre société face à l’éducation sexuelle des jeunes ?

Il est important que l’on y réfléchisse sérieusement. Pour cela, il faut que tous les acteurs interviennent. Les parents doivent disposer des connaissances sur l’éducation sexuelle de leurs enfants. On doit aussi revoir les circula de notre système scolaire en prenant par exemple en compte la sexualité, les valeurs morales, religieuses et civiques. Je crois que des choses se font déjà dans ce sens.

Les valeurs civiques et morales peuvent-elles changer la donne ?

C’est vrai que nous sommes tellement dépassés par ce qui se passe dans le monde qu’on se demande, si on peut encore sauver quelque chose sous l’angle moral et religieux. Mais c’est possible.

Selon une étude, plus de 90% des adolescents en Afrique ont une affiliation religieuse dont presque 70% pensent que la religion est très importante. Or, nous constatons que ces jeunes se comportent autrement par rapport aux prescriptions religieuses sur la sexualité. Il y a un manquement au plan religieux !

Les jeunes sont submergés par une quantité d’informations. Le tri de ces informations est un défi non encore relevé. Effectivement les jeunes vont à l’église, au temple, à la mosquée, mais sans porter une importance réelle quant aux implications liées à leurs pratiques religieuses. C’est du suivisme en quelque sorte. Il ne faut pas oublier aussi l’influence de la société sur les jeunes qui se perdent énormément dans leur quête de repères ou de valeurs de références.

Les religieux et les personnes morales ont donc failli à leur mission ! Je ne dis pas qu’ils ne font pas leur travail. Seulement, les causes et les conséquences sont inter indépendantes. La société est un système d’interactions qui s’influencent.

Vous êtes une personne ressource du Comité National Catholique de Lutte contre le Sida. Comment et dans quels cadres, les religieux abordent cette question avec leurs fidèles, notamment jeunes.

Les milieux religieux éduquent les jeunes. Et pour ce qui est de l’Eglise Catholique que je connais bien, on s’appuie généralement sur la Parole de Dieu et la tradition de l’Eglise. Il y a aussi la cellule familiale, la catéchèse, les retraites pour jeunes. Il y a des mouvements de jeunesse dans lesquels les adolescents se forment humainement.

Par exemple dans la tradition catholique, que dit-on aux jeunes par rapport à leur vie sexuelle ?

Les organes sexuels sont sacrés. On leur conseille l’abstinence jusqu’au mariage, d’avoir une conduite responsable et irréprochable.

L’Eglise ne doit-elle pas accepter l’utilisation des préservatifs par les jeunes dans le cadre de la lutte contre le sida ?

L’Eglise d’une manière générale est une entité qui contribue à la vie des hommes. Les responsabilités sont partagées. L’Etat s’occupe de la vie sociale, et l’Eglise du spirituel. L’Eglise a pour rôle de conduire les gens à Dieu. Dieu a sa voie. Dans les écritures, bien se conduire, conduit à Dieu. Vivre dans l’immoralité ou l’impureté, c’est aller à l’encontre de la volonté de Dieu. Vivre bien dans la vie des jeunes, c’est l’abstinence. Il n’y a pas un passage dans les Ecritures qui autorise des relations sexuelles hors mariage pour les jeunes. Donc, l’Eglise ne pourra jamais dire à un jeune d’utiliser un préservatif. Dire à une personne non mariée d’utiliser un préservatif c’est l’encourager dans des rapports sexuels hors mariage.

Peut-on comprendre la position de l’Eglise par rapport à l’utilisation du préservatif en contexte de sida ?

Laurent BADO avait fait remarquer qu’il y a la cité des hommes et la cité de Dieu. La première est constituée par nos Etats, autrement dit, nos sociétés regroupant un grand nombre d’individus qui, vivant sur un même territoire, unissent leurs efforts pour obtenir, sous une direction unique et avec des lois communes, une plus grande prospérité matérielle de tous leurs membres. La seconde est préparée ici-bas par les religions.

L’Etat et la religion ont donc affaire aux mêmes hommes : l’Etat est souverain dans l’ordre temporel et dans un ressort territorial donné ; la religion est souveraine dans l’ordre spirituel et sans ressort territorial donné. La frontière entre les deux a été tracée, en ce qui concerne la religion catholique : à l’Eglise, tout ce qui concerne la religion, le salut des âmes, le service de Dieu ; à l’Etat, tout ce qui constitue le domaine civil et politique. Mais ayant affaire aux mêmes hommes, l’Eglise et l’Etat doivent collaborer car, l’Etat sans les religions, c’est un corps sans âme et les religions sans l’Etat, c’est une âme sans corps. Pour cette collaboration utile et nécessaire, il faut distinguer la religion et l’Etat sans les séparer, les unir sans les confondre. Donc, les uns et les autres devraient comprendre la position de l’Eglise sur le préservatif.


Santé de la reproduction des adolescents au Burkina : résultats de l’Enquête Nationale sur les adolescents de 2004

45% des filles et 34% des garçons sondés, âgés entre 15 et 19 ans ont déjà eu des rapports sexuels. 38% des filles et 2% des garçons ont eu les relations sexuelles pour la première fois avec leur époux (se). 53% des filles ont eu leurs premières relations sexuelles avec un petit ami et 83% des garçons les ont eues avec une petite amie. 41% des filles mariées de 15 à 19 ont eu les relations sexuelles pour la première fois avec un homme âgé plus de 10 ans ou plus. 90% des filles et 64% des garçons disent que ni leur mère ni leur père n’a jamais parlé des questions liées à la sexualité.


Initiation sexuelle des jeunes en Afrique

Les proportions de filles de 15 à 19 ans qui déclarent avoir eu des rapports sexuels avant leur 15e anniversaire varient entre 3 % à peine au Zimbabwe et au Rwanda, 27 % en Guinée et 30 % au Niger (voir le tableau).

De très grandes proportions de garçons déclarent des rapports hétérosexuels avant l’âge de 15 ans dans certains pays (48 % au Gabon), par rapport à de très faibles dans d’autres (2 % en Mauritanie). Dans la plupart des pays de la région, une nette proportion de filles ayant déclaré avoir eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans n’étaient pas mariées au moment de leur initiation sexuelle. Par contre, pour les filles de 14 ans ou moins, les rapports sexuels sont liés à un mariage précoce arrangé dans les pays tels que le Niger, le Tchad, la Mauritanie et l’Éthiopie. Malgré le déclin des mariages précoces enregistré à l’échelle régionale, une fille sur six au moins se marie ou s’engage toujours dans une union consensuelle avant l’âge de 15 ans dans sept pays. Pratiquement toute l’activité sexuelle masculine, avant l’âge de 15 ans, est antérieure au mariage. En Afrique, les hommes ne se marient généralement pas avant l’âge de 25-30 ans, alors que leurs épouses sont beaucoup plus jeunes.

Dans tous les pays, moins de 7 % des filles ont des enfants avant l’âge de 15 ans. Les risques de complications et de mort liés à la grossesse sont cependant élevés car l’accès à des obstétriciens qualifiés et à l’avortement sans risques est limité.

L’initiation sexuelle précoce est souvent forcée, pour les filles comme pour les garçons. Dans certains pays, quelque 25 % des filles et des jeunes femmes déclarent avoir vécu leurs premiers rapports sexuels sous la contrainte, l’expérience étant associée à des épisodes ultérieurs de rapports forcés et non protégés, ainsi qu’à de plus hautes probabilités de grossesses non planifiées et d’IST, VIH/sida compris. Les garçons peuvent être coupables aussi bien que victimes de contraintes sexuelles, même pendant la jeune adolescence. Au Kenya, les garçons ayant vécu leurs premiers rapports sexuels sous la contrainte admettent plus volontiers avoir usé de persuasion ou de force dans leurs rapports ultérieurs.

Lors d’une enquête menée auprès d’élèves de l’enseignement primaire de 12 ans et plus à Mwanza (Tanzanie), 80 % des garçons et 68 % des filles se sont révélés « sexuellement expérimentés ». Bien que la moitié, environ, des garçons et des filles aient rapporté, comme premier acte sexuel, des rapports vaginaux, 40 % ont plutôt fait état de relations buccogénitales et 10 % de pénétration anale.

Source : International Women’s Health Coalition, octobre 2007, www.iwhc.org

Propos receuillis par Michel NANA.

Par Bendré

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